dimanche 27 mai 2012
Les Suisses aiment les pays en crise
TOURISME • La Tunisie ou l’Egypte attirent les touristes suisses, alléchés par de bas tarifs. Frappée par la crise, la Grèce peut aussi compter sur la fidélité des Suisses, après avoir baissé ses prix.
C’est décidé:en août, Susy et son mari Pierre passeront deux semaines de vacances en Tunisie avec leurs jumeaux, Selma et Timeo, 3 ans. Le tout pour 3860 francs, en «all inclusive»:hôtel cinq étoiles à Hammamet, vol, transferts, repas. Le soleil, la plage et le thé aux pignons en prime.
C’est la première fois que cette famille, établie à Nyon, s’envole pour ce pays. «J’ai regardé les offres sur internet. La destination importait peu», raconte Susy. «Il y avait cette offre pour la Tunisie, avec 40% de rabais. Et en «all inclusive». Ce qui est super-pratique quand on a des enfants.» Avant de réserver, la jeune femme s’est tout de même renseignée: «Vu la situation politique, je m’inquiétais un peu. J’ai regardé ce que disait de la Tunisie le Département fédéral des affaires étrangères, dans ses conseils aux voyageurs:il n’y avait pas de restriction particulière. Dans une agence, on m’a également dit qu’il n’y avait aucun souci à se rendre à Hammamet, que l’endroit était très touristique.»
La demande triple d’un coup
A l’instar de Susy et de sa petite famille, les Suisses sont nombreux à vouloir mettre le cap cet été vers des pays comme la Tunisie ou l’Egypte. «Si l'on compare la demande actuelle pour la Tunisie avec les réservations après le Printemps arabe 2011, elle a triplé. En outre, actuellement, la Tunisie (Djerba surtout) figure parmi les cinq destinations les plus appréciées –avec l’Amérique du Nord, la Turquie, la Crète et Majorque–à la fois pour les vacances de printemps et les vacances d'été», indique Prisca Huguenin-dit-Lenoir, directrice de la communication chez Hotelplan Suisse. Pour l’Egypte, les réservations ont également doublé en un an, avec une hausse des demandes depuis Pâques, observe-t-elle.
Simon Marquard, son homologue chez Kuoni, relève:«Les voyages pour l’Egypte ou la Tunisie sont cet été certainement moins chers que jamais: les prix de Kuoni et Helvetic Tours sont en moyenne jusqu’à 15% moins chers que l’année dernière. Si bien que nous enregistrons une augmentation des réservations entre 50 et 100% pour ces deux pays.»
Un autre pays qui figure parmi les bons plans de l’été, c’est la Grèce. Une crise financière et politique sans fin ont pourtant freiné l’ardeur des vacanciers européens. Pas les Suisses: «Les réservations d'été pour les îles grecques sont actuellement légèrement plus nombreuses que l’an passé. Pour les îles de Corfou, Rhodes et Samos, il s’agit même d’une progression à deux chiffres», avance Prisca Huguenin-dit-Lenoir, sans indiquer le pourcentage exact. «Cela signifie que les Suisses, contrairement aux Allemands ou aux Anglais par exemple, ne se laissent pas influencer par les mauvaises nouvelles. L'année dernière déjà, les îles grecques figuraient parmi les cinq meilleures destinations de l'été et affichaient une progression à deux chiffres par rapport à 2010.»
En raison du taux de change favorable de l'euro, les vacances d’été 2012 sont en général –et pas seulement pour la Grèce– une nouvelle fois plus avantageuses que l'an dernier pour les clients, ajoute la porte-parole d’Hotelplan Suisse. De plus, les négociations avec les partenaires locaux ont permis d’obtenir des offres très intéressantes, jamais aussi basses relève Prisca Huguenin-dit-Lenoir. Qui, au final, estime que les prix de la saison sont jusqu’à 20% inférieurs à ceux de l’an dernier.
Dans ce pays fui par les vacanciers eurotpéens, où le tourisme représente 18% du produit intérieur brut, la branche a compris qu’elle n’avait pas d’autres choix. «Beaucoup d'établissements hôteliers proposent des réductions variant entre 15 et 20%», indique Patrice Parein, responsable de Grèce Vacances, agence basée à Athènes. Les hôteliers ne sont pas les seuls à faire des sacrifices. «Nous avons descendu notre marge de fonctionnement pour réduire les prix et refaire démarrer les réservations», concède Patrice Parein.
Les Helvètes sont fidèles...
Car ce Français marié à une Grecque, établi dans le pays depuis douze ans, n’a pas le sourire des voyagistes suisses. «Notre bureau est une agence qui propose des séjours sur mesure, travaillant uniquement via internet, avec une clientèle francophone venant principalement de France, du Canada, de Belgique, de Suisse, d’Afrique du Nord et centrale. A ce jour, nous avons enregistré une baisse des demandes de séjour de l'ordre de 40% et des annulations de réservation de 30% durant le mois de mai, à la suite des dernières élections. La situation semble toutefois se stabiliser en ce qui concerne les annulations.» Et heureusement, sa clientèle suisse lui est restée fidèle, apprécie Patrice Parein. I
Surveillance quotidienne
Et l’Espagne, l’Italie, le Portugal, ces autres pays en pleine crise financière? Les grands voyagistes ne sont pas en mesure de donner une tendance touristique. «Ces destinations, à l’exception des îles espagnoles, sont plutôt des destinations pour des voyages individuels, moins pour la grande masse», indique Prisca Huguenin-dit-Lenoir, porte-paorle d’Hotelplan Suisse. «La plupart des personnes organisent leurs vacances par elles-mêmes, sans passer par un voyagiste. Pour nous, ce ne sont pas des destinations phares.» Du côté de Kuoni, Simon Marquard constate une augmentation de l’intérêt des clients pour les îles Baléares et les Canaries. Une augmentation de l’intérêt qui se réflète également sur la Turquie et Chypre. Enfin, faut-il craindre de se rendre dans des pays comme la Tunisie ou l’Egypte? Non, assurent les voyagistes comme Hotelplan Suisse ou Kuoni. «Les rassemblements –tels qu'on a pu en voir en Egypte – se concentrent souvent dans la capitale, tandis que les zones touristiques balnéaires ne sont pas affectées», précise Prisca Huguenin-dit-Lenoir. «Nous surveillons l'évolution dans les pays arabes en permanence et sommes en contact chaque jour avec nos agents et guides sur place. En outre, en tant que voyagistes, nous nous tenons toujours aux directives du Département fédéral des affaires étrangères». Tout comme Kuoni, confirme Simon Marquard. Raison pour laquelle aucune offre n’est proposée en direction de la Libye, du Pakistan ou de l’Afghanistan.
KESSAVA PACKIRY
26/05/2012
http://www.laliberte.ch/faitdujour/les-suisses-aiment-les-pays-en-crise
C’est décidé:en août, Susy et son mari Pierre passeront deux semaines de vacances en Tunisie avec leurs jumeaux, Selma et Timeo, 3 ans. Le tout pour 3860 francs, en «all inclusive»:hôtel cinq étoiles à Hammamet, vol, transferts, repas. Le soleil, la plage et le thé aux pignons en prime.
C’est la première fois que cette famille, établie à Nyon, s’envole pour ce pays. «J’ai regardé les offres sur internet. La destination importait peu», raconte Susy. «Il y avait cette offre pour la Tunisie, avec 40% de rabais. Et en «all inclusive». Ce qui est super-pratique quand on a des enfants.» Avant de réserver, la jeune femme s’est tout de même renseignée: «Vu la situation politique, je m’inquiétais un peu. J’ai regardé ce que disait de la Tunisie le Département fédéral des affaires étrangères, dans ses conseils aux voyageurs:il n’y avait pas de restriction particulière. Dans une agence, on m’a également dit qu’il n’y avait aucun souci à se rendre à Hammamet, que l’endroit était très touristique.»
