(Agence Science-Presse) Vu de l’extérieur, on ne s’étonne pas tant qu’un État américain, le Tennessee, ait voté une loi autorisant l’enseignement du créationnisme à l’école. Ce qui surprendra le plus les non-Américains est qu’il s’agit du même État qui avait vécu un procès sur cette même question... il y a 87 ans.
Les journaux du Tennessee étaient massivement contre cette loi. Et l’appelaient le «monkey bill», la «loi du singe»: une référence au «procès du singe», au cours duquel, en 1925, le Tennessee avait poursuivi un professeur de science, John Scopes, pour avoir eu l’audace d’enseigner l’évolution dans sa classe.
Cette année, retour vers le passé: mardi dernier, le gouverneur du Tennessee a autorisé l'adoption de ce nouveau «monkey bill», voté par les deux chambres de l’État (contrôlées par les républicains). La loi en question autorise les professeurs des écoles publiques à enseigner les «alternatives» à la «théorie de l’évolution». «Une pensée critique crée une bonne science», se réjouit le Centre international pour la foi et la science de Knoxville.
De fait, le premier paragraphe de cette loi pro-créationniste se lit ainsi:
Un objectif important de l’enseignement des sciences est d’informer les étudiants sur les preuves scientifiques et d’aider les étudiants à développer les capacités à une pensée critique, nécessaires pour devenir des citoyens intelligents, productifs et scientifiquement informés.
Un autre État américain vit avec une semblable loi depuis 2008, la Louisiane. Depuis l’an dernier, trois autres États, le New Hampshire, l’Oklahoma et le Texas, ont vu de tels projets de loi cheminer parmi leurs élus, avant d’être rejetés ou mis sur la glace.
Quant au réchauffement climatique, il n’a qu’à bien se tenir, parce que le second «attendu que» de la nouvelle loi se lit ainsi:
(2) L’enseignement de certains sujets scientifiques, incluant, mais non exclusivement, l’évolution biologique, les origines chimiques de la vie, le réchauffement planétaire et le clonage humain, peuvent causer la controverse; et (3) certains professeurs peuvent être incertains des attentes à propos de la façon dont ils doivent présenter l’information sur de tels sujets.
En fait, relèvent les critiques, cette loi témoigne de l’évolution... des créationnistes. Depuis, en fait, qu’une décision de la Cour suprême, en 1987, a interdit l’enseignement du créationnisme dans les écoles publiques, au nom de la séparation entre l’Église et l’État, centrale à la constitution américaine. Résultat, les observateurs ont remarqué à la fin des années 1990, que les efforts consistaient désormais à cesser d’employer le mot «créationniste» pour le remplacer systématiquement par «dessein intelligent». Et aujourd’hui, même l’expression «dessein intelligent» n’apparaît nulle part: le mot-clef —une stratégie publiquement défendue par l’Institut Discovery de Seattle, leur chef de file— est devenu liberté, comme dans «liberté académique» ou «liberté d’enseigner».
Agence Science-Presse, le 12 avril 2012, 9h57
http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2012/04/12/quand-creationnisme-veut-rimer-liberte
Les journaux du Tennessee étaient massivement contre cette loi. Et l’appelaient le «monkey bill», la «loi du singe»: une référence au «procès du singe», au cours duquel, en 1925, le Tennessee avait poursuivi un professeur de science, John Scopes, pour avoir eu l’audace d’enseigner l’évolution dans sa classe.
Cette année, retour vers le passé: mardi dernier, le gouverneur du Tennessee a autorisé l'adoption de ce nouveau «monkey bill», voté par les deux chambres de l’État (contrôlées par les républicains). La loi en question autorise les professeurs des écoles publiques à enseigner les «alternatives» à la «théorie de l’évolution». «Une pensée critique crée une bonne science», se réjouit le Centre international pour la foi et la science de Knoxville.
De fait, le premier paragraphe de cette loi pro-créationniste se lit ainsi:
Un objectif important de l’enseignement des sciences est d’informer les étudiants sur les preuves scientifiques et d’aider les étudiants à développer les capacités à une pensée critique, nécessaires pour devenir des citoyens intelligents, productifs et scientifiquement informés.
Un autre État américain vit avec une semblable loi depuis 2008, la Louisiane. Depuis l’an dernier, trois autres États, le New Hampshire, l’Oklahoma et le Texas, ont vu de tels projets de loi cheminer parmi leurs élus, avant d’être rejetés ou mis sur la glace.
Quant au réchauffement climatique, il n’a qu’à bien se tenir, parce que le second «attendu que» de la nouvelle loi se lit ainsi:
(2) L’enseignement de certains sujets scientifiques, incluant, mais non exclusivement, l’évolution biologique, les origines chimiques de la vie, le réchauffement planétaire et le clonage humain, peuvent causer la controverse; et (3) certains professeurs peuvent être incertains des attentes à propos de la façon dont ils doivent présenter l’information sur de tels sujets.
En fait, relèvent les critiques, cette loi témoigne de l’évolution... des créationnistes. Depuis, en fait, qu’une décision de la Cour suprême, en 1987, a interdit l’enseignement du créationnisme dans les écoles publiques, au nom de la séparation entre l’Église et l’État, centrale à la constitution américaine. Résultat, les observateurs ont remarqué à la fin des années 1990, que les efforts consistaient désormais à cesser d’employer le mot «créationniste» pour le remplacer systématiquement par «dessein intelligent». Et aujourd’hui, même l’expression «dessein intelligent» n’apparaît nulle part: le mot-clef —une stratégie publiquement défendue par l’Institut Discovery de Seattle, leur chef de file— est devenu liberté, comme dans «liberté académique» ou «liberté d’enseigner».
Agence Science-Presse, le 12 avril 2012, 9h57
http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2012/04/12/quand-creationnisme-veut-rimer-liberte
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