Vendeur dans un petit commerce, secrétaire, caissier de supermarché, voire même facteur... Le magazine Business Insider a dressé une liste des métiers qui doivent absolument se renouveler s'ils ne veulent pas disparaître pour cause de changements des habitudes de consommation.
Atlantico : Alors que le monde du travail est en train de connaître une modification profonde de son organisation, la question des métiers de demain se pose naturellement. Quels sont aujourd'hui les métiers qui sont forcés de s'adapter à cette nouvelle donne ?
Damien Brochier : Il faut être prudent quand on utilise l’expression des métiers "de demain", car cela semble sous-entendre que ces métiers sont totalement nouveaux, alors qu’il s’agit le plus souvent de métiers existants qui se transforment du fait de la manipulation de nouveaux outils, de l’évolution des organisations, de nouveaux modes de relations aux clients, etc. Si l’on prend en compte ces facteurs, on voit que les métiers qui traitent des flux d’information ont déjà connu de fortes évolutions depuis plusieurs décennies du fait du développement des nouvelles technologies informatisées. Le cas des secrétaires est typique d’un tel mouvement.
Mais cette dynamique est encore loin d’avoir produit tous ses effets, notamment avec les conséquences du développement d’Internet qui sont loin d’être encore tous connues. Si les métiers de l’informatique et du web sont directement impactés, d’autres métiers situés dans de multiples secteurs seront également concernés, que ce soit dans le commerce, la gestion, l’enseignement ou la communication.
Un autre champ d’activités commence également à être porteur d’évolution forte des métiers. Il s’agit des activités liées au développement durable, qui portent notamment sur la gestion des énergies (classiques ou « nouvelles ») des transports ou des déchets.
En parallèle, un récent rapport de l'APEC annonce que "les métiers en émergence" se trouveront principalement dans les emplois de la communication et du numérique, ainsi que dans les secteurs des ressources humaines. Quels enseignements tirer de cette évolution ?
L’APEC fait œuvre utile en identifiant, pour les principales fonctions qui définissent la gestion des entreprises, un certain nombre de métiers relevant d’appellations nouvelles, parfois à consonance anglo-saxonne (community manager, digital planner…). Ces métiers sont attirants, mais leurs contours ne sont pas suffisamment définis, d’où l’intérêt de chercher à mieux en préciser le contenu et le positionnement sur le marché du travail. Il ne faut cependant pas en tirer la conclusion que les métiers en émergence se situent prioritairement dans les catégories des ingénieurs et cadres. De nombreux métiers, qui concerneront notamment le monde des employés et des professions intermédiaires, vont se développer dans le secteur des services, et notamment des services aux personnes, en lien avec le vieillissement de la population.
Plus généralement, la question de la dématérialisation des services (commerces dits "de proximité", caissiers...) semble être une tendance lourde. Doit-on en déduire pour autant que les emplois du secteur tertiaire sont remis en cause ?
Non, il n’y a absolument pas remise en cause des emplois du secteur tertiaire. On est ici typiquement dans le cas de métiers qui se maintiendront, mais à condition de repenser profondément leurs modes d’exercice. Dans la grande distribution, le métier traditionnel du caissier est amené à diminuer, du fait du développement des systèmes d’enregistrement direct par le client. Mais la relation humaine de proximité, qui constituait une part importante de son travail, doit absolument être maintenue et valorisée autour d’un nouveau profil chargé de renseigner et d’orienter les clients. De la même façon, le profil du conducteur-livreur, notamment en zone urbaine, doit être revalorisé. A l’heure du développement du e-commerce, la qualité de la livraison à domicile va devenir un atout commercial de première importance. Elle amènera les entreprises concernées à prêter une attention accrue aux métiers qui assurent l’interface de proximité avec leurs clients.
La nette baisse des activités artisanales et du petit commerce s'est aussi clairement fait ressentir sur les cinquante dernières années. Ces secteurs peuvent-ils se réinventer à l'heure des géants mondialisés comme Apple ou Amazon ?
On peut entrevoir deux pistes à ce niveau-là. D’une part, il existera toujours des niches d’activité à côté des flux de produits ou de services gérées par des entreprises mondiales. Les multiples initiatives liées aux circuits courts de production et de distribution vont dans ce sens. De même, il existe de nombreuses activités non ou peu délocalisables (notamment dans le soin aux personnes) qui resteront des créneaux pour le petit commerce. En termes de métiers, l’enjeu sera ici celui de savoir allier service de proximité et qualité de service. D’autre part, les grandes entreprises auront toujours besoin de faire travailler d’autres sociétés de plus petite taille, notamment pour ce qui concerne le lien direct et physique avec la clientèle, comme on l’a vu par exemple pour la question des livraisons évoquée précédemment.