La demande triple d’un coup
A l’instar de Susy et de sa petite famille, les Suisses sont nombreux à vouloir mettre le cap cet été vers des pays comme la Tunisie ou l’Egypte. «Si l'on compare la demande actuelle pour la Tunisie avec les réservations après le Printemps arabe 2011, elle a triplé. En outre, actuellement, la Tunisie (Djerba surtout) figure parmi les cinq destinations les plus appréciées –avec l’Amérique du Nord, la Turquie, la Crète et Majorque–à la fois pour les vacances de printemps et les vacances d'été», indique Prisca Huguenin-dit-Lenoir, directrice de la communication chez Hotelplan Suisse. Pour l’Egypte, les réservations ont également doublé en un an, avec une hausse des demandes depuis Pâques, observe-t-elle.
Simon Marquard, son homologue chez Kuoni, relève:«Les voyages pour l’Egypte ou la Tunisie sont cet été certainement moins chers que jamais: les prix de Kuoni et Helvetic Tours sont en moyenne jusqu’à 15% moins chers que l’année dernière. Si bien que nous enregistrons une augmentation des réservations entre 50 et 100% pour ces deux pays.»
Un autre pays qui figure parmi les bons plans de l’été, c’est la Grèce. Une crise financière et politique sans fin ont pourtant freiné l’ardeur des vacanciers européens. Pas les Suisses: «Les réservations d'été pour les îles grecques sont actuellement légèrement plus nombreuses que l’an passé. Pour les îles de Corfou, Rhodes et Samos, il s’agit même d’une progression à deux chiffres», avance Prisca Huguenin-dit-Lenoir, sans indiquer le pourcentage exact. «Cela signifie que les Suisses, contrairement aux Allemands ou aux Anglais par exemple, ne se laissent pas influencer par les mauvaises nouvelles. L'année dernière déjà, les îles grecques figuraient parmi les cinq meilleures destinations de l'été et affichaient une progression à deux chiffres par rapport à 2010.»
En raison du taux de change favorable de l'euro, les vacances d’été 2012 sont en général –et pas seulement pour la Grèce– une nouvelle fois plus avantageuses que l'an dernier pour les clients, ajoute la porte-parole d’Hotelplan Suisse. De plus, les négociations avec les partenaires locaux ont permis d’obtenir des offres très intéressantes, jamais aussi basses relève Prisca Huguenin-dit-Lenoir. Qui, au final, estime que les prix de la saison sont jusqu’à 20% inférieurs à ceux de l’an dernier.
Dans ce pays fui par les vacanciers eurotpéens, où le tourisme représente 18% du produit intérieur brut, la branche a compris qu’elle n’avait pas d’autres choix. «Beaucoup d'établissements hôteliers proposent des réductions variant entre 15 et 20%», indique Patrice Parein, responsable de Grèce Vacances, agence basée à Athènes. Les hôteliers ne sont pas les seuls à faire des sacrifices. «Nous avons descendu notre marge de fonctionnement pour réduire les prix et refaire démarrer les réservations», concède Patrice Parein.
Les Helvètes sont fidèles...
Car ce Français marié à une Grecque, établi dans le pays depuis douze ans, n’a pas le sourire des voyagistes suisses. «Notre bureau est une agence qui propose des séjours sur mesure, travaillant uniquement via internet, avec une clientèle francophone venant principalement de France, du Canada, de Belgique, de Suisse, d’Afrique du Nord et centrale. A ce jour, nous avons enregistré une baisse des demandes de séjour de l'ordre de 40% et des annulations de réservation de 30% durant le mois de mai, à la suite des dernières élections. La situation semble toutefois se stabiliser en ce qui concerne les annulations.» Et heureusement, sa clientèle suisse lui est restée fidèle, apprécie Patrice Parein. I
Surveillance quotidienne
Et l’Espagne, l’Italie, le Portugal, ces autres pays en pleine crise financière? Les grands voyagistes ne sont pas en mesure de donner une tendance touristique. «Ces destinations, à l’exception des îles espagnoles, sont plutôt des destinations pour des voyages individuels, moins pour la grande masse», indique Prisca Huguenin-dit-Lenoir, porte-paorle d’Hotelplan Suisse. «La plupart des personnes organisent leurs vacances par elles-mêmes, sans passer par un voyagiste. Pour nous, ce ne sont pas des destinations phares.» Du côté de Kuoni, Simon Marquard constate une augmentation de l’intérêt des clients pour les îles Baléares et les Canaries. Une augmentation de l’intérêt qui se réflète également sur la Turquie et Chypre. Enfin, faut-il craindre de se rendre dans des pays comme la Tunisie ou l’Egypte? Non, assurent les voyagistes comme Hotelplan Suisse ou Kuoni. «Les rassemblements –tels qu'on a pu en voir en Egypte – se concentrent souvent dans la capitale, tandis que les zones touristiques balnéaires ne sont pas affectées», précise Prisca Huguenin-dit-Lenoir. «Nous surveillons l'évolution dans les pays arabes en permanence et sommes en contact chaque jour avec nos agents et guides sur place. En outre, en tant que voyagistes, nous nous tenons toujours aux directives du Département fédéral des affaires étrangères». Tout comme Kuoni, confirme Simon Marquard. Raison pour laquelle aucune offre n’est proposée en direction de la Libye, du Pakistan ou de l’Afghanistan.
KESSAVA PACKIRY
26/05/2012
http://www.laliberte.ch/faitdujour/les-suisses-aiment-les-pays-en-crise
Tunisie, Egypte, Kirghizistan: Le modèle géorgien que l'on s'arrache
Ces trois pays, qui ont vécu des révolutions populaires l’année passée, ont lancé une série d’échanges bilatéraux, afin de tirer les enseignements de la success story géorgienne.
Elle barbotait en 2003 dans les bas-fonds des classements internationaux en tous genres. Huit années ont passé depuis la révolution des Roses et voilà la Géorgie qui monte sur le podium des réformistes remarqués par la Banque mondiale. Son modèle de réforme, qui relève de l’électrochoc tant par sa rapidité que dans ses modalités, va même jusqu’à susciter l’intérêt des nouvelles élites égyptiennes et tunisiennes.
Isolée dans l’espace post-soviétique depuis la guerre d’août 2008, la Géorgie devenue modèle est sujet à débat en Ukraine, au Kirghizstan, au Kazakhstan et même en Russie. Une revanche idéologique sur ce système russo-soviétique que le leadership géorgien s’emploie régulièrement à associer au «mal».
Parvenus à briser la spirale de la corruption, Mikheïl Saakachvili et son équipe ont «nettoyé au Kärcher®» la petite république caucasienne. Rompant avec l’héritage soviétique, ils ont fait le pari de l’Ouest. Une expérience inédite encore en devenir, mais qui déjà suscite admiration… et interrogations.
Le cercle vertueux des réformes
Tout commence, fin 2003, par la révolution des Roses, au cours de laquelle un engouement populaire massif vient appuyer le nouveau gouvernement emmené par Mikheïl Saakachvili. Edouard Chevardnadzé, ministre des Affaires étrangères d’URSS de 1985 à 1990 et président géorgien depuis 1992, accepte alors de passer le témoin. Le mouvement est galvanisé par une idée unique: l’éradication de la corruption.
