samedi 9 juillet 2011

Tunisie: l'économie a dépassé le cap dangereux

TUNIS (AP) — Plongée pendant plusieurs mois dans une forte récession, l'économie tunisienne semble se remettre progressivement de l'état quasi-comateux dans lequel elle a sombré depuis la mi-décembre en raison des troubles qui ont conduit à la chute du régime Ben Ali. "L'économie nationale a dépassé la phase dangereuse", s'est félicité le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli.

Appelé à la rescousse au lendemain de la "Révolution de jasmin", cet ancien haut cadre de la Banque mondiale n'avait pas, dans un premier diagnostic, caché ses craintes face aux "incertitudes": nombre de secteurs d'activité étaient paralysés par l'insécurité et les mouvements sociaux, les dégâts occasionnés à l'économie se montaient à quelque cinq milliards de dinars (plus de 2,5 milliards d'euros), les réserves en devises de la BCT s'estompaient comme peau de chagrin.

Un des piliers de l'économie, le tourisme, qui contribue à hauteur de 6,5% au PIB et emploie quelque 400.000 personnes, était au creux de la vague avec une chute de plus de 50% des entrées et des recettes.

Faisant l'état des lieux six mois après, le patron de la BCT a brossé un tableau relativement optimiste lors d'une rencontre vendredi avec des banquiers et des hommes d'affaires. Après un taux de croissance de -3,3% au premier trimestre 2011, M. Nabli a prédit une "baisse moins cruelle" pour le deuxième trimestre qui "ne dépassera pas le 0%".

En dépit de la morosité, le président de l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers Habib ben Saâd a relevé la nette reprise du commerce de distribution, l'un des secteurs les plus touchés. Autre indicateur positif: la bonne tenue des exportations des industries manufacturières et des textiles.

Pour atténuer l'impact de la récession et favoriser la relance de l'activité, la BCT a injecté trois milliards de dinars (environ 1,5 milliard d'euros) dans le secteur bancaire, afin de permettre de couvrir les crédits non remboursés et d'octroyer de nouveaux crédits.

Des opérateurs économiques ont cependant déploré le retard enregistré pour l'indemnisation des entreprises victimes d'actes de pillage et d'incendies. "Le gouvernement n'a pas assumé son rôle en matière de protection des investisseurs tunisiens et étrangers, dont certains ont quitté le pays à cause de la dérive sécuritaire", a accusé l'un des intervenants cité par l'agence officielle TAP.

Après une première période post-révolution où les questions sécuritaires et politiques ont prévalu, M. Nabli table sur une accélération de la croissance lors des deux prochaines années. Le soutien promis lors du récent sommet du G-8 à Deauville (40 milliards de dollars à la Tunisie et à l'Egypte) devrait y contribuer. Par ailleurs, le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi sillonne les capitales des bailleurs de fonds arabes potentiels. Après une première enveloppe de 100 millions de dollars recueillie à Alger, il vient de rentrer d'un voyage qualifié de "fructueux" au Qatar, aux Emirats arabes unis et au Koweït. AP

Publié le 09-07-11 à 16:50   

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110709.FAP0692/tunisie-l-economie-a-depasse-le-cap-dangereux-selon-le-gouverneur-de-la-banque-centrale.html

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