jeudi 21 juillet 2011

Tunisie, Egypte: la crainte d’une confiscation par l’armée

Six mois après les premières émeutes, la Tunisie et l’egypte sont toujours dans l’espectattive avec la crainte trés nette de voir l’armée confisquer la révolution.

Vent de liberté, fin des dictatures, un nouveau souffle… Les qualificatifs n’ont pas manqué en début d’année pour définir les révoltes qui ont frappé consécutivement la Tunisie puis l’Egypte. Les indétrônables Ben Ali (au pouvoir depuis 1987) et Moubarak (1981) n’ont rien pû faire devant la colère de la population si ce n’est utiliser l’armée pour tenter de les faire taire, armée qui s’est finalement retournée contre eux. Mais 6 mois après, on ne parle plus de la Tunisie et de l’Egypte. La Libye et la Syrie leur ont volé la vedette. Pourtant, la transition du pouvoir est compliquée et les fantômes de la contestation ressurgissent.

Tunisie: impatience et amertume
En Tunisie, les manifestations sont de retour dans les grandes villes du pays après quelques semaines d’accalmie. Le spectre de la violence est même revenu lorsqu’un garçon de 14 ans a été tué par balle à Sidi Bouzid après un rassemblement dispersé par la police. La mort de cet adolescent porte une charge symbolique d’autant plus forte que Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, a été la ville où « la révolution de jasmin » a éclaté. C’est là qu’un jeune vendeur de légumes s’était immolé par le feu en décembre dernier, provoquant un mois de révolte et 300 morts selon l’ONU.

Les manifestants en colère ont l’impression que rien n’a changé depuis 6 mois et la chute du président Ben Ali le 14 janvier. Les élections législatives devaient avoir lieu le 24 juillet. Elles ont finalement été reportées au 23 octobre.

Ben ali, l’ex-homme fort du pays depuis 1987 (5 élections présidentielles remportées avec des scores ridiculeusement élevés) a été condamné à l’issue de deux procès à 50 ans de prison (idem pour sa femme) mais par contumace. Depuis leur fuite en Arabie Saoudite, Ben Ali et son épouse sont sous le coup d’un mandat d’arrêt international. En revanche, 33 membres de sa famille ont été arrêtés.

Quant à la sécurité, elle n’est pas garantie. Depuis quelques temps, les islamistes gagnent du terrain. Au début du mois, un cinéma de Tunis a été attaqué alors qu’un film sur la laïcité était projeté. Deux jours plus tard, des salafistes ont également agressé des avocats devant le Palais de justice de la capitale. Le ministre de l’Intérieur a évoqué la présence de membres d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique à la frontière tuniso-algérienne. Des échanges de tirs ont causé la mort d’un colonel et d’un soldat tunisiens, le mois dernier.

Du coup, en pleine période de vacances, le gouvernement a ordonné une série de mesures pour protéger les sites touristiques: postes de police sur toute la côte et dans les grandes villes, numéros d’urgence activés et itinéraires spéciaux créés pour éviter les zones à risques. Les autorités doivent également gérer l’afflux de migrants libyens qui viennent se réfugier depuis plusieurs mois.

Enfin, la Tunisie a également du mal à retrouver une dynamisme touristique: 40% de visiteurs en moins et 3000 emplois détruits depuis le début de l’année. La saison estivale devrait suivre la même tendance. ...

Christophe Dard

21 juillet 2011
 
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