La pratique du «réseautage social» devient courante. D’utile, elle risque de devenir dangereuse compte tenu des informations publiées. Il est important d’être conscient des risques que cela implique. Par ailleurs, décourager l'usage pur et simple des réseaux sociaux n'aurait pas forcément de sens.
Développer une véritable éducation numérique serait plus utile. Il est important d’expliquer aux utilisateurs les menaces qui découlent d'une utilisation non réfléchie des réseaux sociaux. Il est important aussi de les sensibiliser au contrôle des informations qu’ils diffusent. C’est pourquoi l’utilisation des réseaux sociaux devrait faire l’objet d’une éducation numérique auprès de chaque internaute.
La formation sur les risques numériques est nécessaire, car elle porte à la fois sur l'aspect technique mais aussi sur l'approche stratégique de la défense. Il faut faire de la formation et de la prévention partout, dans les entreprises, les écoles, auprès des parents. Tous doivent être sensibilisés au risque numérique.
Il est aussi nécessaire d’introduire à l’école l’apprentissage des règles d’utilisation et de précaution vis-à-vis de ces médias. Selon une enquête menée au Royaume-Uni (1), les élèves sont moins vulnérables aux cyberdangers à long terme quand ils ont plus de liberté sur le Web à l’école. Les auteurs du rapport d’enquête concluent que les systèmes de contrôle qui « gèrent » le contenu en ligne sont plus sécuritaires que ceux qui le « verrouillent ». Cette modalité « oblige les élèves à assumer leur propre responsabilité ».
Les élèves deviennent ainsi outillés pour qu’ils apprennent à travailler avec les cyberdangers sans danger. Ils acquièrent progressivement des compétences qui les aident à adopter des pratiques sécuritaires, même quand ils ne sont pas supervisés. Ils sont aidés, dès leur jeune âge, à évaluer le risque d’accéder à certains sites.
Le rapport fait l’éloge des écoles qui ont adopté une politique qu’ils ont appelée « Réfléchis avant de cliquer ». La politique encourage les élèves à se poser des questions telles que «Suis-je sûr que ces personnes sont bien comme elles prétendent l’être ? » et « Quelles sont les informations que je peux dévoiler sur Internet à mon sujet ? ».
Le défi devient alors de savoir comment encourager davantage d'étudiants à utiliser les outils activement plutôt que passivement - l'utilisateur contrôle l'outil, plutôt que l'outil de dicter l'activité de l'utilisateur.
Il est possible d’affirmer qu’à ce stade du développement des TIC, globalement, il est encore tôt d’évaluer l’impact des réseaux sociaux sur notre vie quotidienne, notre identité culturelle, nos modes de consommation, les médias, etc. Nous ne pouvons qu’apprécier partiellement les tendances et les utilisations possibles à court et à moyen terme.
Dans le domaine éducatif, une réponse appropriée à l’utilisation de ces outils de réseautage social n'est pas, à mon avis, de les rejeter comme non pertinents à l’enseignement et l'apprentissage, mais plutôt d’en tirer profit du fait que de nombreux étudiants sont déjà familiers avec l'utilisation passive du réseautage social et de les encourager à développer des utilisations plus innovantes. Ils veulent participer et il serait plus judicieux de garantir leur participation en classe.
Nous avons vu que les précurseurs de ces outils les considèrent comme un service au bénéfice de l’« intelligence collective ». Ils exploitent les technologies de la communication conférant à Internet une capacité d’unifier les efforts et de générer des activités humaines à valeur ajoutée, une synergie du partage. Ces technologies permettent d’abolir les frontières et de connecter l’humanité. On s’aperçoit de plus en plus de la synergie éducative des réseaux virtuels.
Ainsi, les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle bienfaiteur dans le domaine de l'éducation (enseignement et apprentissage), car ils favorisent la communication réelle, le travail collaboratif entre les enseignants et les étudiants et le développement de contacts interculturels. Ils ont la capacité de coconstruire le savoir. Il importe, cependant, de rester conscient de leurs pièges. Il est important de rester contemporain et de suivre le progrès. Une telle conscientisation passe nécessairement par l’école. Notre école est-elle prête ?
L’éducation et les réseaux sociaux sont donc un monde à réinventer. On ne doit pas prendre cela à la légère. Peut-être que nous ne saisissons toujours pas les changements importants dans ce monde numérique.
Avec le Web 2.0, une nouvelle culture, pouvant être appelée « Culture 2.0 », basée sur la communication, le relationnel et le partage est en train d’émerger. Bien au-delà de l’outil, c’est un élément du changement culturel qui s’opère sous nos yeux. Le système éducatif doit s’en emparer.
Références
(1) RIRE (Réseau d’information pour la réussite éducative). Les élèves doivent apprendre à gérer les risques du Web. 11 février 2010. http://rire.ctreq.qc.ca/2010/02/les-eleves-doivent-apprendre-a-gerer-les-risques-du-web/
Rached Boussema
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