Les attentes sont fortes après l’épisode révolutionnaire et se doivent d’être satisfaites rapidement. L’exécutif décide de lancer une série de réformes violentes, sévissant contre les agents corrupteurs, hauts fonctionnaires et politiques, le tout diffusé à la télévision tel un show de télé-réalité. Le message est clair: la corruption n’est plus tolérée, la loi s’impose à tous.
La réforme de la police de la route (juillet 2004) est souvent citée en exemple. Elle était l’organe le plus corrompu, ou tout au moins, le plus «visiblement» corrompu de l’appareil d’Etat. Elle allait donc devenir la cible numéro un. A la veille du coup d’éclat, la tension est à son comble. Elene Khoshtaria, qui travailla sur cette réforme, raconte:
«La veille au soir, on envisageait encore un soulèvement massif. 16.000 policiers renvoyés en une nuit, on pouvait craindre le pire. Une rébellion voire une guerre civile.»
Il n’en sera rien. Amnistie et avance salariale de deux mois participent à la résignation des policiers. La formation de jeunes officiers aux salaires élevés, la mise en place d’inspecteurs des polices, le paiement électronique centralisé des amendes concourent, entre autres, au succès de la réforme. Une enquête menée en 2010 au sein de la population par l’International Republican Institute en témoigne. L’appréciation positive du travail mené par la police de la route atteint les 84%... contre à peine 10% en 2003. Un miracle, en un record de temps.
Les mesures prises simultanément pour la réforme de l’Etat et dans le domaine économique permettent de donner rapidement à la Géorgie une assise financière. Les recettes fiscales assurent la pérennité du train des réformes qui, par son efficacité, contente la population. Au moins en partie.
Ce qui était jusqu’alors décrit comme un «héritage culturel» fait de criminalité, de banditisme, de vol et de corruption, vit ses dernières heures. L’expérience géorgienne prouve –c’est l’objet du rapport de la Banque mondiale– qu’il n’y a pas de déterminisme culturel pour expliquer l’ancrage de la corruption. Un pays peut s’en débarrasser, si tant est que la volonté politique est réelle.
Les limites du modèle
Elene Imnadzé, co-auteure du rapport, tient à souligner la particularité du modèle géorgien, tout en évitant le moindre jugement de valeur.
«Le succès de ces réformes est indéniable, des statistiques solides le prouvent (…) Ce succès repose, entre autres, sur une volonté politique forte, un pouvoir exécutif centralisé, qui de fait, par sa nature, pourrait dans le futur compromettre le chemin parcouru.»
Puis la critique commence à se faire entendre… En 2007, des manifestations populaires menées à l’encontre du gouvernement provoquent des heurts violents entre police et manifestants. La police est alors sévèrement critiquée pour son usage de la force.
Vient ensuite la guerre d’août 2008, quelques mois après l’élection présidentielle qui a reconduit Mikheïl Saakachvili au pouvoir: débâcle de l’armée et perte de 20% du territoire national qui passent sous contrôle russe même si l’Abkhazie était en sécession depuis quinze ans et que l’Ossétie n’était plus vraiment sous contrôle de Tbilissi. Du reste, l’épisode militaire traumatise l’opinion par la rapidité et la violence du pilonnage russe.
Pour le gouvernement, l’aide internationale consécutive au conflit vient soutenir le train des réformes et le développement des infrastructures, la croisade réformatrice retrouve sa vitesse de croisière. La rhétorique de l’ennemi russe devient le leitmotiv des discours présidentiels, devenus profondément patriotiques.
Du côté de la population, si les Géorgiens reconnaissent l’amélioration de leurs conditions de vie, le chômage et le verrouillage de la scène politique, tant au niveau local que national, nourrissent une amertume croissante.
Le taux de chômage officiel atteint 15,5% dans la capitale, soit deux points de plus qu’en 2004. Quant au non-officiel, une étude menée par le National democratic institute le situe autour de 67%.
«Depuis cinq ans, nous avons un taux de migration positif. L’économie est en plein développement. Il y a de plus en plus d’opportunités de travail pour les Géorgiens», explique Guiorgui Baramidzé, vice-ministre à l’Intégration européenne et euroatlantique. Il est vrai qu’un insolent taux de croissance de 7% ne nous incite pas à le contredire.
Imperméable aux chiffres cependant, le Géorgien moyen a nettement le sentiment que le pays est servi sur un plateau aux étrangers –appelés constamment à investir en Géorgie– sans que lui ne soit invité au festin.
L’année passée, interrogé lors d’un échange (à Paris) sur ces réformes et sur l’amertume ressentie par la population, Torniké Gordadzé, sous-ministre aux Affaires étrangères, ne me dit que du bien des réformes économiques, avant de terminer, méprisant car agacé par la question et insolemment fier de son argumentaire:
«Si vous aviez été en Géorgie (CQFD), vous auriez vu, dans les campagnes, que les hommes ne font rien mais passent leur journée à fumer et à jouer au nardi (Backgammon, NDLR).»
Le problème est bien là, ils sont souvent comme ça les Michistes (1). Des Croisés modernes, convaincus des bienfaits de la réforme, de la volonté présidentielle de faire de la Géorgie un pays «moderne et civilisé», quoiqu’en pensent leurs administrés.
Le bon élève sous surveillance
Les Michistes ne sont pas pour autant totalement libres. Le bon élève de l’Occident est en audit permanent et tant les prêts que l’aide au développement sont conditionnés à l’enregistrement de progrès démocratiques.
Etats-Unis, Union européenne, Otan, décryptent le cheminement de la république caucasienne. Pour l’heure, plusieurs organisations internationales dont la Banque mondiale et la Berd saluent les progrès réalisés dans la transformation du pays sans manquer de soulever des interrogations quant à l’indépendance du système judiciaire, au manque de diversité de la scène politique et à la transparence des médias.
L’indépendance de la justice est critiquée. Plusieurs ONG dénoncent aussi l’arbitraire des condamnations dont les peines pour des délits mineurs s’avèrent souvent être totalement disproportionnées. En découle un taux d’incarcération qui se place au deuxième rang mondial après les Etats-Unis.
Akaki Minashvili, président du comité aux Affaires internationales auprès du parlement, répond à cette dernière préoccupation:
«La première étape des réformes consistait en une tolérance zéro. Il était nécessaire de nettoyer le système. Aujourd’hui, nos prisons sont pleines, mais notre taux de criminalité est minimal. A présent, nous nous dirigeons vers un régime plus libéral, vers des peines non privatives de libertés, vers de la probation.»
Sur le devant de la scène politico-médiatique, «l’affaire Ivanishvili» agite le pays. Le «candidat du Kremlin», tel que ses détracteurs s’acharnent à le qualifier, n’a toujours pas recouvré sa nationalité géorgienne. Ce Français de nationalité a ouvert des bureaux politiquesà travers tout le pays pour fédérer autour de son projet «Georgian dream», mais le ralliement de tous les exclus du saakachivilisme a quelque peu entaché sa crédibilité.
«Accepteriez-vous, en France, qu’un homme pesant plusieurs milliards de dollars (davantage que le PIB géorgien, NDLR) finance un parti sur ses propres deniers? Non», assène Minashvili. L’affaire est close. Pour le moment.
Les élections parlementaires, qui comptent désormais plus que les présidentielles (janvier 2013) du fait d’une réforme constitutionnelle, auront lieu en octobre. Les mises en garde occidentales face à une dérive autoritaire incitent, une fois de plus, les Michistes à user de diplomatie tout en faisant du scrutin un nouveau «test» pour l’avènement de la démocratie géorgienne. Minashvili ne doute pas de la réussite du Mouvement national (parti de Mikheïl Saakachvili):
«La Géorgie est un pays ouvert à tous les observateurs, à tout audit du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne, de l’Otan. Nous sommes demandeurs de monitoring quant à nos réformes. Nous sommes ouvertement candidat à l’entrée dans ces structures, nous n’avons rien à cacher. En 2008, on nous avait dit que ces élections présidentielles seraient un test. Nous l’avons passé. En 2010, à nouveau, pour les élections parlementaires, nous l’avons passé. Cette année, nous le passerons à nouveau.»
Preuve de bonne volonté, Mikheïl Saakachvili a récemment invité l’OSCE à déployer des observateurs de long terme, programme que l’Organisation ne pratique pas… Le PNUD financera un programme d’observation de la couverture médiatique de ces élections. Affaire à suivre.
Un intérêt pour le premier de la classe
In fine, rendons à César ce qui appartient à César. Les Michistes sont ce qu’ils sont, mais le succès des réformes en Géorgie est incontestable. En moins de dix ans, la république s’est littéralement transformée, se démarquant profondément de ses anciens camarades soviétiques. Depuis plusieurs mois, le modèle géorgien suscite un intérêt croissant de la part de gouvernements étrangers.
«Nous ne voulons donner de leçons à personne. Nous apprenons encore de nos réformes. Le succès de celles-ci, dans la santé, l’éducation, l’économie, le service public, intéresse plusieurs gouvernements. Nous sommes prêts à échanger sur l’expérience», précise Guiorgui Baramidzé.
La Tunisie, l’Egypte, le Kirghizistan, qui ont vécu des révolutions populaires l’année passée ont lancé une série d’échanges bilatéraux, afin de tirer les enseignements de la success story géorgienne.
Des éditorialistes ukrainiens et russes en parlent dans leurs colonnes. En Russie, dans les fonds de cuisine alternatifs, on parle de cette Géorgie qui aurait éradiqué la corruption, faits que les médias télévisuels russes ne sauraient relayer. La voie géorgienne est évoquée par certains comme une voie alternative au néo-soviétisme russe qui gangrène le développement des pays de l’espace post-soviétique.
Timour Koulibaev, gendre du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev dont les relations avec Moscou s’apparentent à une lune de miel, va mê jusqu'à invoquer publiquement la voie géorgienne à des fins de développement au détriment du modèle russe.
Un tel modèle de réforme serait-il envisageable en Russie, au Kazakhstan, en Ukraine? Et ce, malgré la taille de ces pays? Elene Imnadzé:
«Mikheïl Saakachvili répond par l’affirmative. C’est ce qu’il a déclaré à l’occasion de la présentation de ce rapport à Washington, en janvier dernier. Selon lui, c’est même plus facile, car dans un petit pays, tout le monde a des connections avec des personnes de pouvoir, réformer c’est donc attaquer des familles.»
Qui en eut douté? Un Michiste est, par essence, convaincu du bienfait de sa croisade. C’est ce qui fait sa force, une force dont il ne devra pas abuser.
Louis-Antoine Le Moulec
Publié le 27/05/2012
http://www.slate.fr/story/54979/georgie-reformes-democratie
Elle barbotait en 2003 dans les bas-fonds des classements internationaux en tous genres. Huit années ont passé depuis la révolution des Roses et voilà la Géorgie qui monte sur le podium des réformistes remarqués par la Banque mondiale. Son modèle de réforme, qui relève de l’électrochoc tant par sa rapidité que dans ses modalités, va même jusqu’à susciter l’intérêt des nouvelles élites égyptiennes et tunisiennes.
Isolée dans l’espace post-soviétique depuis la guerre d’août 2008, la Géorgie devenue modèle est sujet à débat en Ukraine, au Kirghizstan, au Kazakhstan et même en Russie. Une revanche idéologique sur ce système russo-soviétique que le leadership géorgien s’emploie régulièrement à associer au «mal».
Parvenus à briser la spirale de la corruption, Mikheïl Saakachvili et son équipe ont «nettoyé au Kärcher®» la petite république caucasienne. Rompant avec l’héritage soviétique, ils ont fait le pari de l’Ouest. Une expérience inédite encore en devenir, mais qui déjà suscite admiration… et interrogations.
Le cercle vertueux des réformes
Tout commence, fin 2003, par la révolution des Roses, au cours de laquelle un engouement populaire massif vient appuyer le nouveau gouvernement emmené par Mikheïl Saakachvili. Edouard Chevardnadzé, ministre des Affaires étrangères d’URSS de 1985 à 1990 et président géorgien depuis 1992, accepte alors de passer le témoin. Le mouvement est galvanisé par une idée unique: l’éradication de la corruption.
Les attentes sont fortes après l’épisode révolutionnaire et se doivent d’être satisfaites rapidement. L’exécutif décide de lancer une série de réformes violentes, sévissant contre les agents corrupteurs, hauts fonctionnaires et politiques, le tout diffusé à la télévision tel un show de télé-réalité. Le message est clair: la corruption n’est plus tolérée, la loi s’impose à tous.
La réforme de la police de la route (juillet 2004) est souvent citée en exemple. Elle était l’organe le plus corrompu, ou tout au moins, le plus «visiblement» corrompu de l’appareil d’Etat. Elle allait donc devenir la cible numéro un. A la veille du coup d’éclat, la tension est à son comble. Elene Khoshtaria, qui travailla sur cette réforme, raconte:
«La veille au soir, on envisageait encore un soulèvement massif. 16.000 policiers renvoyés en une nuit, on pouvait craindre le pire. Une rébellion voire une guerre civile.»
Il n’en sera rien. Amnistie et avance salariale de deux mois participent à la résignation des policiers. La formation de jeunes officiers aux salaires élevés, la mise en place d’inspecteurs des polices, le paiement électronique centralisé des amendes concourent, entre autres, au succès de la réforme. Une enquête menée en 2010 au sein de la population par l’International Republican Institute en témoigne. L’appréciation positive du travail mené par la police de la route atteint les 84%... contre à peine 10% en 2003. Un miracle, en un record de temps.
Les mesures prises simultanément pour la réforme de l’Etat et dans le domaine économique permettent de donner rapidement à la Géorgie une assise financière. Les recettes fiscales assurent la pérennité du train des réformes qui, par son efficacité, contente la population. Au moins en partie.
Ce qui était jusqu’alors décrit comme un «héritage culturel» fait de criminalité, de banditisme, de vol et de corruption, vit ses dernières heures. L’expérience géorgienne prouve –c’est l’objet du rapport de la Banque mondiale– qu’il n’y a pas de déterminisme culturel pour expliquer l’ancrage de la corruption. Un pays peut s’en débarrasser, si tant est que la volonté politique est réelle.
Les limites du modèle
Elene Imnadzé, co-auteure du rapport, tient à souligner la particularité du modèle géorgien, tout en évitant le moindre jugement de valeur.
«Le succès de ces réformes est indéniable, des statistiques solides le prouvent (…) Ce succès repose, entre autres, sur une volonté politique forte, un pouvoir exécutif centralisé, qui de fait, par sa nature, pourrait dans le futur compromettre le chemin parcouru.»
Puis la critique commence à se faire entendre… En 2007, des manifestations populaires menées à l’encontre du gouvernement provoquent des heurts violents entre police et manifestants. La police est alors sévèrement critiquée pour son usage de la force.
