samedi 30 juillet 2011

Vers une Réforme des Licences

Laurent Wauquiez prend la tête du projet de Réforme des Licences initié par Valérie Pécresse lorsque celle-ci était encore Ministre de l’Éducation Nationale. La « nouvelle » Licence devrait être mise en place dès la rentrée 2012 et reprendra le modèle « Grande École » en visant l’insertion professionnelle par le biais de stages et d’un volume horaire plus important.

Adoptée le 12 Juin au Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER) à 26 voix contre 20, la nouvelle mouture des Licences Universitaires devrait voir le jour en 2012. Selon Mr. Wauquiez, il s’agit d’un « accord historique ». Les détracteurs de la réforme sont pourtant catégoriques : même si celle-ci part d’un bon sentiment (réduire le gouffre qui sépare les universitaires des étudiants issus des Grandes Écoles et ainsi faciliter l’insertion des premiers), elle ne constitue qu’un ersatz du système actuel et répond aux problèmes de fond à travers des mesures jugées « enfantines ». Défaitisme ou réalisme ?
Haro sur les perceptions !

L’objectif principal du Ministère de l’Éducation Nationale est de changer l’opinion des entreprises sur les étudiants de Licence, souvent considérés comme des « dilettantes » à cause d’un volume horaire très faible (400 heures de cours par an, comparés aux 800-1000 des formations en classes préparatoires) et d’un manque d’expérience professionnelle.

Fini, donc, les emplois du temps « gruyère » qui préoccupaient les élèves et leurs parents. Au terme de leur 3ème année de licence, les étudiants auront –en théorie – assisté à un minimum de 1500 heures de cours.

En outre, ceux-ci devront effectuer un stage lors de leur cursus dans le but de les familiariser avec le monde de l’Entreprise. Apanage des Grandes Écoles, les stages représentent un bonus en termes d’insertion professionnelle : les ressources humaines privilégient effectivement davantage les diplômés ayant connu une immersion dans le monde du travail, aussi courte fût-elle.

La troisième orientation du référentiel prône un encadrement plus personnalisé et individuel des étudiants : entretiens en cas d’échec, possibilités de réorientation, passerelles vers d’autres licences. En d’autres termes, la possibilité de personnaliser son parcours au gré de son évolution. Ainsi, les étudiants en difficulté pourront choisir de se réorienter tandis qu’au contraire, les meilleurs pourront prétendre à des cursus dits « d’excellence » : double-licence ou cycles préparatoires.

Les associations étudiantes ont applaudi l’initiative et l’ont voté à l’unanimité. Le projet est populaire chez les jeunes, signe que le Ministère s’aventure dans la bonne direction. Néanmoins, certains restent sceptiques.

De Charybde en Scylla ?

S’il est vrai que la réforme est largement approuvée par le monde étudiant, les professeurs, eux, ont quelques réserves. Au vu des récentes tendances de l’enseignement et des effectifs limités, la crainte la plus répandue est celle de la surcharge de travail qu’entrainerait une augmentation du volume horaire, sans compter que le nombre de maîtres de conférences devrait diminuer dans les années à venir. Les enseignants ont l’habitude de dispenser leurs cours dans des amphithéâtres de parfois plusieurs centaines d’étudiants et envisagent difficilement une conciliation éventuelle entre encadrement individuel et enseignement universitaire.

Certains considèrent également que le vrai problème ne provient pas de l’Institution en elle-même, mais plutôt du système dans lequel elle est ancrée : la compétitivité entre Universités d’une part et Grandes Écoles de l’autre et la demande de travail en hausse dans un milieu professionnel qui ne peut pas toujours se permettre d’embaucher « à foison », en particulier chez les PME dont la majorité connaissent des problèmes de financement. Ipso facto, réformer l’Université sans prendre en compte ce système ne constitue pour certains rien de plus qu’un cataplasme sur une jambe de bois. Pourtant, Laurent Wauquiez a bel et bien fait appel aux Ressources Humaines des entreprises pour leur demander de changer leurs habitudes et d’élargir le champ de leurs embauches en proposant des contrats aux titulaires d’une licence générale et pas seulement aux licenciés très spécialisés. Il est malheureusement peu probable que l’appel soit entendu, l’État n’ayant que peu d’influence sur les entreprises du secteur privé.

Dernier argument : le programme des universités tel qu’il est conçu est adapté aux volumes horaires actuels. Certaines formations réclament un travail personnel très poussé et augmenter le nombre d’heures pourrait induire des difficultés chez les étudiants qui doivent travailler pour financer leurs études, par exemple. De ce fait, modifier la Licence implique de modifier le programme, et le changement de rythme pour les professeurs comme pour les élèves pourrait se révéler contreproductif à court terme.
http://actualite.e-tud.com/11941-vers-une-reforme-des-licences/

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