Une étude du Céreq sur le tutorat à l'université montre que
ce dispositif attire peu les étudiants… et encore moins les plus fragiles.
C'était une des mesures phares du "Plan réussite en licence" de 2008 pour lutter contre l'échec en première année à l'université. Le dispositif du tutorat, conforté par l'arrêté licence promulgué cet été, est pourtant encore loin d'avoir fait ses preuves. Une enquête* du Céreq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications) montre en effet que cette solution rencontre encore peu de succès, et ne bénéficie pas assez aux élèves les plus en difficulté.
Un tiers de refus de l'offre de tutorat
Le tutorat n'étant le plus souvent pas obligatoire, un grand nombre d'étudiants choisissent de ne pas se prêter au dispositif. Parmi les étudiants de L1 interrogés par le Céreq, près d'un tiers ont refusé l'offre de tutorat qui leur avait été proposée. La principale raison invoquée est "de ne pas en avoir ressenti le besoin".
Le Céreq note d'ailleurs que "ces refus concernent plus souvent des garçons au meilleur profil scolaire, ayant moins redoublé dans le secondaire". Mais il ajoute que "le refus du tutorat a aussi des causes plus pratiques : offre trop précoce (61 % des offres refusées concernent des propositions faites en septembre), trop impersonnelle ou information insuffisante".
Les étudiants les plus précaires abandonnent plus souvent
Parmi les étudiants ayant accepté le tutorat, 15 % ont abandonné après quelques séances, note l'enquête. Les principales raisons invoquées concernent avant tout la qualité de l'accompagnement. Les étudiants disent avoir arrêté en raison d'un "contenu qui a déplu", parce que "sans intérêt", "pas motivant", etc.
Néanmoins, le Céreq démontre, à partir d'un indicateur spécifique, que la précarité influe également sur le risque d'abandon. "Les étudiants en situation de forte précarité abandonnent plus souvent le tutorat, alors qu'ils ressentent plus fortement le besoin de ce type d'aide que les non-précaires", affirme le centre.
Les étudiants bénéficiant du tutorat n'en ont pas toujours besoin
Finalement, près de la moitié des étudiants interrogés par le Céreq ont accepté le tutorat, et assisté à la plupart des séances. Mais un étudiant sur quatre s'est engagé sans estimer en avoir besoin, 6 sur 10 considèrent que le tutorat les a aidé à avoir de meilleures notes, et seulement 2 sur 10 déclarent qu'il les a aidé à réussir leur semestre.
Les tuteurs également interrogés par le Céreq, parviennent aux mêmes conclusions. "Le tutorat touche des étudiants moyens, 'repêche' seulement quelques étudiants perdus et motivés et passe à côté de nombreux étudiants en difficulté".
* "Le tutorat à l'université. Peut-on forcer les étudiants à la réussite". Enquête conduite entre mars et mai 2010 dans les universités Joseph-Fourier Grenoble 1 et Victor Segalen-Bordeaux 2, sur labase d'un questionnaire ayant recueilli les réponses d'environ 400 étudiants.
R. P., Orientations
C'était une des mesures phares du "Plan réussite en licence" de 2008 pour lutter contre l'échec en première année à l'université. Le dispositif du tutorat, conforté par l'arrêté licence promulgué cet été, est pourtant encore loin d'avoir fait ses preuves. Une enquête* du Céreq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications) montre en effet que cette solution rencontre encore peu de succès, et ne bénéficie pas assez aux élèves les plus en difficulté.
Un tiers de refus de l'offre de tutorat
Le tutorat n'étant le plus souvent pas obligatoire, un grand nombre d'étudiants choisissent de ne pas se prêter au dispositif. Parmi les étudiants de L1 interrogés par le Céreq, près d'un tiers ont refusé l'offre de tutorat qui leur avait été proposée. La principale raison invoquée est "de ne pas en avoir ressenti le besoin".
Le Céreq note d'ailleurs que "ces refus concernent plus souvent des garçons au meilleur profil scolaire, ayant moins redoublé dans le secondaire". Mais il ajoute que "le refus du tutorat a aussi des causes plus pratiques : offre trop précoce (61 % des offres refusées concernent des propositions faites en septembre), trop impersonnelle ou information insuffisante".
Les étudiants les plus précaires abandonnent plus souvent
Parmi les étudiants ayant accepté le tutorat, 15 % ont abandonné après quelques séances, note l'enquête. Les principales raisons invoquées concernent avant tout la qualité de l'accompagnement. Les étudiants disent avoir arrêté en raison d'un "contenu qui a déplu", parce que "sans intérêt", "pas motivant", etc.
Néanmoins, le Céreq démontre, à partir d'un indicateur spécifique, que la précarité influe également sur le risque d'abandon. "Les étudiants en situation de forte précarité abandonnent plus souvent le tutorat, alors qu'ils ressentent plus fortement le besoin de ce type d'aide que les non-précaires", affirme le centre.
Les étudiants bénéficiant du tutorat n'en ont pas toujours besoin
Finalement, près de la moitié des étudiants interrogés par le Céreq ont accepté le tutorat, et assisté à la plupart des séances. Mais un étudiant sur quatre s'est engagé sans estimer en avoir besoin, 6 sur 10 considèrent que le tutorat les a aidé à avoir de meilleures notes, et seulement 2 sur 10 déclarent qu'il les a aidé à réussir leur semestre.
Les tuteurs également interrogés par le Céreq, parviennent aux mêmes conclusions. "Le tutorat touche des étudiants moyens, 'repêche' seulement quelques étudiants perdus et motivés et passe à côté de nombreux étudiants en difficulté".
* "Le tutorat à l'université. Peut-on forcer les étudiants à la réussite". Enquête conduite entre mars et mai 2010 dans les universités Joseph-Fourier Grenoble 1 et Victor Segalen-Bordeaux 2, sur labase d'un questionnaire ayant recueilli les réponses d'environ 400 étudiants.
R. P., Orientations
Mis en ligne le 05/10/2011
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