La cartographie est en train de se démocratiser grandement grâce à la masse de données accessibles au grand public et aux outils informatiques.
Nous vivons dans un nouvel âge d’or des cartes. Domaine autrefois réservé des grandes compagnies et des professionnels, de l’IGN au national Geographic, la cartographie est en train de se démocratiser grandement grâce à la masse de données accessibles au grand public et aux outils informatiques. Grâce aux magasins de vente en ligne et au plateformes de crowdfunding (qui permettent aux internautes de financer un projet), les amateurs et les passionnés peuvent aujourd’hui dessiner des cartes en s’attaquant à des niches ou en séduisant des geeks tout en gagnant un peu d’argent.
On peut aujourd’hui acheter des cartes comme celles dessinées à la main par David Imus, qui est parvenu à trouver des clients grâce à un article enthousiaste de mon collègue Seth Setvenson. On peut aussi acheter des cartes spécialisées comme la carte futuriste d’Alfred Twu sur le réseau ferré à grande vitesse, qui a relancé le débat, aux Etats-Unis, sur les plans de développement d’un tel réseau, resté lettre morte. Il y a aussi les cartes interactives, en ligne, qui permettent de mettre l’accent sur un point précis ou offrent un service public, comme la carte de Slate.com sur les morts par armes à feu ou l’impressionnante carte de ProPublica sur les assurances risques inondations à New York, qui permet de comparer les cartes officielles de la FEMA avec les dégâts réels provoqués par l’ouragan Sandy.
Et puis il y a les gens qui font des cartes pour le plaisir. C’est dans cette catégorie que l’on retrouve le projet Kickstarter de Simon Schuetz, qui vise à créer une carte globale des «choses à voir avant de mourir», non pas avec des routes et des villes, mais de ravissantes illustrations des choses uniques qu’il est possible de voir dans chaque pays du globe. Pour la Zambie, une illustration des Chutes Victoria; Un gorille à dos argenté pour la République Démocratique du Congo. Scuetz et l’illustrateur Lars Seiffert ont presque terminé leur carte de l’Afrique et lèvent donc des fonds par ce biais pour financer leur travail sur le reste du monde.
Cette carte est une suite plus ambitieuse des trois cartes précédentes déjà créées par cette même équipe, consacrées au surf, au snow-board et au football, respectivement. On pourrait sans doute objecter que dépeindre le monde comme une gigantesque aire de jeu, en faisant ainsi abstraction des complexités politiques, pratiques et culturelles de ces pays en dit long sur le milieu privilégié des auteurs de ces cartes. Mais il existe une multitude de cartes qui sont consacrées à ces sujets.
Et c’est d’ailleurs l’objet premier de ce genre de création: des cartes de ce genre ne s’adressent pas à un très large public et ne sont pas conçues avec, comme but, l’exhaustivité la plus complète possible. C’est ce qui les différencie de ces cartes routières stériles que vous pouvez acheter dans toutes les stations services ainsi que des cartes en ligne du même acabit (bien qu’améliorées) produites par Google. C’est précisément ce qui leur donne ce petit cachet de merveilleux qui n’est pas sans faire penser aux cartes du temps jadis.
La compagnie créée par Shuetz, Awesome Maps, n’hésite ainsi pas à jouer la carte de l’irrévérence sur ses t-shirts, fièrement barrés de leur slogan «Nous sommes Allemands, nous portons la barbe et nous ré-enchantons le monde des cartes». C’est bien ce qu’ils font –et ils ne sont pas les seuls à le faire. Aujourd’hui, c’est devenu cool d’être un passionné de géographie.
