vendredi 22 juillet 2011

Un dégazage massif à l’origine de l’extinction du Trias ?

La libération massive de carbone suivie d’un changement de climat a entrainé la disparition de la moitié des espèces vivantes il y a 200 millions d’années, selon une équipe européenne.

Alpes autrichiennes d'où proviennent les sédiments de l'étude. Science/AAASAlpes autrichiennes d'où proviennent les sédiments de l'étude. Science/AAAS
 
 
Une extinction moins connue

L'extinction massive de la fin du Trias (et qui marque le début du Jurassique) s’est produite il y a environ 200 millions d’années. Ce n’est pas la plus meurtrière que la Terre a connu : 40 millions d’années plus tôt, entre la fin de l’ère primaire et le début de l’ère secondaire, près de 90% des espèces marines et 70% des vertébrés ont été éradiqués de la surface de la Terre.

Lors de l’extinction du Trias, les paléontologues estiment que « seulement » la moitié de la diversité biologique de la planète a disparu. Elle a longtemps était attribuée à une augmentation de l'activité volcanique liée au début de la dislocation de la Pangée, le continent originel. Des chercheurs de l'Université d’Utrecht, au Pays-Bas, contredisent toutefois cette hypothèse dans un article publié par la revue Science.

Selon eux, cette extinction a plutôt été due à une libération massive de carbone dans l'atmosphère suivie d'un changement rapide du climat. Pour affirmer cela, ils se fondent sur un relevé des isotopes du carbone réalisé, par leurs soins, à partir de la cire la cire protectrice produite par les feuilles des plantes conservées dans les sédiments du fond de l'océan Téthys, le précurseur de la mer Méditerranée, qui sont maintenant dans les Alpes autrichiennes


 12 0000 gigatonnes de carbone relâchées

Ce relevé indique qu’au moins 12 000 gigatonnes de carbone (sous forme de méthane) ont été libérées dans l’atmosphère au cours de cette période. Comme l'activité volcanique qui a accompagné l'éclatement de la Pangée a duré pendant au moins 600 000 ans, les chercheurs avancent que c’est cette courte libération de méthane, qui a duré entre 20 000 à 40 000 ans, qui est probablement responsable de l'extinction.

Un tel épisode de rejet massif n’est pas un évènement unique dans l’histoire de la Terre. Lors du Maximum thermique du passage Paléocène-Eocène, il y a 55,8 millions d’années, de 1,500 à 2,000 gigatonnes de carbone furent relâchées dans le système océan/atmosphère en mille ans. Ces rejets entrainent une augmentation importante des températures (le méthane est un des principaux gaz à effet de serre) et une modification drastique du climat.

Plusieurs causes peuvent expliquer ces largages massifs de carbone dans l’atmosphère, mais les auteurs estiment qu’il provient du plancher océanique, produits par des bactéries stimulées par le réchauffement déjà en cours alors. Elles auraient produit plus de méthane qui a lui-même à son tour accru le réchauffement et emballé le système de régulation thermique.

Joël Ignasse
Sciences et Avenir.fr

22/07/2011

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