dimanche 27 mai 2012

Les Suisses aiment les pays en crise

TOURISME • La Tunisie ou l’Egypte attirent les touristes suisses, alléchés par de bas tarifs. Frappée par la crise, la Grèce peut aussi compter sur la fidélité des Suisses, après avoir baissé ses prix.

C’est décidé:en août, Susy et son mari Pierre passeront deux semaines de vacances en Tunisie avec leurs jumeaux, Selma et Timeo, 3 ans. Le tout pour 3860 francs, en «all inclusive»:hôtel cinq étoiles à Hammamet, vol, transferts, repas. Le soleil, la plage et le thé aux pignons en prime.

C’est la première fois que cette famille, établie à Nyon, s’envole pour ce pays. «J’ai regardé les offres sur internet. La destination importait peu», raconte Susy. «Il y avait cette offre pour la Tunisie, avec 40% de rabais. Et en «all inclusive». Ce qui est super-pratique quand on a des enfants.» Avant de réserver, la jeune femme s’est tout de même renseignée: «Vu la situation politique, je m’inquiétais un peu. J’ai regardé ce que disait de la Tunisie le Département fédéral des affaires étrangères, dans ses conseils aux voyageurs:il n’y avait pas de restriction particulière. Dans une agence, on m’a également dit qu’il n’y avait aucun souci à se rendre à Hammamet, que l’endroit était très touristique.»

La demande triple d’un coup

A l’instar de Susy et de sa petite famille, les Suisses sont nombreux à vouloir mettre le cap cet été vers des pays comme la Tunisie ou l’Egypte. «Si l'on compare la demande actuelle pour la Tunisie avec les réservations après le Printemps arabe 2011, elle a triplé. En outre, actuellement, la Tunisie (Djerba surtout) figure parmi les cinq destinations les plus appréciées –avec l’Amérique du Nord, la Turquie, la Crète et Majorque–à la fois pour les vacances de printemps et les vacances d'été», indique Prisca Huguenin-dit-Lenoir, directrice de la communication chez Hotelplan Suisse. Pour l’Egypte, les réservations ont également doublé en un an, avec une hausse des demandes depuis Pâques, observe-t-elle.

Simon Marquard, son homologue chez Kuoni, relève:«Les voyages pour l’Egypte ou la Tunisie sont cet été certainement moins chers que jamais: les prix de Kuoni et Helvetic Tours sont en moyenne jusqu’à 15% moins chers que l’année dernière. Si bien que nous enregistrons une augmentation des réservations entre 50 et 100% pour ces deux pays.»

Un autre pays qui figure parmi les bons plans de l’été, c’est la Grèce. Une crise financière et politique sans fin ont pourtant freiné l’ardeur des vacanciers européens. Pas les Suisses: «Les réservations d'été pour les îles grecques sont actuellement légèrement plus nombreuses que l’an passé. Pour les îles de Corfou, Rhodes et Samos, il s’agit même d’une progression à deux chiffres», avance Prisca Huguenin-dit-Lenoir, sans indiquer le pourcentage exact. «Cela signifie que les Suisses, contrairement aux Allemands ou aux Anglais par exemple, ne se laissent pas influencer par les mauvaises nouvelles. L'année dernière déjà, les îles grecques figuraient parmi les cinq meilleures destinations de l'été et affichaient une progression à deux chiffres par rapport à 2010.»

En raison du taux de change favorable de l'euro, les vacances d’été 2012 sont en général –et pas seulement pour la Grèce– une nouvelle fois plus avantageuses que l'an dernier pour les clients, ajoute la porte-parole d’Hotelplan Suisse. De plus, les négociations avec les partenaires locaux ont permis d’obtenir des offres très intéressantes, jamais aussi basses relève Prisca Huguenin-dit-Lenoir. Qui, au final, estime que les prix de la saison sont jusqu’à 20% inférieurs à ceux de l’an dernier.

Dans ce pays fui par les vacanciers eurotpéens, où le tourisme représente 18% du produit intérieur brut, la branche a compris qu’elle n’avait pas d’autres choix. «Beaucoup d'établissements hôteliers proposent des réductions variant entre 15 et 20%», indique Patrice Parein, responsable de Grèce Vacances, agence basée à Athènes. Les hôteliers ne sont pas les seuls à faire des sacrifices. «Nous avons descendu notre marge de fonctionnement pour réduire les prix et refaire démarrer les réservations», concède Patrice Parein.

Les Helvètes sont fidèles...

Car ce Français marié à une Grecque, établi dans le pays depuis douze ans, n’a pas le sourire des voyagistes suisses. «Notre bureau est une agence qui propose des séjours sur mesure, travaillant uniquement via internet, avec une clientèle francophone venant principalement de France, du Canada, de Belgique, de Suisse, d’Afrique du Nord et centrale. A ce jour, nous avons enregistré une baisse des demandes de séjour de l'ordre de 40% et des annulations de réservation de 30% durant le mois de mai, à la suite des dernières élections. La situation semble toutefois se stabiliser en ce qui concerne les annulations.» Et heureusement, sa clientèle suisse lui est restée fidèle, apprécie Patrice Parein. I

Surveillance quotidienne

Et l’Espagne, l’Italie, le Portugal, ces autres pays en pleine crise financière? Les grands voyagistes ne sont pas en mesure de donner une tendance touristique. «Ces destinations, à l’exception des îles espagnoles, sont plutôt des destinations pour des voyages individuels, moins pour la grande masse», indique Prisca Huguenin-dit-Lenoir, porte-paorle d’Hotelplan Suisse. «La plupart des personnes organisent leurs vacances par elles-mêmes, sans passer par un voyagiste. Pour nous, ce ne sont pas des destinations phares.» Du côté de Kuoni, Simon Marquard constate une augmentation de l’intérêt des clients pour les îles Baléares et les Canaries. Une augmentation de l’intérêt qui se réflète également sur la Turquie et Chypre. Enfin, faut-il craindre de se rendre dans des pays comme la Tunisie ou l’Egypte? Non, assurent les voyagistes comme Hotelplan Suisse ou Kuoni. «Les rassemblements –tels qu'on a pu en voir en Egypte – se concentrent souvent dans la capitale, tandis que les zones touristiques balnéaires ne sont pas affectées», précise Prisca Huguenin-dit-Lenoir. «Nous surveillons l'évolution dans les pays arabes en permanence et sommes en contact chaque jour avec nos agents et guides sur place. En outre, en tant que voyagistes, nous nous tenons toujours aux directives du Département fédéral des affaires étrangères». Tout comme Kuoni, confirme Simon Marquard. Raison pour laquelle aucune offre n’est proposée en direction de la Libye, du Pakistan ou de l’Afghanistan.

KESSAVA PACKIRY
26/05/2012
http://www.laliberte.ch/faitdujour/les-suisses-aiment-les-pays-en-crise

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire