jeudi 19 septembre 2013

En bref : Voyager-1 nous envoie le premier son interstellaire

En confiant à un haut-parleur les signaux recueillis par la sonde Voyager-1 au moment où elle franchissait l’une des frontières du Système solaire, la Nasa nous donne à entendre la vibration du gaz dans lequel baignent les étoiles de la Voie lactée. Le bruit le plus lointain qu’une oreille humaine ait entendu…

Dans le gaz ionisé qui l’entoure, la sonde Voyager-1 a enregistré deux séries d'ondes, qui sont la signature du milieu interstellaire, et non du vent solaire. Transmis sur un haut-parleur, ces signaux ont fait entendre un son ! © Nasa, JPL

C’est un sifflement, qui s’intensifie de mois et en mois, et qui atteint son paroxysme avant de se calmer. Il nous vient des confins du Système solaire, enregistré par la sonde de la Nasa Voyager-1. On sait désormais qu’elle a franchi en août 2013 une frontière importante de notre monde : celle appelée héliopause, où le vent solaire est brutalement arrêté par le gaz interstellaire, celui qui constitue le grand nuage qu’est notre galaxie.

Comme nous l’avions expliqué, c’est une éruption solaire qui a permis d’affirmer ce passage, que l’on sait proche depuis longtemps. En parvenant le 9 avril 2013 là où se trouvait alors Voyager-1, cette grosse bouffée de particules a fait vibrer le gaz, en fait un plasma, ionisé, et donc électriquement chargé. Cet effet a engendré des variations du champ magnétique, mesurées par les instruments de la sonde. Or, les fréquences de résonance observées ne sont plus celles du plasma solaire, mais celles du milieu intersidéral. Donc, l’héliopause avait été franchie. CQFD.

On peut en conclure que les vibrations naturelles soigneusement enregistrées par Voyager-1 depuis plusieurs mois sont de moins en moins celles dues au Soleil, et de plus en plus celles du plasma de la Voie lactée (que l’on pourrait écrire pour l’occasion « Voix lactée »…). Par deux fois, et brutalement, entre octobre et novembre 2012 et entre avril et mai 2013, la sonde a enregistré un pic d'amplitude de ces vibrations, le second étant plus fort que le premier. Il a suffi d’envoyer sur un haut-parleur ce signal, dont les fréquences se trouvent dans le domaine audible, pour obtenir un son : celui de la « Voix lactée » qui chante de plus en plus fort.


Une vue d'artiste des limites du Système solaire. Le Soleil, avec son cortège planétaire, se déplace au sein de la Voie lactée (ici de la droite vers la gauche), et les particules qu'il expulse (le vent solaire) rencontrent le plasma interstellaire. Le bord de la bulle bleue est le « choc terminal », là où le vent solaire, freiné, passe d'un régime supersonique à des vitesses subsoniques. La zone bleutée étirée vers la droite est l'héliosphère, délimitée à gauche par l'héliopause, région en quelque sorte frontale par rapport au déplacement du Soleil. C'est là que se trouve Voyager-1. Juste un peu loin, la couleur orangée indique l'onde de choc sur le milieu interstellaire. © Nasa, JPL-Caltech

Le 18/09/2013 à 16:37 - Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences

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