Le mode de scrutin a encouragé à la constitution de nombreuses listes pour cette première élection libre.
Onze partis ont signé une déclaration commune limitant à un an la durée de l’Assemblée constituante.
Dix mille candidats pour 218 sièges à pourvoir ! Les Tunisiens n’ont plus que trois semaines pour faire leur choix parmi les 1 600 listes officielles. À Sidi Bouzid, ville emblématique de la révolution, pas moins de 64 listes sont en compétition : 30 listes de partis politiques parmi les 111 qui ont dorénavant pignon sur rue dans le pays et 34 listes indépendantes qui sont à elles seules une indication de la défiance à l’égard des formations politiques. Le gouvernorat de l’Ariana, jouxtant Tunis, détient le record avec 92 listes !
De quoi y perdre son latin, d’autant que tous se proclament pour la République, la démocratie et le progrès.
Le paysage politique est un véritable maquis. « Il faudra des années pour comprendre le jeu électoral », estime le célèbre avocat tunisien Abdelfattah Mourou qui lui-même participe à brouiller les pistes.
L’ancien cofondateur du parti islamiste Ennahda fait cavalier seul à Tunis en tête de liste de « l’alliance démocratique ». Il se garde bien de dire quels liens il entretiendra à l’avenir avec Ennahda, dont chacun s’accorde à penser qu’il sortira forcément vainqueur du scrutin du 23 octobre.
Trois partis de l’opposition historique
Outre Ennahda, seuls quatre partis présentent des listes dans les 27 circonscriptions. Tout d’abord les trois partis de l’opposition historique à l’ancien régime. Le PDP (Parti démocrate progressiste) d’Ahmed Néjib Chebbi, qui s’oppose ouvertement à Ennahda ; le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL rebaptisé « Ettakatol » – « Forum ») de Mustapha Ben Jaafar, social-démocrate, sorte de PS tunisien ; et le Pôle démocratique moderniste, constitué de petits partis qui ont formé une coalition avec Ettajdid, l’ex-Parti communiste. À cela s’ajoute le Congrès pour la République (CPR), de Moncef Marzouki, opposant historique réfugié en France, qui rassemble des militants des droits de l’homme.
Ils sont talonnés par le PTT, Parti du travail tunisien d’Abdeljelil Bedoui, qui s’appuie sur le puissant réseau syndicaliste de l’UGTT, acteur majeur de la révolution. « Si Ennahda fait un très gros score, ces différents partis de gauche et centre gauche devraient se rapprocher », estime un diplomate.
Reste la variable des « RCDistes », les anciens du RCD, ex-parti au pouvoir aujourd’hui dissous, que l’on retrouve dans plusieurs partis, notamment ceux des anciens ministres Kamel Morjane (L’Initiative) et Mohamed Jegham (Al Watan, « la patrie »).
Engagements en matière des droits de l’homme
Pour que le premier vote libre ne soit pas un grand saut dans l’inconnu, 11 partis représentés dans la Haute Instance de la réforme politique, ont signé le 15 septembre une « déclaration du processus transitoire », feuille de route dans laquelle ils s’engagent notamment à limiter à un an la durée de l’Assemblée constituante. Seul le CPR s’est étonnamment retiré de cette décision collective.
Amnesty International a publié mardi 27 septembre un manifeste pour que les partis prennent 10 engagements en matière de droits de l’homme. Vingt-neuf partis ont déjà signé la charte qui les engage à réformer la justice et la police et lutter contre les violences et discriminations.
« Neuf autres partis ont accepté sept des dix engagements, précise Lotfi Azzouz, le directeur d’Amnesty International Tunisie. Malheureusement la lutte contre les discriminations, l’égalité homme-femme, font débat pour certains partis. » La position des différents partis sera rendue publique une semaine avant le scrutin.
MARIE VERDIER
29/9/11 - 19 H 45
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Les-electeurs-tunisiens-ont-l-embarras-du-choix-_EG_-2011-09-29-717540
Onze partis ont signé une déclaration commune limitant à un an la durée de l’Assemblée constituante.
Dix mille candidats pour 218 sièges à pourvoir ! Les Tunisiens n’ont plus que trois semaines pour faire leur choix parmi les 1 600 listes officielles. À Sidi Bouzid, ville emblématique de la révolution, pas moins de 64 listes sont en compétition : 30 listes de partis politiques parmi les 111 qui ont dorénavant pignon sur rue dans le pays et 34 listes indépendantes qui sont à elles seules une indication de la défiance à l’égard des formations politiques. Le gouvernorat de l’Ariana, jouxtant Tunis, détient le record avec 92 listes !
De quoi y perdre son latin, d’autant que tous se proclament pour la République, la démocratie et le progrès.
Le paysage politique est un véritable maquis. « Il faudra des années pour comprendre le jeu électoral », estime le célèbre avocat tunisien Abdelfattah Mourou qui lui-même participe à brouiller les pistes.
L’ancien cofondateur du parti islamiste Ennahda fait cavalier seul à Tunis en tête de liste de « l’alliance démocratique ». Il se garde bien de dire quels liens il entretiendra à l’avenir avec Ennahda, dont chacun s’accorde à penser qu’il sortira forcément vainqueur du scrutin du 23 octobre.
Trois partis de l’opposition historique
Outre Ennahda, seuls quatre partis présentent des listes dans les 27 circonscriptions. Tout d’abord les trois partis de l’opposition historique à l’ancien régime. Le PDP (Parti démocrate progressiste) d’Ahmed Néjib Chebbi, qui s’oppose ouvertement à Ennahda ; le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL rebaptisé « Ettakatol » – « Forum ») de Mustapha Ben Jaafar, social-démocrate, sorte de PS tunisien ; et le Pôle démocratique moderniste, constitué de petits partis qui ont formé une coalition avec Ettajdid, l’ex-Parti communiste. À cela s’ajoute le Congrès pour la République (CPR), de Moncef Marzouki, opposant historique réfugié en France, qui rassemble des militants des droits de l’homme.
Ils sont talonnés par le PTT, Parti du travail tunisien d’Abdeljelil Bedoui, qui s’appuie sur le puissant réseau syndicaliste de l’UGTT, acteur majeur de la révolution. « Si Ennahda fait un très gros score, ces différents partis de gauche et centre gauche devraient se rapprocher », estime un diplomate.
Reste la variable des « RCDistes », les anciens du RCD, ex-parti au pouvoir aujourd’hui dissous, que l’on retrouve dans plusieurs partis, notamment ceux des anciens ministres Kamel Morjane (L’Initiative) et Mohamed Jegham (Al Watan, « la patrie »).
Engagements en matière des droits de l’homme
Pour que le premier vote libre ne soit pas un grand saut dans l’inconnu, 11 partis représentés dans la Haute Instance de la réforme politique, ont signé le 15 septembre une « déclaration du processus transitoire », feuille de route dans laquelle ils s’engagent notamment à limiter à un an la durée de l’Assemblée constituante. Seul le CPR s’est étonnamment retiré de cette décision collective.
Amnesty International a publié mardi 27 septembre un manifeste pour que les partis prennent 10 engagements en matière de droits de l’homme. Vingt-neuf partis ont déjà signé la charte qui les engage à réformer la justice et la police et lutter contre les violences et discriminations.
« Neuf autres partis ont accepté sept des dix engagements, précise Lotfi Azzouz, le directeur d’Amnesty International Tunisie. Malheureusement la lutte contre les discriminations, l’égalité homme-femme, font débat pour certains partis. » La position des différents partis sera rendue publique une semaine avant le scrutin.
MARIE VERDIER
29/9/11 - 19 H 45
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Les-electeurs-tunisiens-ont-l-embarras-du-choix-_EG_-2011-09-29-717540
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