Vient ensuite la guerre d’août 2008, quelques mois après l’élection présidentielle qui a reconduit Mikheïl Saakachvili au pouvoir: débâcle de l’armée et perte de 20% du territoire national qui passent sous contrôle russe même si l’Abkhazie était en sécession depuis quinze ans et que l’Ossétie n’était plus vraiment sous contrôle de Tbilissi. Du reste, l’épisode militaire traumatise l’opinion par la rapidité et la violence du pilonnage russe.
Pour le gouvernement, l’aide internationale consécutive au conflit vient soutenir le train des réformes et le développement des infrastructures, la croisade réformatrice retrouve sa vitesse de croisière. La rhétorique de l’ennemi russe devient le leitmotiv des discours présidentiels, devenus profondément patriotiques.
Du côté de la population, si les Géorgiens reconnaissent l’amélioration de leurs conditions de vie, le chômage et le verrouillage de la scène politique, tant au niveau local que national, nourrissent une amertume croissante.
Le taux de chômage officiel atteint 15,5% dans la capitale, soit deux points de plus qu’en 2004. Quant au non-officiel, une étude menée par le National democratic institute le situe autour de 67%.
«Depuis cinq ans, nous avons un taux de migration positif. L’économie est en plein développement. Il y a de plus en plus d’opportunités de travail pour les Géorgiens», explique Guiorgui Baramidzé, vice-ministre à l’Intégration européenne et euroatlantique. Il est vrai qu’un insolent taux de croissance de 7% ne nous incite pas à le contredire.
Imperméable aux chiffres cependant, le Géorgien moyen a nettement le sentiment que le pays est servi sur un plateau aux étrangers –appelés constamment à investir en Géorgie– sans que lui ne soit invité au festin.
L’année passée, interrogé lors d’un échange (à Paris) sur ces réformes et sur l’amertume ressentie par la population, Torniké Gordadzé, sous-ministre aux Affaires étrangères, ne me dit que du bien des réformes économiques, avant de terminer, méprisant car agacé par la question et insolemment fier de son argumentaire:
«Si vous aviez été en Géorgie (CQFD), vous auriez vu, dans les campagnes, que les hommes ne font rien mais passent leur journée à fumer et à jouer au nardi (Backgammon, NDLR).»
Le problème est bien là, ils sont souvent comme ça les Michistes (1). Des Croisés modernes, convaincus des bienfaits de la réforme, de la volonté présidentielle de faire de la Géorgie un pays «moderne et civilisé», quoiqu’en pensent leurs administrés.
Le bon élève sous surveillance
Les Michistes ne sont pas pour autant totalement libres. Le bon élève de l’Occident est en audit permanent et tant les prêts que l’aide au développement sont conditionnés à l’enregistrement de progrès démocratiques.
Etats-Unis, Union européenne, Otan, décryptent le cheminement de la république caucasienne. Pour l’heure, plusieurs organisations internationales dont la Banque mondiale et la Berd saluent les progrès réalisés dans la transformation du pays sans manquer de soulever des interrogations quant à l’indépendance du système judiciaire, au manque de diversité de la scène politique et à la transparence des médias.
L’indépendance de la justice est critiquée. Plusieurs ONG dénoncent aussi l’arbitraire des condamnations dont les peines pour des délits mineurs s’avèrent souvent être totalement disproportionnées. En découle un taux d’incarcération qui se place au deuxième rang mondial après les Etats-Unis.
Akaki Minashvili, président du comité aux Affaires internationales auprès du parlement, répond à cette dernière préoccupation:
«La première étape des réformes consistait en une tolérance zéro. Il était nécessaire de nettoyer le système. Aujourd’hui, nos prisons sont pleines, mais notre taux de criminalité est minimal. A présent, nous nous dirigeons vers un régime plus libéral, vers des peines non privatives de libertés, vers de la probation.»
Sur le devant de la scène politico-médiatique, «l’affaire Ivanishvili» agite le pays. Le «candidat du Kremlin», tel que ses détracteurs s’acharnent à le qualifier, n’a toujours pas recouvré sa nationalité géorgienne. Ce Français de nationalité a ouvert des bureaux politiquesà travers tout le pays pour fédérer autour de son projet «Georgian dream», mais le ralliement de tous les exclus du saakachivilisme a quelque peu entaché sa crédibilité.
«Accepteriez-vous, en France, qu’un homme pesant plusieurs milliards de dollars (davantage que le PIB géorgien, NDLR) finance un parti sur ses propres deniers? Non», assène Minashvili. L’affaire est close. Pour le moment.
Les élections parlementaires, qui comptent désormais plus que les présidentielles (janvier 2013) du fait d’une réforme constitutionnelle, auront lieu en octobre. Les mises en garde occidentales face à une dérive autoritaire incitent, une fois de plus, les Michistes à user de diplomatie tout en faisant du scrutin un nouveau «test» pour l’avènement de la démocratie géorgienne. Minashvili ne doute pas de la réussite du Mouvement national (parti de Mikheïl Saakachvili):
«La Géorgie est un pays ouvert à tous les observateurs, à tout audit du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne, de l’Otan. Nous sommes demandeurs de monitoring quant à nos réformes. Nous sommes ouvertement candidat à l’entrée dans ces structures, nous n’avons rien à cacher. En 2008, on nous avait dit que ces élections présidentielles seraient un test. Nous l’avons passé. En 2010, à nouveau, pour les élections parlementaires, nous l’avons passé. Cette année, nous le passerons à nouveau.»
Preuve de bonne volonté, Mikheïl Saakachvili a récemment invité l’OSCE à déployer des observateurs de long terme, programme que l’Organisation ne pratique pas… Le PNUD financera un programme d’observation de la couverture médiatique de ces élections. Affaire à suivre.
Un intérêt pour le premier de la classe
In fine, rendons à César ce qui appartient à César. Les Michistes sont ce qu’ils sont, mais le succès des réformes en Géorgie est incontestable. En moins de dix ans, la république s’est littéralement transformée, se démarquant profondément de ses anciens camarades soviétiques. Depuis plusieurs mois, le modèle géorgien suscite un intérêt croissant de la part de gouvernements étrangers.
«Nous ne voulons donner de leçons à personne. Nous apprenons encore de nos réformes. Le succès de celles-ci, dans la santé, l’éducation, l’économie, le service public, intéresse plusieurs gouvernements. Nous sommes prêts à échanger sur l’expérience», précise Guiorgui Baramidzé.
La Tunisie, l’Egypte, le Kirghizistan, qui ont vécu des révolutions populaires l’année passée ont lancé une série d’échanges bilatéraux, afin de tirer les enseignements de la success story géorgienne.
Des éditorialistes ukrainiens et russes en parlent dans leurs colonnes. En Russie, dans les fonds de cuisine alternatifs, on parle de cette Géorgie qui aurait éradiqué la corruption, faits que les médias télévisuels russes ne sauraient relayer. La voie géorgienne est évoquée par certains comme une voie alternative au néo-soviétisme russe qui gangrène le développement des pays de l’espace post-soviétique.
Timour Koulibaev, gendre du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev dont les relations avec Moscou s’apparentent à une lune de miel, va mê jusqu'à invoquer publiquement la voie géorgienne à des fins de développement au détriment du modèle russe.
Un tel modèle de réforme serait-il envisageable en Russie, au Kazakhstan, en Ukraine? Et ce, malgré la taille de ces pays? Elene Imnadzé:
«Mikheïl Saakachvili répond par l’affirmative. C’est ce qu’il a déclaré à l’occasion de la présentation de ce rapport à Washington, en janvier dernier. Selon lui, c’est même plus facile, car dans un petit pays, tout le monde a des connections avec des personnes de pouvoir, réformer c’est donc attaquer des familles.»