Par Will Oremus | publié le 26/06/2013 à 14h46, mis à jour le 26/06/2013 à 14h46
Traduit par Antoine Bourguilleau
http://www.slate.fr/culture/73981/geographie-le-nouveau-cool
Une des cartes de la startup allemande Awesome Maps, consacrée à l’Amérique du Sud. Avec l’aimable autorisation de Awesome Maps. |
Nous vivons dans un nouvel âge d’or des cartes. Domaine autrefois réservé des grandes compagnies et des professionnels, de l’IGN au national Geographic, la cartographie est en train de se démocratiser grandement grâce à la masse de données accessibles au grand public et aux outils informatiques. Grâce aux magasins de vente en ligne et au plateformes de crowdfunding (qui permettent aux internautes de financer un projet), les amateurs et les passionnés peuvent aujourd’hui dessiner des cartes en s’attaquant à des niches ou en séduisant des geeks tout en gagnant un peu d’argent.
On peut aujourd’hui acheter des cartes comme celles dessinées à la main par David Imus, qui est parvenu à trouver des clients grâce à un article enthousiaste de mon collègue Seth Setvenson. On peut aussi acheter des cartes spécialisées comme la carte futuriste d’Alfred Twu sur le réseau ferré à grande vitesse, qui a relancé le débat, aux Etats-Unis, sur les plans de développement d’un tel réseau, resté lettre morte. Il y a aussi les cartes interactives, en ligne, qui permettent de mettre l’accent sur un point précis ou offrent un service public, comme la carte de Slate.com sur les morts par armes à feu ou l’impressionnante carte de ProPublica sur les assurances risques inondations à New York, qui permet de comparer les cartes officielles de la FEMA avec les dégâts réels provoqués par l’ouragan Sandy.
Et puis il y a les gens qui font des cartes pour le plaisir. C’est dans cette catégorie que l’on retrouve le projet Kickstarter de Simon Schuetz, qui vise à créer une carte globale des «choses à voir avant de mourir», non pas avec des routes et des villes, mais de ravissantes illustrations des choses uniques qu’il est possible de voir dans chaque pays du globe. Pour la Zambie, une illustration des Chutes Victoria; Un gorille à dos argenté pour la République Démocratique du Congo. Scuetz et l’illustrateur Lars Seiffert ont presque terminé leur carte de l’Afrique et lèvent donc des fonds par ce biais pour financer leur travail sur le reste du monde.
L’illustrateur Lars Seiffert en train de travailler à son illustration du Cameroun. Avec l’aimable autorisation de Awesome Maps |
Cette carte est une suite plus ambitieuse des trois cartes précédentes déjà créées par cette même équipe, consacrées au surf, au snow-board et au football, respectivement. On pourrait sans doute objecter que dépeindre le monde comme une gigantesque aire de jeu, en faisant ainsi abstraction des complexités politiques, pratiques et culturelles de ces pays en dit long sur le milieu privilégié des auteurs de ces cartes. Mais il existe une multitude de cartes qui sont consacrées à ces sujets.
Et c’est d’ailleurs l’objet premier de ce genre de création: des cartes de ce genre ne s’adressent pas à un très large public et ne sont pas conçues avec, comme but, l’exhaustivité la plus complète possible. C’est ce qui les différencie de ces cartes routières stériles que vous pouvez acheter dans toutes les stations services ainsi que des cartes en ligne du même acabit (bien qu’améliorées) produites par Google. C’est précisément ce qui leur donne ce petit cachet de merveilleux qui n’est pas sans faire penser aux cartes du temps jadis.
La compagnie créée par Shuetz, Awesome Maps, n’hésite ainsi pas à jouer la carte de l’irrévérence sur ses t-shirts, fièrement barrés de leur slogan «Nous sommes Allemands, nous portons la barbe et nous ré-enchantons le monde des cartes». C’est bien ce qu’ils font –et ils ne sont pas les seuls à le faire. Aujourd’hui, c’est devenu cool d’être un passionné de géographie.
Par Will Oremus | publié le 26/06/2013 à 14h46, mis à jour le 26/06/2013 à 14h46
Traduit par Antoine Bourguilleau
http://www.slate.fr/culture/73981/geographie-le-nouveau-cool
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