samedi 8 octobre 2011

L'humanité est-elle en train de modifier rapidement la planète ?


terre_nuit_2000
Empreinte des activités humaines sur Terre
© NASA GSFC
Depuis 150 ans nous sommes entrés dans une ère où l'activité humaine a des incidences à long teme sur la planète. Jusqu'avant cette période on pouvait considérer la Terre comme une nourrice avec des ressources quasi infinies. Aujourd'hui, l'épuisement de certaines ressources est envisagé et les conséquences de l'activité humaine sur la biosphère fait l'objet de surveillance. L'humanité se doit d'être vigilante pour conserver une Terre habitable pour ses descendants.

La planète nourrit la vie et la vie modifie la planète. La couche supérieure de la Terre, occupée par la vie, la biosphère, fonctionne comme cela depuis des millions d'années. Les espèces se sont succédées dans des lignées évoluant avec les conditions imposées par la nature et les mutations. Au début, il y aurait plus de trois milliards d'années, la vie était sous-marine avec des bactéries et des algues qui enrichirent l'atmosphère en oxygène. Puis les poissons et les céphalopodes émergèrent dans les océans, les fougères et les prêles sur les continents. Les espèces sortirent de l'eau pour coloniser les terres émergées il y a environ 400 millions d'années. Les espèces terrestres ont continué à se diversifier en fonction des variations climatiques et de la répartition de la végétation. Les transformations étaient au rythme de ces variations. Lorsque les conditions varient lentement, l'adaptation se fait lentement et les espèces évoluent lentement. Des évènements brutaux comme des éruptions volcaniques intenses se sont produits, des espèces se sont éteintes, d'autres ont survécu. On estime également que la chute de très gros astéroïdes peut transformer la composition de l'atmosphère en la chargeant de poussières capables de diminuer fortement l'ensoleillement, de modifier ou arrêter la croissance des végétaux et entrainer la disparition des herbivores et de leurs prédateurs carnivores sur de grands territoires.

Depuis la dernière grande extinction d'espèces, il y a 65 millions d'années, les grands dinosaures, les animaux les plus fantastiques ayant émergé, se sont éteints, ne nous laissant que des squelettes fossilisés. Leur lignée a vécu environ 160 millions d'années. Dans les espèces survivantes, on trouve de petits animaux, comme les ancêtres des oiseaux, de petits dinosaures, cousins des grands, et de petits mammifères qui étaient alors de la taille d'une souris. Le climat s'améliorant avec les retombées des poussières, les espèces continuèrent leur lente évolution. Les petits dinosaures devenant nos oiseaux et les petits mammifères, ceux que nous connaissons aujourd'hui, dont les Hommes.

Tout ce monde de vivants a vécu de la planète et la planète a été lentement modifiée par lui. Aujourd'hui, l'espèce humaine s'est comportée radicalement différemment des autres espèces. Elle a réussi à améliorer son confort, sa sécurité de vie et le nombre de ses individus, grâce à l'exploitation intensive de ressources naturelles en produisant une quantité de déchets qui pourraient menacer et faire disparaître un grand nombre d'espèces, surtout depuis une centaine d'années. Aujourd'hui l'espèce humaine pourrait être qualifiée d'espèce parasite pour la biosphère. C'est une ère nouvelle qui a commencé, celle des hommes à haute évolution technologique. Leur activité est déjà la cause de la disparition d'espèces aussi bien en mer, que sur la terre et que dans les airs. Les derniers grands mammifères marins sont menacés, les poissons de la mer sont plus rares, la population des grands singes et des grands animaux sauvages des savanes et de la brousse, le nombre des abeilles décroissent. La Terre, les rivières, les eaux souterraines et la mer reçoivent nos pollutions. Il y a peu d'espoir de les retirer un jour des océans, dernier endroit où s'écoulent toutes les pollutions chimiques et radioactives. La contribution de l'activité humaine à la modification de l'atmosphère est sensible, sans espoir de revenir en arrière avant des milliers d'années.

Les grandes causes de ces catastrophes sont la combustion des ressources de charbon, de gaz, de pétrole, l'utilisation de combustibles nucléaires, la déforestation, la surexploitation des océans, les pesticides et herbicides utilisés à grande échelle dans l'agriculture, les produits toxiques évacués dans nos déchets domestiques et industriels, les guerres du XXème siècle.

