La France, classée bonne dernière pour l'esprit d'entreprise : c'est l'une des conclusions les plus marquantes du Baromètre de l'entrepreneuriat, présenté aujourd'hui par Ernst & Young, en prélude au prochain « G20 des jeunes entrepreneurs », à Nice, du 31 octobre au 2 novembre, et dont « Les Echos » révèlent les grandes lignes. Une étude qui analyse les « écosystèmes entrepreneuriaux » dans les 20 pays membres.
Seuls 23 % des entrepreneurs interrogés (sur plus d'un millier) pensent en effet que la France est un pays dont la culture encourage l'initiative et la création. Très loin de l'Inde, en tête avec 98 % de réponses positives, ou de la Chine (92 %). Très loin même de la moyenne du G20, à 76 %. Ce retard apparaît comme un handicap majeur pour l'économie française, au moment où la plupart des experts s'accordent pour voir dans l'entrepreneuriat le meilleur moyen de sortir de la crise. « Partout où c'est possible, les gouvernements doivent soutenir les entrepreneurs, car ceux-ci joueront un rôle clef pour le retour de la croissance », rappelle Philippe Peuch-Lestrade, responsable du secteur public chez Ernst & Young.
Sur plusieurs autres indicateurs, la France apparaît à la traîne. Elle est ainsi l'un des trois pays (avec l'Allemagne et la Russie) où l'échec est le plus perçu comme un obstacle à de futurs projets, seuls 32 % y voyant une opportunité pour apprendre.
Le rôle des « success stories »
L'étude analyse aussi quatre aspects clefs du paysage entrepreneurial : l'éducation, l'accès au financement, la réglementation et le soutien coordonné. Sur le premier point, 70 % des entrepreneurs sont convaincus que les étudiants ont besoin d'une formation spécifique pour se lancer. De quoi valider la démarche d'écoles comme HEC, l'Essec, EM Lyon, Centrale Paris ou les Mines d'Alès, qui ont monté des filières spécifiques. De même, 88 % estiment que les « success stories » et les programmes d'accompagnement pour créateurs contribuent à motiver les étudiants. « Il existe une forte demande pour une éducation à l'entrepreneuriat, observe Jean-François Royer, associé chez Ernst & Young. Il faut montrer aux jeunes qu'il est possible de créer son entreprise et de réussir. Les entrepreneurs eux-mêmes sont mobilisés, prêts à passer du temps dans les écoles et sur les campus. » Les pays émergents (Brésil, Chine, Inde...) sont en pointe sur ce sujet.
Un peu partout dans le monde, l'accès au financement reste un point faible : 62 % des entrepreneurs le jugent difficile. « En France, plusieurs initiatives vont dans le bon sens, tempère cependant Sandra Le Grand, fondatrice de Kalidea (ex-Canal CE). C'est le cas d'Oséo, qui est une remarquable structure. La difficulté aujourd'hui vient plutôt des banques, souvent très frileuses. »
L'étude répertorie les « bonnes pratiques » mises en oeuvre ici ou là. Elle débouche sur une série de recommandations adressées aux pouvoirs publics, mais aussi aux entrepreneurs eux-mêmes.
JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI
18/10 | 07:00
http://www.lesechos.fr/journal20111018/lec1_competences/0201698106639-entrepreneuriat-le-retard-francais-234936.php
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