" Le Conseil européen de Lisbonne de mars 2000 avait l'ambition de faire de l'Europe "l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d'ici à 2010", afin de répondre aux besoins prégnants de nos sociétés en termes d'emplois, de compétitivité, d'énergie et d'environnement. Pour cela, un objectif de 3 % d'investissement du PIB de l'Union européenne en recherche et développement (RD) avait été fixé, dont les deux-tiers devaient être remplis par les entreprises privées, lesquelles ne financent aujourd'hui qu'à peine la moitié de la RD de l'Union.
Au fil des crises (financière puis économique et, maintenant, avec la dette publique, politique), l'objectif de 3 % a du être repoussé à 2020. Toutefois, les raisons de cette véritable occasion manquée ne sont pas seulement conjoncturelles, elles sont même avant tout d'ordre structurel. Pour que l'économie de la connaissance se développe enfin, il est urgent de créer les conditions, tant au niveau managérial qu'économique, permettant aux entreprises de produire et de partager les connaissances.
Au niveau managérial. Si 93 % des entreprises françaises se considèrent comme innovantes ou très innovantes (selon l'étude Logica-Centrale Paris), force est de constater que la production des connaissances est de plus en plus externalisée ou au mieux circonscrite au seul service RD. ...
Cette situation s'explique d'abord par le fait que la connaissance est une ressource souvent indissociable de l'individu.
Valoriser la connaissance, c'est d'abord reconnaître au salarié un rôle essentiel dans la réalisation des objectifs de l'entreprise et proposer des modes de management permettant plus d'autonomie et une reconnaissance individuelle plus importante. ...
Ces spécificités amènent beaucoup d'entreprises à considérer que la production de connaissances est difficilement compatible avec les objectifs de production à court terme et que, s'il faut produire des connaissances nouvelles et innover, notamment techniquement, pour renouveler les biens et services à commercialiser, ceci ne doit pas être son objectif premier. ...
Pour développer l'économie de la connaissance, il est nécessaire d'ouvrir la production de connaissances à l'ensemble de l'entreprise. C'est par ce décloisonnement et l'implication de l'ensemble des salariés dans la production de connaissances que l'entreprise pourra créer de nouvelles opportunités de marché. ...
Au niveau économique. La connaissance est un bien collectif car non-rivale (plusieurs agents peuvent en bénéficier en même temps) et faiblement exclusive (le fait d'en disposer sans payer la totalité du prix lié à sa production). De ce fait, sa production sur un marché concurrentiel a longtemps été considérée comme très insuffisante. Historiquement, le système de brevet a été mis en place pour garantir une production élevée de connaissances nouvelles, grâce au fait qu'il donne un droit exclusif d'exploiter la nouvelle connaissance pour une période limitée dans le temps. Or ce système et, à la fois, l'idée selon laquelle la concurrence est toujours mauvaise pour la production de connaissances doivent aujourd'hui être remis en cause...."
Pascal da Costa, économiste, et Aurélie Dudézert, gestionnaire. Maîtres de conférences à l'Ecole centrale Paris
Point de vue
Au fil des crises (financière puis économique et, maintenant, avec la dette publique, politique), l'objectif de 3 % a du être repoussé à 2020. Toutefois, les raisons de cette véritable occasion manquée ne sont pas seulement conjoncturelles, elles sont même avant tout d'ordre structurel. Pour que l'économie de la connaissance se développe enfin, il est urgent de créer les conditions, tant au niveau managérial qu'économique, permettant aux entreprises de produire et de partager les connaissances.
Au niveau managérial. Si 93 % des entreprises françaises se considèrent comme innovantes ou très innovantes (selon l'étude Logica-Centrale Paris), force est de constater que la production des connaissances est de plus en plus externalisée ou au mieux circonscrite au seul service RD. ...
Cette situation s'explique d'abord par le fait que la connaissance est une ressource souvent indissociable de l'individu.
Valoriser la connaissance, c'est d'abord reconnaître au salarié un rôle essentiel dans la réalisation des objectifs de l'entreprise et proposer des modes de management permettant plus d'autonomie et une reconnaissance individuelle plus importante. ...
Ces spécificités amènent beaucoup d'entreprises à considérer que la production de connaissances est difficilement compatible avec les objectifs de production à court terme et que, s'il faut produire des connaissances nouvelles et innover, notamment techniquement, pour renouveler les biens et services à commercialiser, ceci ne doit pas être son objectif premier. ...
Pour développer l'économie de la connaissance, il est nécessaire d'ouvrir la production de connaissances à l'ensemble de l'entreprise. C'est par ce décloisonnement et l'implication de l'ensemble des salariés dans la production de connaissances que l'entreprise pourra créer de nouvelles opportunités de marché. ...
Au niveau économique. La connaissance est un bien collectif car non-rivale (plusieurs agents peuvent en bénéficier en même temps) et faiblement exclusive (le fait d'en disposer sans payer la totalité du prix lié à sa production). De ce fait, sa production sur un marché concurrentiel a longtemps été considérée comme très insuffisante. Historiquement, le système de brevet a été mis en place pour garantir une production élevée de connaissances nouvelles, grâce au fait qu'il donne un droit exclusif d'exploiter la nouvelle connaissance pour une période limitée dans le temps. Or ce système et, à la fois, l'idée selon laquelle la concurrence est toujours mauvaise pour la production de connaissances doivent aujourd'hui être remis en cause...."
Pascal da Costa, économiste, et Aurélie Dudézert, gestionnaire. Maîtres de conférences à l'Ecole centrale Paris
Point de vue
LEMONDE.FR | 16.05.11 | 09h31
Ce sont quelques extraits, Lire la suite sur lemonde.fr
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