Avant cette ère "anthropotehchnologique", la nature apportait sa régulation naturelle progressive en dehors des calamités naturelles. Les humains génèrent actuellement leurs propres calamités en voulant rechercher toujours plus de sécurité et de confort et en augmentant en nombre. En maîtrisant le feu il y a cinq cent mille ans, l'homme ne pouvait pas se rendre compte que ce progrès, pour les quelques tribus qui peuplaient la Terre à ce moment, deviendrait cinq cent mille ans plus tard, avec une population de sept milliards d'habitants, la cause de destruction de beaucoup de niches écologiques, au point de provoquer l'extinction de nombreuses espèces. Depuis seulement 150 ans, l'essor industriel et depuis 50 ans, l'utilisation de la chaleur d'origine nucléaire transformée en énergie électrique, sont utiles non seulement pour se chauffer et cuire ses aliments, mais pour produire l'énergie nécessaire pour s'éclairer, se déplacer sur terre, en mer et dans les airs, produire l'énergie pour toute l'industrie des biens de consommation, des équipements routiers, du bâtiment, des moyens de transport, pour l'activité agricole, etc.

L'énergie d'origine humaine ou animale a cédé aujourd'hui la place, pour l'essentiel, à l'énergie des hydrocarbures et du nucléaire, donc à une énergie qui produit une quantité de déchets non résorbables à court terme. Une petite partie de nos besoins en énergie est couverte par de l'énergie non polluante d'origine hydroélectrique, solaire, éolienne, géothermique, hydrolienne marine, et cette proportion pourra croitre dans l'avenir. Il y a de grands espoirs pour produire aussi de l'énergie d'origine biologique et, un espoir plus lointain, pour une énergie nucléaire de fusion théoriquement non polluante ou très peu. On ne sait pas si la production de l'énergie non polluante pouvant couvrir la totalité des besoins humains sera une réalité dans 50, 100 ou 150 ans, ou jamais et l'on ne sait pas si nous saurons développer notre activité humaine sans déchets toxiques.

Pour rester optimiste, on peut supposer que le terme de 50 à 100 ans soit suffisant. Cela signifie au moins trois conditions. D'abord, que l'augmentation de la population sera maîtrisée pour que nous puissions adapter le nombre des individus aux ressources que peuvent fournir la Terre, la mer et le soleil. Ensuite, que nous sachions nous adapter à l'effet des deux cents ou deux cent cinquante ans de pollution que nous aurons générée, pollution que nous ne saurons pas éliminer avant des siècles ou des millénaires. Enfin, qu'il y ait un passage obligé vers la paix au plan mondial.

Sans la réalisation de ces trois conditions, l'extinction des espèces que nous avons provoquée, s'accentuera, diminuant d'autant nos ressources, et, dans un second temps, si trop de niches écologiques sont détruites, le risque de notre non-adaptation pourrait favoriser notre propre extinction.

Mais, je ne vois pas comme possible l'autodestruction allant jusqu'à l'anéantissement de l'humanité. Je vois possible la diminution de populations entières due à des erreurs monumentales qui pourraient être faites en ne gérant pas suffisamment les rejets toxiques de tous ordres, mais il restera toujours des ilots épargnés et des solutions, même partielles de reconquête des territoires salis pour permettre la continuation de l'humanité.

Dans une certaine mesure, on pourrait aussi compter sur une adaptation aux poisons, un peu comme lorsque l'on assiste au développement de résistances des microbes pathogènes avec l'excès de l'utilisation d'antibiotiques. Mais rien n'est sûr évidemment.

C'est par son intelligence que l'homme prend conscience de ces conditions de survie. Il est entré, depuis cinquante ans dans la recherche d'énergies propres renouvelables et dans l'élimination des déchets. Il ne parle pas encore de maîtriser l'augmentation de la population, ni de fixer une échéance pour la paix inter nations définitive.

Les flux migratoires croissants observés actuellement commencent à montrer l'importance du problème. La planète possède encore de grands territoires aménageables, les déserts pourraient venir apporter des solutions à l'énergie, mais la nourriture pour tous, l'élimination des déchets resteront des défis permanents, ainsi que la recherche d'un état définitif de non-guerre.

Si le cap des cinquante, cent ou cent cinquante prochaines années pourra être dépassé en ayant conservé une planète Terre habitable, alors, l'espèce humaine pourra survivre dans les prochains millénaires, jusqu'à l'extinction naturelle future de la plupart des espèces. Celles-ci vont générer de nouvelles espèces, fort différentes, mais qui seront nos descendants malgré tout. Quant à ce qu'il adviendra après les prochains milliards d'année, on ne sait pas encore très bien si la Terre sera rôtie dans le soleil gonflé en étoile géante rouge, ou si elle pourrait s'en éloigner suffisamment pour que la vie continue encore quelques autres milliards d'années.

Notes

[Texte rédigé le 10 mars 2011 avant la catastrophe de Yukushima qui montre bien la vulnérabilité de la biosphère augmentée par le développement de technologies à la fois indispensables à l'humanité d'aujourd'hui mais qui augmentent le risque d'atteinte grave à l'habitabilité de la biosphère]

Auteur

Alain-bernard Haioun
07 octobre 2011, 17 h 17

http://www.notre-planete.info/actualites/actu_2972_humanit%C3%A9_Terre.php

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire