Les jeunes diplômés ont de plus grandes chances de trouver un emploi, notamment en contrat à durée indéterminée, que les autres.
C’est un leitmotiv: les jeunes ont du mal à trouver du travail et à intégrer la vie active. Et bien souvent ils n’obtiennent que des emplois précaires. L’Insee estime à 23% le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans à la recherche d’un emploi en France, contre environ 9% pour l’ensemble de la population. Seules l’Espagne et l’Italie, en Europe, font moins bien. Plus de 640.000 personnes de cette classe d’âge sont inscrites à Pôle Emploi.
Ce constat n’est pas limité à la France: c’est le cas dans bien d’autres pays européens. Dans la zone OCDE, les jeunes chômeurs représentent 17,4% de la population active. Et l’on ne compte pas dans ce chiffre les «ni-ni»: les jeunes qui ne sont ni au travail, ni au chômage, ni étudiants. Au point que l’Organisation internationale du travail (OIT) s’inquiète d’une «génération perdue».
Il existe pourtant un moyen de remédier en partie à ce phénomène: les études. Ce n’est pas nouveau, bien sûr, mais un bon diplôme est encore plus utile en temps de crise. Le bon vieux «passe ton bac d’abord» répété par des générations de parents à leur progéniture a encore de beaux jours devant lui. Les jeunes diplômés ont de plus grandes chances de trouver un emploi, notamment en contrat à durée indéterminée, que les autres.
Retard rattrapé
Dans sa revue Regards sur l’éducation 2011, l’OCDE constate que la France a bien rattrapé son retard antérieur en matière de formation secondaire (bac, CAP ou BEP) puisque 84% des 25-34 ans ont désormais un diplôme de sortie du secondaire. Pour situer l’enjeu, la moyenne OCDE ne s’élève qu’à 81%. Mais inversement, un certain nombre d’autres pays atteignent 90%: la Russie, le Canada, la Pologne, la Corée notamment.
Quant à l’enseignement supérieur, il a également progressé: 43% des 25-34 ans ont un diplôme universitaire ou équivalent, contre 37% dans l’OCDE. Une nouvelle fois, en Russie, en Corée, au Canada et au Japon, plus de 50% des jeunes adultes ont terminé une formation supérieure.
Voilà des chiffres satisfaisants, mais l’OCDE constate aussi que, depuis 1995, le système connaît des craquements. Ainsi, le taux d’accès au baccalauréat n’a pas évolué depuis cette date. Surtout, la scolarisation des 15-19 ans recule: il est passé de 89% à 84% entre 1995 et 2009. Quant à celle des 20-29 ans, elle marque le pas. Elle se situe à 19% en France, à comparer à 26% en moyenne dans l’OCDE.
Résultat: 120.000 à 150.000 jeunes quittent chaque année le système éducatif sans diplôme, et il est très difficile de les rattraper et de les doter d’un cursus scolaire. Ce sont ces jeunes qui restent durablement au chômage, et qui, lorsqu’ils en sortent, enchaînent les travaux précaires. Un cursus qui, en se prolongeant dans le temps, pérennise leurs difficultés d’intégration.
«Micro-lycées»
Face au problème du décrochage scolaire, le gouvernement a expérimenté des «micro-lycées». Ces structures prennent en charge des élèves qui, après un décrochage, veulent reprendre des études. Classes très réduites, professeurs très disponibles, enseignement sur mesure: les micro-lycées marchent plutôt bien. Il devrait en être créé, à terme, un par académie. Mais la prévention du phénomène serait une stratégie encore meilleure.
Dans cette perspective, malgré l’impératif de rigueur budgétaire, l’OCDE préconise de consacrer plus de moyens à l’éducation, alors qu’en France, son poids dans la dépense publique a diminué depuis 1995. L’une des solutions serait de rééquilibrer les dépenses entre le secondaire, où, note l’Organisation, les dépenses par élève sont 12% plus élevées que dans la moyenne de l’OCDE, alors qu’elles sont de 14% inférieures dans le primaire.
Priorité au primaire
Car c’est dès le cycle primaire, certains spécialistes disent même dès la maternelle, qu’on doit lutter contre l’échec scolaire et le décrochage. Un effort en termes de compréhension de l’écrit, qui s’acquiert en primaire, est nécessaire, estime l’OCDE.
Au moment où l’on évoque le poids de la dette pour diminuer les dépenses budgétaires, faut-il faire un effort pour l’enseignement? C’est un pari payant. Jacques Attali (1), lorsqu’il présidait la Commission pour la libération de la croissance l’a souligné dans son deuxième rapport: le niveau d’éducation primaire recule et «ce recul constitue un obstacle à la croissance, dans l’économie de la connaissance et la mondialisation. L’école primaire doit être largement réformée. C’est notre premier grand chantier de long terme».
En fait, tous les experts, de l’Institut Montaigne à la Cour des comptes et au Conseil économique, social et environnemental, sont d’accord avec ce diagnostic: la bataille pour la compétitivité se gagne dans les petites classes.
Marie-Laure Cittanova
Chronique également parue sur Emploiparlonsnet
(1) Cofondateur de Slate.fr
Vendredi 30 septembre 2011
http://www.slate.fr/story/44405/etudes-job-emploi
C’est un leitmotiv: les jeunes ont du mal à trouver du travail et à intégrer la vie active. Et bien souvent ils n’obtiennent que des emplois précaires. L’Insee estime à 23% le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans à la recherche d’un emploi en France, contre environ 9% pour l’ensemble de la population. Seules l’Espagne et l’Italie, en Europe, font moins bien. Plus de 640.000 personnes de cette classe d’âge sont inscrites à Pôle Emploi.
Ce constat n’est pas limité à la France: c’est le cas dans bien d’autres pays européens. Dans la zone OCDE, les jeunes chômeurs représentent 17,4% de la population active. Et l’on ne compte pas dans ce chiffre les «ni-ni»: les jeunes qui ne sont ni au travail, ni au chômage, ni étudiants. Au point que l’Organisation internationale du travail (OIT) s’inquiète d’une «génération perdue».
Il existe pourtant un moyen de remédier en partie à ce phénomène: les études. Ce n’est pas nouveau, bien sûr, mais un bon diplôme est encore plus utile en temps de crise. Le bon vieux «passe ton bac d’abord» répété par des générations de parents à leur progéniture a encore de beaux jours devant lui. Les jeunes diplômés ont de plus grandes chances de trouver un emploi, notamment en contrat à durée indéterminée, que les autres.
Retard rattrapé
Dans sa revue Regards sur l’éducation 2011, l’OCDE constate que la France a bien rattrapé son retard antérieur en matière de formation secondaire (bac, CAP ou BEP) puisque 84% des 25-34 ans ont désormais un diplôme de sortie du secondaire. Pour situer l’enjeu, la moyenne OCDE ne s’élève qu’à 81%. Mais inversement, un certain nombre d’autres pays atteignent 90%: la Russie, le Canada, la Pologne, la Corée notamment.
Quant à l’enseignement supérieur, il a également progressé: 43% des 25-34 ans ont un diplôme universitaire ou équivalent, contre 37% dans l’OCDE. Une nouvelle fois, en Russie, en Corée, au Canada et au Japon, plus de 50% des jeunes adultes ont terminé une formation supérieure.
Voilà des chiffres satisfaisants, mais l’OCDE constate aussi que, depuis 1995, le système connaît des craquements. Ainsi, le taux d’accès au baccalauréat n’a pas évolué depuis cette date. Surtout, la scolarisation des 15-19 ans recule: il est passé de 89% à 84% entre 1995 et 2009. Quant à celle des 20-29 ans, elle marque le pas. Elle se situe à 19% en France, à comparer à 26% en moyenne dans l’OCDE.
Résultat: 120.000 à 150.000 jeunes quittent chaque année le système éducatif sans diplôme, et il est très difficile de les rattraper et de les doter d’un cursus scolaire. Ce sont ces jeunes qui restent durablement au chômage, et qui, lorsqu’ils en sortent, enchaînent les travaux précaires. Un cursus qui, en se prolongeant dans le temps, pérennise leurs difficultés d’intégration.
«Micro-lycées»
Face au problème du décrochage scolaire, le gouvernement a expérimenté des «micro-lycées». Ces structures prennent en charge des élèves qui, après un décrochage, veulent reprendre des études. Classes très réduites, professeurs très disponibles, enseignement sur mesure: les micro-lycées marchent plutôt bien. Il devrait en être créé, à terme, un par académie. Mais la prévention du phénomène serait une stratégie encore meilleure.
Dans cette perspective, malgré l’impératif de rigueur budgétaire, l’OCDE préconise de consacrer plus de moyens à l’éducation, alors qu’en France, son poids dans la dépense publique a diminué depuis 1995. L’une des solutions serait de rééquilibrer les dépenses entre le secondaire, où, note l’Organisation, les dépenses par élève sont 12% plus élevées que dans la moyenne de l’OCDE, alors qu’elles sont de 14% inférieures dans le primaire.
Priorité au primaire
Car c’est dès le cycle primaire, certains spécialistes disent même dès la maternelle, qu’on doit lutter contre l’échec scolaire et le décrochage. Un effort en termes de compréhension de l’écrit, qui s’acquiert en primaire, est nécessaire, estime l’OCDE.
Au moment où l’on évoque le poids de la dette pour diminuer les dépenses budgétaires, faut-il faire un effort pour l’enseignement? C’est un pari payant. Jacques Attali (1), lorsqu’il présidait la Commission pour la libération de la croissance l’a souligné dans son deuxième rapport: le niveau d’éducation primaire recule et «ce recul constitue un obstacle à la croissance, dans l’économie de la connaissance et la mondialisation. L’école primaire doit être largement réformée. C’est notre premier grand chantier de long terme».
En fait, tous les experts, de l’Institut Montaigne à la Cour des comptes et au Conseil économique, social et environnemental, sont d’accord avec ce diagnostic: la bataille pour la compétitivité se gagne dans les petites classes.
Marie-Laure Cittanova
Chronique également parue sur Emploiparlonsnet
(1) Cofondateur de Slate.fr
Vendredi 30 septembre 2011
http://www.slate.fr/story/44405/etudes-job-emploi
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