mardi 24 mai 2011

Ne laissons pas se flétrir la révolution du jasmin

Jeudi 26 et vendredi 27 mai, la Tunisie sera sur les planches de Deauville. Et les mots "révolutions arabes" fleuriront dans les discours des chefs d'État du G8. Mais cela fera-t-il éclore un plan économique de soutien à la transition démocratique ?


Des économistes de renom, dont Joseph Stiglitz, prix Nobel, ont lancé un appel pressant pour que les pays riches, réunis à Deauville à l’occasion du G8, investissent massivement en Tunisie. Cela tombe bien : pour la première fois de son histoire, ce petit pays qui vient de commettre une grande révolution – "contagieuse" de surcroît – vient d’y être invité.

"Il est essentiel que les pays membres du G8 fassent le nécessaire pour que la Tunisie puisse être et demeurer l’exemple en matière de changement social, économique et démocratique pour l’ensemble de la région et au-delà", écrivent ces têtes pensantes (et avisées). Qui concluent leur plaidoyer en rappelant que ce nouveau Plan Marshall (ou Plan "Karama" – pour Dignité – comme joliment baptisé par un homme politique tunisien) ne coûterait que 2 à 3 % de ce qu’a coûté la réunification allemande et à peine un à deux mois de guerre en Irak ! Une broutille, en somme.


Mais certains argueront que les pays riches ne le sont plus (la faute à la crise) et puis qu’avec ces "Arabes" on ne sait jamais, mieux vaut attendre de voir s’ils ne vont pas nous élire quelques barbus infréquentables.

Pourtant, Stiglitz et ses compères ont tout prévu : "Nous avons la responsabilité collective de faire en sorte que cette transition réussisse pour prouver que la coopération économique est la meilleure barrière contre les extrémismes", insistent-ils. Seront-ils entendus ?

Barack Obama – qui a toujours eu le sens du timing – a pris les devants : dans un beau discours, il vient de promettre monts et merveilles à la Tunisie (et à l’Égypte aussi, d’ailleurs). Yes, he can, mais "le vendeur de rue de Sidi Bouzid" (je cite) fait-il vraiment partie de ses priorités ? On peut se poser la question car on se souvient qu’au Caire en 2009, il avait aussi fait sensation : deux ans plus tard, qu’en reste-t-il ? Pas grand-chose.

Alors, wait and see…

C’est ce qu’a dû se dire également notre Sarkozy national en recevant à l’Élysée le très vénérable (et néanmoins fringuant) Premier ministre tunisien. Paroles aimables, là encore, promesses de soutien indéfectible, comme il se doit entre "amis". Sauf qu’à la première occasion de manifester concrètement sa solidarité, par exemple en recevant à peu près correctement les quelques milliers de Tunisiens de Lampedusa, la France s’est fermée comme une huitre frileuse. Dans le même temps, à la frontière tuniso-libyenne, plus de 300.000 réfugiés ont été accueillis dignement (et continuent à l’être !).
...
Qu’on nous lâche donc les babouches avec "l’authenticité" et nos ancêtres les Arabes (ça ne vous rappelle pas quelque chose ?) ! Moi, ma tunisianité, c’est la chakchouka, un savant mélange poivrons, tomates, oignons et harissa. À chacun sa recette.

Et si le G8 voulait bien y rajouter quelques milliards en guise de dessert, je ne verrais aucun inconvénient à ce que l’on offre le thé à la menthe à Obama et même à Sarkozy, sans oublier Stiglitz, bien entendu…J’en connais un excellent à Hammamet. …

Sélectionné et édité par Daphnée Leportois
Auteur parrainé par François Reynaert

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