jeudi 12 avril 2012

Le travail d’équipe améliore les capacités cognitives


Au cours de son évolution, le cerveau de l’homme a gagné en volume. Le processus serait induit par notre aptitude à travailler en équipe.

Un cerveau adulte pèse en moyenne 1,3 kilogrammes et comporte environ 100 milliards de neurones. Un attirail bien supérieur aux besoins d’un animal de notre taille. Pourquoi donc notre cerveau est-il aussi gros ?

Plusieurs études ont déjà tenté de répondre à la question, en invoquant l’hypothèse de l’intelligence sociale. Pour suivre le fil des relations qu’il entretient, l’homme aurait besoin d’un « ordinateur complexe embarqué ». Sans quoi il ne saurait distinguer ses ennemis, ses amis, ses supérieurs, etc. Les primates dotés d’un plus gros cerveau ont alors tendance à vivre dans des groupes sociaux plus conséquents. Mais ces études ont échoué, jusqu’ici, à comprendre les processus d’évolution de notre matière grise.

Pour trouver la clé de l’énigme, le doctorant Luke McNally et ses collègues du Trinity College à Dublin, ont modélisé cinquante cerveaux humains dits ‘simple’. Dotés seulement de 3 à 6 neurones. Ils ont ensuite procédé à des centaines de simulations informatiques, basées sur deux tests différents.

Dans l’un de ces schémas, deux criminels se font arrêtés par la police. Lors de l’interrogatoire, chacun d’eux doit se décider, ou non, à dénoncer son complice. Si l’un d’eux parle, il sera relâché et enverra son complice en prison. Si tous deux se taisent, ils écoperont d’une courte peine. Et s’ils choisissent de s’entraider, ils seront libérés. Il apparaît que les individus auraient plus à gagner en jouant la carte de l’égoïsme.

Au fur et à mesure des simulations, les capacités cognitives des cerveaux vainqueurs – ceux qui se concertaient – évoluèrent de manière exponentielle. Leur taille et le nombre de neurones ne cessaient d’augmenter. Et puisque le cerveau se développait, les individus devenaient bien plus enclins à coopérer. L’effort collectif alimente l’expansion de la matière grise et vice versa.

Notre physiologie limite néanmoins l’étendue de la coopération entre les hommes. « Notre cerveau ne peut pas encore gérer l’entraide au sein d’une trop grande communauté de personnes, affirme l’anthropologue Robin Dunbar. Un bon réseau social, pour être efficace et actif, ne doit pas aller au delà de 150 personnes. Alors pour générer une meilleure cohésion sociale sur un pays comme la France, mieux vaudrait ne pas attendre après l’évolution ! »

Marie Dias-Alves

Sources : PhysOrg, Proceedings of the Royal Society B, Science AAAS
Photo : Brent Stirton pour le National Geographic Magazine
11 avril 2012 – 16:38

http://www.nationalgeographic.fr/actualite/travail-equipe-cognition-cerveau-taille-social/7915715/

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