Qui en eut douté? Un Michiste est, par essence, convaincu du bienfait de sa croisade. C’est ce qui fait sa force, une force dont il ne devra pas abuser.
Louis-Antoine Le Moulec
Publié le 27/05/2012
http://www.slate.fr/story/54979/georgie-reformes-democratie
lundi 21 mai 2012
Six idées reçues sur la mondialisation
Par Daniel Bastien | 21/05 | 07:00
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Dans un nouveau rapport, le McKinsey Global Institute, think thank du célèbre cabinet de conseil, réfute la thèse de pays développés bientôt rattrapés par les émergents. Le message : si chacun prend conscience de ses forces, rien n'est inéluctable.
Image Source-AFP
Les mythes collant aux échanges internationaux sont-ils solubles dans la réalité ? Ils devraient l'être, estime-t-on au cabinet de conseil McKinsey. « C'est un sujet sur lequel les perceptions sont parfois faussées », explique Eric Labaye, président du McKinsey Global Institute, qui publie aujourd'hui un rapport sur le sujet ( « Trading myths : addressing misconceptions about trade, jobs, and competitiveness »). « En matière de commerce, on dit tout et n'importe quoi », résument plus prosaïquement certains experts.
On peut le vérifier chaque jour : le commerce international constitue un excellent sujet d'empoignades. Les altermondialistes sont toujours prêts à en découdre avec les gouvernants, et les gouvernants eux-mêmes toujours plus disposés à entonner les vieilles trompettes du protectionnisme. « Déficits », « délocalisations », « emploi », l'actualité du commerce est quotidienne, mais si le sujet est sérieux, il semble autant biaisé par une « sagesse conventionnelle » faite d'idées reçues, que par des « intérêts particuliers ». « Avec ce rapport, nous voulons apporter des faits », explique Eric Labaye.
Après avoir étudié le cas de 17 économies avancées (UE à 15, Etats-Unis, Japon), le McKinsey Global Institute, think thank créé en 1990, expose ses « 4 vérités » en démontant une demi-douzaine de grands mythes, et propose en conclusion une question toute simple : pourquoi ne pas chercher à localiser le maximum de valeur ajoutée dans chaque pays, en se fondant sur la bonne vieille théorie des avantages comparatifs qui veut que si on tire bien parti de ce dont on dispose, on sera compétitif ? « Il est important d'être clair sur les éléments de compétitivité qui permettent de s'en sortir. Rien n'est inéluctable ! Voyez la Belgique et les Pays-Bas : ils ont des balances commerciales positives dans le domaine industriel tout en ayant des systèmes sociaux développés », relève Eric Labaye. Pas de défaitisme, donc, face à ce qui n'est que « mythes », estime McKinsey. Revue de détail.
Les économies avancées perdraient des marchés face aux pays émergents, ce qui précipiterait leurs déficits commerciaux : FAUX
Certes, de grands écarts existent entre les grands pays développés, mais on ne constate pas de détérioration globale de leurs balances commerciales face aux émergents. Au cours des dix dernières années, leur déficit s'est même légèrement amélioré, passant de -1,6 % de leur PIB global à - 1,5 %. Dans le détail, le commerce de l'UE à 15 est globalement « largement équilibré », les pays nordiques restant de solides exportateurs et le Royaume-Uni un gros importateur. Excédentaire historique, le Japon n'est devenu importateur net que l'année dernière, alors que les Etats-Unis, abonnés aux déficits persistants depuis 1976, gagnent du terrain depuis 2005.
Ce sont les produits industriels qui font leurs déficits commerciaux : FAUX
La vraie raison des gros déficits tient aux importations de produits primaires -agricoles et matières premières -, même pour ceux qui en produisent eux-mêmes, comme les Etats-Unis. Victime de l'envolée des prix des matières premières, le déficit dans ce secteur a représenté un pic de 3,3 points de pourcentage du PIB des pays développés en 2008. « Si les prix des ressources primaires étaient restés au niveau de 2002, la balance commerciale des économies avancées aurait été équilibrée »cette année-là, relève McKinsey. « Au total, le déficit en produits primaires des économies avancées a été en 2009 plus important que leur déficit commercial total. » On s'aperçoit surtout que 12 de ces 17 pays ont enregistré un excédent de tous leurs produits manufacturés correspondant à 0,3 % de leur PIB en 2009, qui atteint même 1,3 point de PIB lorsqu'il s'agit de biens et services « à haute intensité de connaissance », Irlande, Allemagne et Japon en tête. Restés hors de ce palmarès positif : les Etats-Unis et le Royaume-Uni (un peu moins spécialisés dans le « haut niveau de connaissance » manufacturier), et les pays d'Europe du Sud - Espagne, Grèce, Portugal -pour lesquels l'entrée dans l'euro a provoqué une élévation du coût du travail d'environ 30 %. Ce petit groupe a d'ailleurs encore des avantages comparatifs dans les secteurs manufacturiers réclamant de la main-d'oeuvre, relève McKinsey, tout comme les pays nordiques ont su rester exportateurs nets de produits industriels réclamant du capital, comme le secteur du papier.
Le commerce mondial est la cause des pertes d'emplois industriels : FAUX
Les délocalisations ne sont pas « le » coupable. Si le déclin de l'emploi industriel dans les économies avancées est incontestable, elle est « une tendance à long terme dans tous ces pays » qui s'explique avant tout par une faiblesse de la demande -qui s'oriente davantage vers les services -et par les progrès constants en termes de productivité, dus à une combinaison de capital, d'avancées technologiques, d'innovations, d'efficacité et de spécialisation. Exemple patent : les Etats-Unis, où la perte de 5,8 millions d'emplois industriels entre 2000 et 2010 est « largement due aux progrès de la productivité couplés à la stagnation de la demande domestique ». La valeur ajoutée réelle du secteur industriel des économies avancées a d'ailleurs atteint son plus haut historique en 2007, avant la récession. Au total, seulement 20 % des pertes d'emplois industriels « peuvent être attribuées au commerce ou aux délocalisations », estime donc McKinsey. « Même si on avait équilibré la balance courante 2010 des Etats-Unis grâce à des exportations industrielles, cela aurait permis de gagner environ 2,2 millions de jobs dans ce secteur, loin des pertes de la dernière décennie. »
Les économies avancées ne créent des emplois que dans les services sur le plan national, peu payés et à faible valeur ajoutée : FAUX
Ces économies continuent à créer des jobs de haut niveau, à haute intensité de connaissance, dans des secteurs exportateurs, et qui se déplacent toujours davantage vers les services. Si, de 1996 à 2006, ces économies ont perdu 8 millions d'emplois industriels, le gain net en emplois dans les services a été de 30 millions, dont la moitié dans des secteurs intensifs en savoir, hautement qualifiés et bien payés. En moyenne, les salaires restent plus élevés dans l'industrie que dans les services, mais les rémunérations de ce secteur sont désormais en ligne avec ceux de l'industrie à facteur de production équivalent (travail, capital, savoir), et on trouve actuellement dans ce secteur parmi les meilleurs salaires de ces économies, note McKinsey.
Point capital : les frontières deviennent de plus en plus « floues » entre industrie et services, alors que les entreprises industrielles intègrent de plus en plus d'activités de service en amont, vers la recherche-développement, et en aval, vers la vente, la finance et le service à la clientèle. En Allemagne, les services contribuent déjà à 34 % de la valeur ajoutée domestique dans les exportations industrielles...
Le commerce des services est limité, et les pays émergents à positionnement low cost vont accaparer sa croissance : FAUX
Les exportations de services représentent déjà aujourd'hui le quart des exportations totales des économies avancées et elles atteindront le tiers d'ici à 2030, sans même compter la part des services incorporée dans les produits industriels. Certains pays avancés exportent déjà davantage de valeur ajoutée liée aux services qu'au secteur industriel, et, selon les scénarios, les exportations de services représenteront de 6 à 11 points du PIB des économies avancées à cette échéance. Et l'Allemagne en est à 13 % aujourd'hui...
Fait notable, les exportations de services à haute résolution de connaissances (propriété intellectuelle, licences, services financiers et services aux entreprises) croissent actuellement deux fois plus vite que les services à haute intensité de main-d'oeuvre, comme le tourisme et le transport. Le service aux entreprises -une spécialité des pays développés -constitue d'ailleurs un secteur particulièrement dynamique, dont l'excédent commercial est dès aujourd'hui supérieur à celui des services financiers. De quoi relativiser au total les inquiétudes suscitées par la délocalisation des call centers, par exemple...
Les économies de services comme les Etats-Unis sont leaders mondiaux dans ce secteur : FAUX
L'Union européenne à 15 est en tête des exportations de services, devant les Etats-Unis... même si on ne prend en compte que le commerce extra-européen. En 2009, les exportations totales de services de l'UE-15 ont ainsi représenté 9,4 % de son PIB, et 4,1 % en excluant l'intracommunautaire, comparé à 3,5 % pour les Etats-Unis et 2,5 % pour le Japon. Et si les gros clients des Etats-Unis se limitent en ce domaine au Canada et à l'Amérique latine, l'Union a de fortes positions dans toute l'Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. « Les traditionnelles machines exportatrices de produits industriels, comme l'Allemagne, sont aussi de puissants exportateurs de services », constate McKinsey, ce qui « contraste avec l'opinion générale qu'un pays doit choisir entre une réussite dans l'industrie ou dans les services ». « N'ayons pas peur » du commerce international, semble donc dire McKinsey. Résister aux pressions protectionnistes et voir les économies émergentes comme des opportunités plus que comme des menaces est possible, à la condition d'utiliser des outils qui sont à portée de main : considérer globalement l'avantage comparatif plutôt que l'emploi direct ; penser en termes de chaînes de valeur plutôt qu'en frontières de secteurs démodées, et raisonner en valeur ajoutée et non en chiffre d'affaires ; soutenir la compétitivité par l'éducation, l'innovation et l'amélioration de la productivité des ressources -de l'énergie en particulier. « Si on pense "création d'emploi", il faut à l'évidence mettre l'accent sur les services, même si l'industrie reste une source absolument majeure d'exportations. En fait, il ne faut pas craindre de "ratisser large", car il n'y a pas de mauvais secteur a priori. Le tout est de développer le maximum de valeur ajoutée en capturant les segments des chaînes de valeur des entreprises sur lesquels on est le plus compétitif », conclut Eric Labaye. Rassurant, non ?
DANIEL BASTIEN
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Dans un nouveau rapport, le McKinsey Global Institute, think thank du célèbre cabinet de conseil, réfute la thèse de pays développés bientôt rattrapés par les émergents. Le message : si chacun prend conscience de ses forces, rien n'est inéluctable.
Image Source-AFP
Les mythes collant aux échanges internationaux sont-ils solubles dans la réalité ? Ils devraient l'être, estime-t-on au cabinet de conseil McKinsey. « C'est un sujet sur lequel les perceptions sont parfois faussées », explique Eric Labaye, président du McKinsey Global Institute, qui publie aujourd'hui un rapport sur le sujet ( « Trading myths : addressing misconceptions about trade, jobs, and competitiveness »). « En matière de commerce, on dit tout et n'importe quoi », résument plus prosaïquement certains experts.
On peut le vérifier chaque jour : le commerce international constitue un excellent sujet d'empoignades. Les altermondialistes sont toujours prêts à en découdre avec les gouvernants, et les gouvernants eux-mêmes toujours plus disposés à entonner les vieilles trompettes du protectionnisme. « Déficits », « délocalisations », « emploi », l'actualité du commerce est quotidienne, mais si le sujet est sérieux, il semble autant biaisé par une « sagesse conventionnelle » faite d'idées reçues, que par des « intérêts particuliers ». « Avec ce rapport, nous voulons apporter des faits », explique Eric Labaye.
Après avoir étudié le cas de 17 économies avancées (UE à 15, Etats-Unis, Japon), le McKinsey Global Institute, think thank créé en 1990, expose ses « 4 vérités » en démontant une demi-douzaine de grands mythes, et propose en conclusion une question toute simple : pourquoi ne pas chercher à localiser le maximum de valeur ajoutée dans chaque pays, en se fondant sur la bonne vieille théorie des avantages comparatifs qui veut que si on tire bien parti de ce dont on dispose, on sera compétitif ? « Il est important d'être clair sur les éléments de compétitivité qui permettent de s'en sortir. Rien n'est inéluctable ! Voyez la Belgique et les Pays-Bas : ils ont des balances commerciales positives dans le domaine industriel tout en ayant des systèmes sociaux développés », relève Eric Labaye. Pas de défaitisme, donc, face à ce qui n'est que « mythes », estime McKinsey. Revue de détail.
Les économies avancées perdraient des marchés face aux pays émergents, ce qui précipiterait leurs déficits commerciaux : FAUX
Certes, de grands écarts existent entre les grands pays développés, mais on ne constate pas de détérioration globale de leurs balances commerciales face aux émergents. Au cours des dix dernières années, leur déficit s'est même légèrement amélioré, passant de -1,6 % de leur PIB global à - 1,5 %. Dans le détail, le commerce de l'UE à 15 est globalement « largement équilibré », les pays nordiques restant de solides exportateurs et le Royaume-Uni un gros importateur. Excédentaire historique, le Japon n'est devenu importateur net que l'année dernière, alors que les Etats-Unis, abonnés aux déficits persistants depuis 1976, gagnent du terrain depuis 2005.
Ce sont les produits industriels qui font leurs déficits commerciaux : FAUX
La vraie raison des gros déficits tient aux importations de produits primaires -agricoles et matières premières -, même pour ceux qui en produisent eux-mêmes, comme les Etats-Unis. Victime de l'envolée des prix des matières premières, le déficit dans ce secteur a représenté un pic de 3,3 points de pourcentage du PIB des pays développés en 2008. « Si les prix des ressources primaires étaient restés au niveau de 2002, la balance commerciale des économies avancées aurait été équilibrée »cette année-là, relève McKinsey. « Au total, le déficit en produits primaires des économies avancées a été en 2009 plus important que leur déficit commercial total. » On s'aperçoit surtout que 12 de ces 17 pays ont enregistré un excédent de tous leurs produits manufacturés correspondant à 0,3 % de leur PIB en 2009, qui atteint même 1,3 point de PIB lorsqu'il s'agit de biens et services « à haute intensité de connaissance », Irlande, Allemagne et Japon en tête. Restés hors de ce palmarès positif : les Etats-Unis et le Royaume-Uni (un peu moins spécialisés dans le « haut niveau de connaissance » manufacturier), et les pays d'Europe du Sud - Espagne, Grèce, Portugal -pour lesquels l'entrée dans l'euro a provoqué une élévation du coût du travail d'environ 30 %. Ce petit groupe a d'ailleurs encore des avantages comparatifs dans les secteurs manufacturiers réclamant de la main-d'oeuvre, relève McKinsey, tout comme les pays nordiques ont su rester exportateurs nets de produits industriels réclamant du capital, comme le secteur du papier.
