Bon nombre de nations et plus spécialement celles qui constituent le monde dit arabo-musulman auront, dans moins de trois semaines, le regard braqué sur la Tunisie. Et pour cause. En effet, le 23 octobre prochain, ce petit pays de 10 millions d’habitants enverra, par la voie des urnes, 217 des siens à la Première Assemblée Constituante de son existence.
Après avoir été, à la fin de l’année dernière et au tout début de 2011, et sans aucune aide extérieure, le premier de l’Histoire des états arabo-musulmans à s’être débarrassé d’un régime autoritaire, par la révolte, vite devenue révolution, enflammant ainsi les foules en Egypte, puis Bahreïn, Yémen, Lybie et Syrie ainsi que, dans une moindre mesure, celles du Maroc et d’Algérie, il sera le premier de la même Histoire a se lancer librement dans une « véritable démocratie ».
C’est sous cet aspect qu’il sera examiné avec soin par tous, en espérant qu’une fois de plus son exemple fera tache d’encre, en Afrique du Nord, et au Proche comme au Moyen Orient. D’autant que la loi électorale s’est choisie le système du scrutin de liste à un tour sur la base de la présentation proportionnelle, système qui augure une Assemblée « multicolore » et écarte l’hégémonie d’un seul parti, comme ce fut le cas ici-même par le passé et comme c’est encore le cas chez plusieurs de ses voisins.
Pour cette Grande Première, il y aura foule dans le pays. Bien sûr chez électeurs dont la quasi-totalité n’a jamais exercé ce droit (sous Ben Ali, le bourrage uniforme des urnes était monnaie courante), mais aussi chez les candidats.
Ces derniers, à travers 33 circonscriptions (dont 6 à l’étranger) sont au nombre de…10.937, répartis dans 1.424 listes et qui seront tenus de publier les états financiers de leurs campagnes. Parmi ces listes 787 représentent des partis politiques, 587 sont indépendantes (associations, cercles, groupuscules etc…) et 54 sont des coalitions formées par de « tout petits » partis. Chaque circonscription n’aura pas plus de 10 représentants et pas moins de 4.
Cet afflux de candidatures a de quoi faire sourire les démocrates de tous bords, occidentaux notamment, mais il est bon de souligner qu’il s’agit pour ce pays du premier pas (celui de désigner ceux qui auront à bâtir la nouvelle Constitution) dans l’apprentissage de la démocratie au sein d’un peuple qui s’est libéré depuis peu sans avoir eu à verser trop de sang et qui a fait preuve depuis, dans son ensemble, d’une belle ténacité mature, malgré des soubresauts dus à des nervis de l’ancien régime ou bien à une soif désordonnée et hâtive de libertés. En outre il est bon de tenir compte d’un détail important qui est trop souvent méconnu : une bonne partie de la population tunisienne a des origines ethniques et surtout culturelles berbères ou européennes plutôt qu’arabe.
Il est à prévoir que cinq à six grandes formations seront bien représentées en nombre à la prochaine assemblée constituante, notamment celles qui ont déjà une certaine expérience de la politique, ainsi que l’actif parti religieux Ennhahda de Rached Gannouchi, revenu en Tunisie après avoir vécu en exil à Londres pendant vingt ans. Ce dernier a mené tambour battant une campagne électorale partout dans le pays, rencontrant pourtant assez souvent une bruyante opposition populaire au sein de laquelle les femmes n’ont pas été les moins nombreuses et le moins virulentes. A ce sujet d’ailleurs, comme remarqué à travers les différents meetings ou débats télévisés, et même sur la toile, il semblerait que la place du mot Islam dans la future Constitution sera l’une des principales tâches de la future Assemblée.
