Le rapport Stratégie spatiale française a été présenté le jeudi 22 mars 2012 par le ministre, qui s'est exprimé à cette occasion. Ce document rappelle les grands principes qui guident notre politique spatiale.
L'événement qui nous rassemble aujourd'hui fait mentir Alphonse Allais qui disait : "Les plus belles stratégies s'écrivent au passé". Je dirais plutôt, s'agissant de la stratégie spatiale française, qu'elle s'inspire du passé et s'écrit au présent. La stratégie spatiale française que nous présentons aujourd'hui puise en effet sa source et ses racines dans cinquante ans de politique spatiale, mais elle est résolument tournée vers l'avenir. Elle permet de préparer les décisions importantes que nous aurons à prendre dans les mois qui viennent, notamment au conseil ministériel de l'Agence spatiale européenne en novembre.
Il y a exactement un an, le Conseil des ministres décidait la rédaction d'un document de stratégie spatiale. Ce travail a pris du temps. Il n'était pas facile de résumer en une vingtaine de pages les principes et les objectifs de la politique spatiale française. Ce défi a pourtant été relevé haut la main, si j'en crois l'exposé de Yannick D'Escatha, qui a mis en valeur les principaux aspects de cette bible du spatial. Je veux remercier très sincèrement le groupe de travail à l'origine de ce document. Le groupe de travail a réuni autour de la même table les différentes administrations concernées par l'espace (écologie, transport, défense, industrie et recherche), mais également des parlementaires, des utilisateurs, des industriels, des scientifiques et des journalistes : c'est un symbole fort du caractère transversal de cette stratégie. ...
Nous pensons en effet que l'objectif numéro 1 de la politique spatiale est de se mettre au service des Français et des Européens. L'espace est entré dans la vie quotidienne d'un grand nombre de Français: 6 millions d'entre nous possèdent une parabole de télévision, 22 millions un récepteur de navigation par satellite. C'est grâce à la R&D financée par le CNES que nous pouvons recevoir aujourd'hui partout en France l'internet en haut débit avec le satellite Ka-Sat construit par Astrium, et que des millions d'Africains pourront bientôt faire de même avec la constellation O3B, dont je voyais chez TAS un des satellites. Pour aller plus loin et passer au très haut débit par satellite, l'Etat a décidé d'investir 40 millions d'euros, et jusqu'à 100 millions d'euros en cas de succès, sur de nouveaux programmes de R&D dans le cadre des investissements d'avenir.
L'espace est devenu indispensable à nos concitoyens. Mais il l'est encore davantage à la puissance publique. Grâce aux satellites de reconnaissance Helios, nous possédons une autonomie de décision garante de notre souveraineté. Grâce aux moyens spatiaux, les systèmes d'alerte et de sauvetage en sécurité civile permettent par exemple de localiser les personnes en détresse. Le système international COSPAS-SARSAT a sauvé plus de 30 000 vies en 20 ans. J'observais aussi tout à l'heure le travail d'intégration d'un satellite MeteoSat : on oublie trop souvent quelle révolution l'espace a apporté dans les prévisions météo (qui, quoi qu'on en dise parfois, sont de plus en plus fiables !), avec, par exemple, des progrès majeurs pour l'agriculture, le tourisme, les transports et la gestion de l'énergie.
Les Français doivent pouvoir s'approprier cette politique spatiale. C'est tout l'enjeu de la stratégie spatiale. J'ai voulu que ce document soit une synthèse de référence pour les experts, mais écrite dans un style clair et accessible aux néophytes. La publication de la stratégie s'accompagne du lancement d'une rubrique internet grand public sur le site du ministère : grâce au travail du CNES et d'Alain Cirou, directeur de la rédaction du magazine Ciel & Espace, elle donne des réponses à tout ce que nous avons toujours voulu savoir sur l'espace sans jamais oser le demander, comme "à quoi sert Galiléo alors que le G.P.S. existe déjà ?".
La dimension économique et industrielle de l'espace
Mais l'espace est plus qu'un outil utile aux politiques publiques. Investir dans l'espace se justifie aussi et surtout par des considérations économiques. L'espace est l'investissement d'avenir par excellence.
Les retombées économiques du spatial sont massives. L'investissement dans l'espace est rentable à long terme grâce à un très fort effet de levier : les bénéfices de Galileo pour l'économie européenne sont estimés à 90 milliards d'euros sur les 20 prochaines années. Mais il ne faut pas opposer espace économique et espace scientifique : nous devons garder de grands programmes scientifiques, notamment d'exploration, pour que l'espace continue à faire progresser la science. ...
L'investissement dans le spatial permet de structurer une filière industrielle d'excellence. L'industrie spatiale est une grande et belle réussite européenne. Sa compétitivité lui a permis d'acquérir une position forte sur les marchés commerciaux. J'ai été très impressionné par ma visite de la salle d'intégration des satellites cet après-midi. Astrium et TAS représentent à eux deux 40% du marché commercial des satellites tandis qu'Arianespace est le leader des lancements commerciaux avec plus de 50% des satellites commerciaux en service.
Nous devons nous donner les moyens de développer les compétences de notre industrie spatiale. ...
Pour pleinement exploiter le potentiel économique de l'espace, nous devons favoriser le développement en France d'applications et services à haute valeur ajoutée. Je veux que les Google Earth de demain soient français. L'exemple de la P.M.E. ACRI, dont je salue le Président Philippe Bardey, est symbolique de la réussite de l'écosystème d'innovation de Sophia Antipolis : grâce à une coopération avec le laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer et le CNES, ACRI s'est spécialisée dans l'analyse de la couleur de l'océan et est par exemple capable de prévoir la présence de méduses – appréciable pour les touristes qui vont bientôt se presser ici. ACRI tire un pourcentage croissant de ses revenus de la commercialisation des services (déjà 5%). ...
Révolution numérique, défi climatique, avance technologique, emploi industriel. C'est peu dire que la politique spatiale possède des réponses clés à des questions majeures pour l'avenir de nos sociétés et de nos économies. Mais à condition que nous en prenions conscience et que nous nous en donnions les moyens....
Saint-Exupéry disait : "L'avenir, tu n'as pas à le prévoir mais à le permettre." Si nous voulons vivre l'avenir que la politique spatiale nous promet, nous devons continuer à investir dans l'avenir en unissant nos forces pour concentrer notre effort et faire les bons choix. ...
Extraits du discours de Laurent Wauquiez - 23 mars 2012
http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid59729/presentation-de-la-strategie-spatiale-francaise.html
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