vendredi 21 octobre 2011

Le plagiat progresse-t-il ?

Le plagiat, enseignant et étudiant, progresse-t-il ? Je ne pense pas que cette question soit saugrenue. Et pourtant “le développement du plagiat” semble un fait acquis. Sur le site du colloque “Le plagiat de la recherche” (20 et 21 octobre à Paris 2), il est écrit : “La recrudescence des “plagiats” dans le domaine de la recherche universitaire et scientifique ne fait plus de doute“.

S’agit-il là d’un fait scientifiquement démontré ? Ou d’une illusion d’optique appuyée sur les logiciels anti-plagiat et habilement orchestrée par les chercheurs qui ont fait du plagiat leur champ de recherche, qui font régulièrement état sur leur site de leurs découvertes, plus “piquantes” les unes que les autres, et donc relayées par les médias avides d’articles people.

Professeur de sociologie, j’ai toujours enseigné à mes étudiants qu’il fallait apporter des preuves, que les études de cas, les illustrations, les enquêtes qualitatives étaient nécessaires pour comprendre les faits sociaux, pour faire naître des hypothèses, mais qu’il fallait aller plus loin, mettre en oeuvre des enquêtes quantitatives, comparatives dans le temps et dans l’espace. Un tel dispositif d’enquête nécessite un travail d’équipe, des investissements significatifs en moyens humains et financiers. Les chercheurs en plagiat ne pratiquent-ils pas le travail collectif et manquent-ils de moyens ?

Je n’ai rien dit d’autre quand j’ai demandé aux spécialistes, dans ma chronique du 10 octobre 2011. “Combien de cas de plagiat cités sur leurs blogs ? Que sont devenus les plagiaires ? Dans combien de cas le dossier a-t-il été instruit en section disciplinaire de l’établissement ? Quelles ont été les décisions prises par les membres de ces sections ? En cas de sanctions, combien de recours en appel auprès de la section disciplinaire du CNESER ? Quelles décisions finales ?”. Pour répondre à ces questions, il faut enquêter dans tous les établissements. Le plagiat progresse-t-il ?

Ces quelques interrogations m’ont valu une volée de bois vert de 3 des chercheurs en plagiat. Ce n’est pas nouveau : 24 chroniques sur le plagiat. Touzeil-Divina, le seul à s’être exprimé en son nom propre, a posté plusieurs commentaires. Je l’en remercie. Il a refusé toutefois - et c’est son droit - de ne pas avancer de réponses à mes questions avant la tenue du colloque. A suivre !

De l’autre côté (un pseudo) reprend à son compte l’idée du développement du plagiat mais refuse le quantitatif. “Est-ce qu’un colloque scientifique a pour objet de présenter des bilans quantitatifs ? Ne s’agit-il pas d’étudier un phénomène tellement fréquent que l’on ne peut se contenter d’en faire des bilans” ? Qu’est-ce qui prouve que “le phénomène est tellement fréquent” ? Combien de sanctions ont été prononcées contre des plagiaires avérés ?

Les propos les plus agressifs à mon égard ont été développés dans des courriers privés, envoyés par LDS à 5 autres spécialistes. Courriers privés ou publics ? “Vous ne pouvez utiliser mes mails, ni ce qui est dit entre nous dans cet échange, sur votre blog. Le mail reste toujours privé entre personnes élégantes s’entend… J’essaie de vous aider à ne pas dire de vraies “conneries”. Dont acte !

Le plagiat progresse-t-il ? Une enquête quantitative basique permettrait de le savoir : “combien de soupçons de plagiat enseignant ont-ils été instruits en 2006, 2007, 2008, 2009, 2010 par les sections disciplinaires des 127 établissements d’enseignement supérieur fédérés dans la CPU ? A partir de cette donnée, des enquêtes quantitatives plus pointues pourraient être engagées. Après plus d’une décennie de recherches sur les plagiats par des chercheurs expérimentés, est-ce trop leur demander de répondre à une question simple, de prouver leurs assertions ?


Article du on Mardi, octobre 18th, 2011 at 19:23 dans la rubrique Brèves.

http://blog.educpros.fr/pierredubois/2011/10/18/le-plagiat-progresse-t-il/

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