samedi 16 juillet 2011

Pour la gratuité de l’enseignement supérieur

Le lobby en faveur de la suppression de la quasi gratuité des études supérieures revient à la charge dans Le Figaro, profitant de la période estivale où les étudiants sont moins vigilants, pour avancer ses pions. Reprenons point par point la thèse des partisans d’une américanisation de notre système pour mieux la démonter.
Tout d’abord, les officines en faveur de frais d’inscription à 10 000€/an (dans un premier temps… !) comparent notre système en premier lieu avec le système américain sur un seul critère : celui de la quantité d’argent disponible pour former un élève. Cela relève d’une pure idéologie dont le qualificatif n’existe guère, mais qui est pourtant très répandue en notre société ; l’argent serait à même de régler tous les problèmes et un problème non résolu ne serait dû qu’à un manque d’argent. Rien n’est plus faux et il faudra bien un jour que les mentalités polluées par cet état d’esprit changent profondément. De même, la qualité de l’enseignement et la quantité d’argent qui est injectée seraient liés. Là encore, on est en plein délire américain ! Dieu merci, bien qu’anglo-saxons, les britanniques ne pensent pas ainsi. Quant à la France, son histoire est jonchée de prouesses qui ont été faites, justement, avec presque rien, prouvant par-là que ce qui compte avant tout c’est la volonté et non l’argent.

Approfondissons un peu la question du soi-disant manque d’argent dans nos universités. Que l’on sache, les enseignants ne sont tellement payés et cela n’a pas changé depuis des décennies. Pourquoi alors un système qui, dit-on, marchait il y a quarante ou cinquante ans, ne marcherait-il plus aujourd’hui ? Car le constat des partisans du paiement des études affirment que le système aujourd’hui ne marche plus. Les choses semblent pourtant assez simples et la réponse a deux volets. Le premier, c’est la doctrine des gouvernements successifs qui ont porté une doctrine de 80% d’une classe d’âge au BAC, lequel BAC ne vaut rien ; il suffit pour cela de voir une dictée de CM2 des années 60 faite par des bacheliers d’aujourd’hui pour voir qu’ils n’auraient même pas pu avoir un certificat d’études de l’époque. En conséquence de quoi l’on peut en conclure que 80% voire plus de bacheliers ne maîtrisent pas la langue française, leur langue ! Comme il n’y a pas de barrage à l’entrée à l’université, tout ce petit monde y entre donc et le gouvernement s’échine ensuite à essayer de faire réussir ces personnes qui n’avaient pas les capacités de faire des études universitaires. Mais pour dire à quelqu’un qu’il n’a pas le niveau, il faut un minimum de courage, qualité qui a disparu depuis bien longtemps des cercles de décision à tous les niveaux et pas seulement dans l’Education Nationale. Au final on sort des personnes non pas mal formée, mais quelque peu inaptes à ce que l’on pourrait qualifier d’études supérieures.

Le deuxième volet, c’est l’entrée de l’université, à l’instar de l’université américaine, dans la compétition internationale via les programmes de recherche. Là, il faut innover pour ensuite transférer les résultats dans l’industrie qui, à bon compte, pourra rançonner ses clients en leur faisant payer cher des découvertes obtenues pour peu cher et surtout subventionnées sans être critiquables par les règles de l’OMC. Il est clair que la recherche coûte cher. Là, probablement, faudrait-il privatiser un peu, certains secteurs étant clairement non fondamentaux et relevant bien davantage de l’industrie que de la recherche fondamentale. Or que fait-on ? Plutôt que de payer des ingénieurs au tarif ingénieur, on a mis en place des cursus dits de thèse, ou encore d’enseignement par la recherche, qui coûtent cher et où les acteurs sont très peu rémunérés alors que c’est là que la valeur de demain se crée. Or, c’est cela qui coûte cher et qui est rattaché aux universités. On veut donc faire aujourd’hui payer les études universitaires pour financer en sous-main des programmes de recherche qui sont vendus à vil prix à leurs utilisateurs. Cela est tout simplement scandaleux ! Faire un cours n’a jamais coûté cher, surtout au prix où sont payés les enseignants encore une fois ; on n’a besoin que d’un tableau et d’une craie et c’est bien suffisant, pour peu que l’on ait un peu de discipline dans l’amphithéâtre et, surtout, que ceux qui n’ont rien à y faire n’y soient pas présents.

Vient alors l’argument de la redistribution. Là, c’est l’hôpital qui se fiche de la charité. On assiste à un phénomène extraordinaire : la haute finance se penche sur le sort de l’université et décrète, chiffres à l’appui, qu’elle assure avant tout la reproduction sociale et qu’elle empêche les éléments des couches défavorisées de la société d’améliorer leur niveau. On croit rêver. On nous rejoue la tragédie du FMI : les pays riches prêtent aux pays pauvres en faillite (cf Argentine) et y créent bien plus de misère qu’il n’y en avait auparavant en voulant les sauver. Gageons que cela se produira très prochainement en Grèce… Là c’est pareil. Il y a encore une fois deux volets dans la réponse. Le premier est sur la réalité ou non de la redistribution due à l’enseignement.

Statistiquement, il n’est pas question de remettre les chiffres en cause. Par contre, cela n’abstient pas d’examiner ces chiffres avec intelligence, qualité qui semble quelque peu manquer aux tenants de la fin de la gratuité des études supérieures, à moins qu’ils n’aient autre chose derrière la tête. En effet, prenons l’exemple des fils d’agriculteurs qui sont de moins en moins nombreux à faire des études supérieures. En réalité, les bureaux parisiens dorés sont coupés de la réalité des campagnes depuis bien des années maintenant semble-t-il. Une ferme, aujourd’hui, c’est une véritable entreprise avec des millions d’euros de capital. La priorité devient alors la transmission du capital à la descendance, laquelle suit alors les traces des rejetons des patrons du CAC 40 qui, c’est bien connu, à quelques rares exceptions près, n’ont pas particulièrement brillé par leur réussite dans l’enseignement supérieur, ce qui, remarquons-le honnêtement, ne les empêche, semble-t-il en rien, de réussir dans les affaires…

par Geneste samedi 16 juillet 2011

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