dimanche 8 avril 2012

Les «flops» technologiques : «L'innovation, c'est une prise de risque»

Publié par : Temey, le Vendredi 06 Avril 2012 - 06:03 

INTERVIEW - Pourquoi certains produits technologiques sont des succès, alors que d'autres sont des «flops» ? «20Minutes» a posé la question à Nicolas Nova, consultant au Near Future Laboratory et enseignant à la HEAD-Genève...

Qu’est-ce qui définit un «flop» technologique ?

Il y a, en général, deux manières de le définir. Il y a d’abord le produit qui ne s’est pas vendu, comme le robot Aibo de Sony qui ne s’est écoulé qu’à seulement 2.500 exemplaires à travers le monde. Et il y a ensuite le produit qui s’est vendu, ou qui a été distribué, mais qui n’a pas été utilisé par le public. Comme le visiophone, distribué en France à des gens qui ne se connaissaient pas forcément. Du coup, ça n’a pas pris, alors que maintenant des outils comme Skype rencontrent un certain succès.

Et qu’est-ce qui fait le succès d’un produit ?

C’est bien évidemment quand le public se l’approprie. Quand il y a une masse critique qui s’en empare. Comme pour le téléphone, qui, au début, servait à diffuser de l’opéra à distance, avant que les gens ne se mettent à l’utiliser pour se parler entre eux. Ou comme le livre numérique, qui existe depuis 25 ans, mais qui commence seulement maintenant à trouver son public.

Parmi les innovations actuelles, certaines vous semblent-elles promises à l’échec ?

On a constaté ces derniers temps une arrivée massive des téléviseurs 3D. C’est une logique qui a été poussée par les constructeurs, mais ce n’est pas sûr que les utilisateurs suivent. J’ai beaucoup observé les jeunes utilisateurs de consoles portables en 3D. Tous désactivent la fonction 3D au bout de quelque temps d’utilisation. Il ne faut pas croire, parce que la technologie fonctionne, qu’elle va s’imposer d’elle-même.

Y’a-til des produits condamnés à faire des «flops» ?

Il y effectivement des échecs récurrents. Comme pour les réfrigérateurs intelligents… Tous les ans, il y en a qui sortent, et tous les ans, c’est un bide. Sauf peut-être sur des marchés comme la Corée du Sud. Mais le souci avec ce genre de frigo, c’est qu’il va fonctionner sur un rythme qui est toujours le même, sans tenir forcément compte de vos sorties au restaurant ou de vos absences lorsqu’il fera les réapprovisionnements via Internet. Il y a donc un risque que vous vous retrouviez toujours avec la même chose à manger. Ou avec des packs de laits livrés en votre absence.

L’échec est-il inéluctable ?

L’innovation, c’est la prise de risque. Et en Europe, on a du mal avec la prise de risque, alors qu’aux Etats-Unis, on la valorise. On croit que les constructeurs arrivent avec un nouveau produit et rencontrent tout de suite l’adhésion du public. Mais pour un iPod, combien d’échecs auparavant ? L’important, c’est d’apprendre rapidement de ses erreurs. Car c’est de ses échecs que peut venir un succès futur. ...

Auteur : Mathieu Gruel

Source : www.20minutes.fr

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