dimanche 9 octobre 2011

La France manque d'ingénieurs

Le nouveau président des directeurs d'écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI) veut développer le vivier d'étudiants.


À la tête de la Conférence des directeurs d'écoles françaises d'ingénieurs depuis le mois de mai, Christian ­Lerminiaux n'est pas à court d'idées sur les dossiers à pousser pendant ses deux années de mandat : réflexion sur l'évolution des formations d'ingénieurs, renforcement des équilibres financiers des écoles, développement les relations écoles-entreprises, construction de l'image de l'ingénieur à la française sur la scène internationale…

À court terme toutefois, l'enjeu no 1 de la CDEFI est la formation d'ingénieurs en nombre suffisant pour répondre aux besoins des entreprises. «Nous ne formons pas assez d'ingénieurs en France, déclare-t-il tout net. Même si nous diplômons 30.000 étudiants chaque année, contre 18.000 il y a vingt ans, les besoins sont supérieurs et se situent autour de 40.000 étudiants par an, d'autant que 30 à 40 % sont embauchés avant d'être diplômés.»

Augmenter le vivier
Comment augmenter le vivier ? En améliorant la connaissance des prescripteurs (parents en tête, mais aussi enseignants) sur la diversité des filières et des métiers. «L'ingénieur est avant tout un diplôme et ouvre sur de multiples métiers, rappelle-t-il. C'est une formation d'élite ; il faut garder cet esprit élitiste, qui est un véritable atout à l'exportation. Il est également essentiel de souligner la variété des débouchés et de convaincre parents et étudiants que l'industrie n'est pas morte : pour deux emplois non qualifiés qui disparaissent dans l'industrie, il se crée un emploi qualifié.» Autre cheval de bataille de Christian Lerminiaux, inciter des élèves qui s'autocensurent dans leur orientation à sauter le pas et à s'engager dans un cursus de diplôme d'ingénieur.

Davantage de docteurs en entreprise
Le nouvel homme fort de la Cdefi, qui est par ailleurs président de l'UTT de Troyes, entend aussi pousser les ingénieurs diplômés à poursuivre leur cursus en thèse pour, in fine, intégrer l'entreprise. «Nous souhaitons valoriser la double compétence ingénieur et docteur auprès des entreprises, d'autant que l'économie et l'industrie expriment de plus en plus le besoin de pouvoir recruter des docteurs capables d'évoluer dans un secteur concur­rentiel» explique-t-il. L'objectif de la Cdefi est, à terme, d'attirer 10 % de diplômés chaque année vers une poursuite en thèse (contre 3 % actuellement) ».

Dans cet esprit, «un label ingénierie pour l'entreprise» sera décerné aux docteurs se destinant à un emploi dans l'entreprise. Et la Cdefi est en cours de recensement des besoins concrets de double compétence ingénieur-docteur au sein des entreprises. Une douzaine d'écoles doctorales seraient actuellement prêtes à s'associer à cette expérimentation.

Parmi les autres dossiers prioritaires de la Cdefi, Christian Lerminiaux souhaite également que celui sur les regroupements entre écoles ne suive pas une logique unique. «Chaque opération répond à une logique stratégique. Certaines écoles auront intérêt à privilégier un site unique, d'autres devront plutôt jouer la carte des sites pluridisciplinaires et technologiques, avec un partage des gouvernances, explique-t-il. Il faudra aussi regarder comment les petites écoles s'intègrent dans ces regroupements, en privilégiant sans doute une logique de réseau et de marque. Mais toutes auront-elles la capacité de développer cette politique de marques ?»

Par Christine Lagoutte Mis à jour le 07/10/2011 à 17:51 | publié le 04/10/2011 à 16:45

http://www.lefigaro.fr/formation/2011/10/04/09006-20111004ARTFIG00735-la-france-manque-d-ingenieurs.php

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