Ces élections seront placées sous haute observation nationale et internationale. Sur place quelques 800 observateurs ont été formés en partenariat avec des organismes européens et bon nombre d’autres ont été recrutés par des ONG locales.et la Ligue des Droits de l’Homme. De son côté l’Union Européenne a délégué sur place un premier contingent de 54 observateurs qui sillonnent le pays depuis une dizaine de jours. L’effectif étranger doit atteindre au final pas loin de deux cents personnes venues de l’UE mais aussi de Norvège, Suisse et Canada. Enfin le Centre Carter (fondé par l’ancien président des Etats Unis) a déjà envoyé 14 experts sur place et comptera sur place une quarantaine d’observateurs au total.
par Henri François mercredi 5 octobre 2011
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-automne-democratique-de-la-101886
Après avoir été, à la fin de l’année dernière et au tout début de 2011, et sans aucune aide extérieure, le premier de l’Histoire des états arabo-musulmans à s’être débarrassé d’un régime autoritaire, par la révolte, vite devenue révolution, enflammant ainsi les foules en Egypte, puis Bahreïn, Yémen, Lybie et Syrie ainsi que, dans une moindre mesure, celles du Maroc et d’Algérie, il sera le premier de la même Histoire a se lancer librement dans une « véritable démocratie ».
C’est sous cet aspect qu’il sera examiné avec soin par tous, en espérant qu’une fois de plus son exemple fera tache d’encre, en Afrique du Nord, et au Proche comme au Moyen Orient. D’autant que la loi électorale s’est choisie le système du scrutin de liste à un tour sur la base de la présentation proportionnelle, système qui augure une Assemblée « multicolore » et écarte l’hégémonie d’un seul parti, comme ce fut le cas ici-même par le passé et comme c’est encore le cas chez plusieurs de ses voisins.
Pour cette Grande Première, il y aura foule dans le pays. Bien sûr chez électeurs dont la quasi-totalité n’a jamais exercé ce droit (sous Ben Ali, le bourrage uniforme des urnes était monnaie courante), mais aussi chez les candidats.
Ces derniers, à travers 33 circonscriptions (dont 6 à l’étranger) sont au nombre de…10.937, répartis dans 1.424 listes et qui seront tenus de publier les états financiers de leurs campagnes. Parmi ces listes 787 représentent des partis politiques, 587 sont indépendantes (associations, cercles, groupuscules etc…) et 54 sont des coalitions formées par de « tout petits » partis. Chaque circonscription n’aura pas plus de 10 représentants et pas moins de 4.
Cet afflux de candidatures a de quoi faire sourire les démocrates de tous bords, occidentaux notamment, mais il est bon de souligner qu’il s’agit pour ce pays du premier pas (celui de désigner ceux qui auront à bâtir la nouvelle Constitution) dans l’apprentissage de la démocratie au sein d’un peuple qui s’est libéré depuis peu sans avoir eu à verser trop de sang et qui a fait preuve depuis, dans son ensemble, d’une belle ténacité mature, malgré des soubresauts dus à des nervis de l’ancien régime ou bien à une soif désordonnée et hâtive de libertés. En outre il est bon de tenir compte d’un détail important qui est trop souvent méconnu : une bonne partie de la population tunisienne a des origines ethniques et surtout culturelles berbères ou européennes plutôt qu’arabe.
Il est à prévoir que cinq à six grandes formations seront bien représentées en nombre à la prochaine assemblée constituante, notamment celles qui ont déjà une certaine expérience de la politique, ainsi que l’actif parti religieux Ennhahda de Rached Gannouchi, revenu en Tunisie après avoir vécu en exil à Londres pendant vingt ans. Ce dernier a mené tambour battant une campagne électorale partout dans le pays, rencontrant pourtant assez souvent une bruyante opposition populaire au sein de laquelle les femmes n’ont pas été les moins nombreuses et le moins virulentes. A ce sujet d’ailleurs, comme remarqué à travers les différents meetings ou débats télévisés, et même sur la toile, il semblerait que la place du mot Islam dans la future Constitution sera l’une des principales tâches de la future Assemblée.
Ces élections seront placées sous haute observation nationale et internationale. Sur place quelques 800 observateurs ont été formés en partenariat avec des organismes européens et bon nombre d’autres ont été recrutés par des ONG locales.et la Ligue des Droits de l’Homme. De son côté l’Union Européenne a délégué sur place un premier contingent de 54 observateurs qui sillonnent le pays depuis une dizaine de jours. L’effectif étranger doit atteindre au final pas loin de deux cents personnes venues de l’UE mais aussi de Norvège, Suisse et Canada. Enfin le Centre Carter (fondé par l’ancien président des Etats Unis) a déjà envoyé 14 experts sur place et comptera sur place une quarantaine d’observateurs au total.
par Henri François mercredi 5 octobre 2011
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-automne-democratique-de-la-101886
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