Propos recueillis par Théophile Sourdille
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Atlantico : Alors que le monde du travail est en train de connaître une modification profonde de son organisation, la question des métiers de demain se pose naturellement. Quels sont aujourd'hui les métiers qui sont forcés de s'adapter à cette nouvelle donne ?
Damien Brochier : Il faut être prudent quand on utilise l’expression des métiers "de demain", car cela semble sous-entendre que ces métiers sont totalement nouveaux, alors qu’il s’agit le plus souvent de métiers existants qui se transforment du fait de la manipulation de nouveaux outils, de l’évolution des organisations, de nouveaux modes de relations aux clients, etc. Si l’on prend en compte ces facteurs, on voit que les métiers qui traitent des flux d’information ont déjà connu de fortes évolutions depuis plusieurs décennies du fait du développement des nouvelles technologies informatisées. Le cas des secrétaires est typique d’un tel mouvement.
Mais cette dynamique est encore loin d’avoir produit tous ses effets, notamment avec les conséquences du développement d’Internet qui sont loin d’être encore tous connues. Si les métiers de l’informatique et du web sont directement impactés, d’autres métiers situés dans de multiples secteurs seront également concernés, que ce soit dans le commerce, la gestion, l’enseignement ou la communication.
Un autre champ d’activités commence également à être porteur d’évolution forte des métiers. Il s’agit des activités liées au développement durable, qui portent notamment sur la gestion des énergies (classiques ou « nouvelles ») des transports ou des déchets.
En parallèle, un récent rapport de l'APEC annonce que "les métiers en émergence" se trouveront principalement dans les emplois de la communication et du numérique, ainsi que dans les secteurs des ressources humaines. Quels enseignements tirer de cette évolution ?
L’APEC fait œuvre utile en identifiant, pour les principales fonctions qui définissent la gestion des entreprises, un certain nombre de métiers relevant d’appellations nouvelles, parfois à consonance anglo-saxonne (community manager, digital planner…). Ces métiers sont attirants, mais leurs contours ne sont pas suffisamment définis, d’où l’intérêt de chercher à mieux en préciser le contenu et le positionnement sur le marché du travail. Il ne faut cependant pas en tirer la conclusion que les métiers en émergence se situent prioritairement dans les catégories des ingénieurs et cadres. De nombreux métiers, qui concerneront notamment le monde des employés et des professions intermédiaires, vont se développer dans le secteur des services, et notamment des services aux personnes, en lien avec le vieillissement de la population.
Plus généralement, la question de la dématérialisation des services (commerces dits "de proximité", caissiers...) semble être une tendance lourde. Doit-on en déduire pour autant que les emplois du secteur tertiaire sont remis en cause ?
Non, il n’y a absolument pas remise en cause des emplois du secteur tertiaire. On est ici typiquement dans le cas de métiers qui se maintiendront, mais à condition de repenser profondément leurs modes d’exercice. Dans la grande distribution, le métier traditionnel du caissier est amené à diminuer, du fait du développement des systèmes d’enregistrement direct par le client. Mais la relation humaine de proximité, qui constituait une part importante de son travail, doit absolument être maintenue et valorisée autour d’un nouveau profil chargé de renseigner et d’orienter les clients. De la même façon, le profil du conducteur-livreur, notamment en zone urbaine, doit être revalorisé. A l’heure du développement du e-commerce, la qualité de la livraison à domicile va devenir un atout commercial de première importance. Elle amènera les entreprises concernées à prêter une attention accrue aux métiers qui assurent l’interface de proximité avec leurs clients.
La nette baisse des activités artisanales et du petit commerce s'est aussi clairement fait ressentir sur les cinquante dernières années. Ces secteurs peuvent-ils se réinventer à l'heure des géants mondialisés comme Apple ou Amazon ?
On peut entrevoir deux pistes à ce niveau-là. D’une part, il existera toujours des niches d’activité à côté des flux de produits ou de services gérées par des entreprises mondiales. Les multiples initiatives liées aux circuits courts de production et de distribution vont dans ce sens. De même, il existe de nombreuses activités non ou peu délocalisables (notamment dans le soin aux personnes) qui resteront des créneaux pour le petit commerce. En termes de métiers, l’enjeu sera ici celui de savoir allier service de proximité et qualité de service. D’autre part, les grandes entreprises auront toujours besoin de faire travailler d’autres sociétés de plus petite taille, notamment pour ce qui concerne le lien direct et physique avec la clientèle, comme on l’a vu par exemple pour la question des livraisons évoquée précédemment.
Propos recueillis par Théophile Sourdille
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