Le commerce mondial est la cause des pertes d'emplois industriels : FAUX
Les délocalisations ne sont pas « le » coupable. Si le déclin de l'emploi industriel dans les économies avancées est incontestable, elle est « une tendance à long terme dans tous ces pays » qui s'explique avant tout par une faiblesse de la demande -qui s'oriente davantage vers les services -et par les progrès constants en termes de productivité, dus à une combinaison de capital, d'avancées technologiques, d'innovations, d'efficacité et de spécialisation. Exemple patent : les Etats-Unis, où la perte de 5,8 millions d'emplois industriels entre 2000 et 2010 est « largement due aux progrès de la productivité couplés à la stagnation de la demande domestique ». La valeur ajoutée réelle du secteur industriel des économies avancées a d'ailleurs atteint son plus haut historique en 2007, avant la récession. Au total, seulement 20 % des pertes d'emplois industriels « peuvent être attribuées au commerce ou aux délocalisations », estime donc McKinsey. « Même si on avait équilibré la balance courante 2010 des Etats-Unis grâce à des exportations industrielles, cela aurait permis de gagner environ 2,2 millions de jobs dans ce secteur, loin des pertes de la dernière décennie. »
Les économies avancées ne créent des emplois que dans les services sur le plan national, peu payés et à faible valeur ajoutée : FAUX
Ces économies continuent à créer des jobs de haut niveau, à haute intensité de connaissance, dans des secteurs exportateurs, et qui se déplacent toujours davantage vers les services. Si, de 1996 à 2006, ces économies ont perdu 8 millions d'emplois industriels, le gain net en emplois dans les services a été de 30 millions, dont la moitié dans des secteurs intensifs en savoir, hautement qualifiés et bien payés. En moyenne, les salaires restent plus élevés dans l'industrie que dans les services, mais les rémunérations de ce secteur sont désormais en ligne avec ceux de l'industrie à facteur de production équivalent (travail, capital, savoir), et on trouve actuellement dans ce secteur parmi les meilleurs salaires de ces économies, note McKinsey.
Point capital : les frontières deviennent de plus en plus « floues » entre industrie et services, alors que les entreprises industrielles intègrent de plus en plus d'activités de service en amont, vers la recherche-développement, et en aval, vers la vente, la finance et le service à la clientèle. En Allemagne, les services contribuent déjà à 34 % de la valeur ajoutée domestique dans les exportations industrielles...
Le commerce des services est limité, et les pays émergents à positionnement low cost vont accaparer sa croissance : FAUX
Les exportations de services représentent déjà aujourd'hui le quart des exportations totales des économies avancées et elles atteindront le tiers d'ici à 2030, sans même compter la part des services incorporée dans les produits industriels. Certains pays avancés exportent déjà davantage de valeur ajoutée liée aux services qu'au secteur industriel, et, selon les scénarios, les exportations de services représenteront de 6 à 11 points du PIB des économies avancées à cette échéance. Et l'Allemagne en est à 13 % aujourd'hui...
Fait notable, les exportations de services à haute résolution de connaissances (propriété intellectuelle, licences, services financiers et services aux entreprises) croissent actuellement deux fois plus vite que les services à haute intensité de main-d'oeuvre, comme le tourisme et le transport. Le service aux entreprises -une spécialité des pays développés -constitue d'ailleurs un secteur particulièrement dynamique, dont l'excédent commercial est dès aujourd'hui supérieur à celui des services financiers. De quoi relativiser au total les inquiétudes suscitées par la délocalisation des call centers, par exemple...
Les économies de services comme les Etats-Unis sont leaders mondiaux dans ce secteur : FAUX
L'Union européenne à 15 est en tête des exportations de services, devant les Etats-Unis... même si on ne prend en compte que le commerce extra-européen. En 2009, les exportations totales de services de l'UE-15 ont ainsi représenté 9,4 % de son PIB, et 4,1 % en excluant l'intracommunautaire, comparé à 3,5 % pour les Etats-Unis et 2,5 % pour le Japon. Et si les gros clients des Etats-Unis se limitent en ce domaine au Canada et à l'Amérique latine, l'Union a de fortes positions dans toute l'Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. « Les traditionnelles machines exportatrices de produits industriels, comme l'Allemagne, sont aussi de puissants exportateurs de services », constate McKinsey, ce qui « contraste avec l'opinion générale qu'un pays doit choisir entre une réussite dans l'industrie ou dans les services ». « N'ayons pas peur » du commerce international, semble donc dire McKinsey. Résister aux pressions protectionnistes et voir les économies émergentes comme des opportunités plus que comme des menaces est possible, à la condition d'utiliser des outils qui sont à portée de main : considérer globalement l'avantage comparatif plutôt que l'emploi direct ; penser en termes de chaînes de valeur plutôt qu'en frontières de secteurs démodées, et raisonner en valeur ajoutée et non en chiffre d'affaires ; soutenir la compétitivité par l'éducation, l'innovation et l'amélioration de la productivité des ressources -de l'énergie en particulier. « Si on pense "création d'emploi", il faut à l'évidence mettre l'accent sur les services, même si l'industrie reste une source absolument majeure d'exportations. En fait, il ne faut pas craindre de "ratisser large", car il n'y a pas de mauvais secteur a priori. Le tout est de développer le maximum de valeur ajoutée en capturant les segments des chaînes de valeur des entreprises sur lesquels on est le plus compétitif », conclut Eric Labaye. Rassurant, non ?
DANIEL BASTIEN
Une chance sur trois d’être embauché après son stage de fin d’études
5 RAISONS DE FAIRE UN STAGE DE FIN D’ÉTUDES
1 Découvrir l’entreprise : « Le stage permet à l’élève d’être confronté pour l’une des premières fois à la vie professionnelle, tout en ayant une position confortable avec un pied dans l’entreprise et un pied dans l’école », explique Romain Mège, directeur académique du département Génie Civil et Construction des Ponts Paristech. Attention toutefois, remarque Isabelle Liotta, coach en orientation et carrière à l’école des Mines Paristech, « une expérience en stage n’est pas toujours représentative de la vie professionnelle. On laisse parfois aux étudiants beaucoup plus d’autonomie qu’une fois en poste. »
2 Préciser son projet professionnel : « Ce stage va être décisif dans le choix de l’entreprise, de la carrière et du métier pour la suite parce que c’est le stage le plus long », rappelle Sandra Israël- Nicolas, responsable des relations entreprises de l’ECE. Pour Isabelle Liotta, il représente « le terrain de la mise en oeuvre du questionnement », et permet de découvrir ce que l’on aime ou pas, de « se demander de ce qui était très bien et pourquoi cela a bien fonctionné ».
3 Compléter la formation scolaire, soit en renforçant une expertise, soit en acquérant des compétences complémentaires : « Dans les travaux publics, la formation théorique est très accès sur l’ingénierie, les études et pas du tout sur les travaux. Dans ce sens-là le stage est une vraie formation vu qu’il complète un manque du système académique. Et c’est ce qui permet pour moi d’être vraiment opérationnel », témoigne Benoît Lapostolle, diplômé en 2010 des Ponts Paristech. Une idée reprise par Clément Niessen, jeune diplômé des Mines Paristech : « Je pense que mon stage m’a mis un petit coup de fouet sur tout ce qui était gestion de projet et confrontation au réel. Quand on conçoit un produit, il faut aller le vendre, et les personnes que l’on a en face connaissent très bien leur problème, donc on a intérêt à être solide et à bien répondre à leurs attentes. »
4 Se faire embaucher : Aux Mines Paristech comme à l’ECE, environ 30 % des élèves sont embauchés dans l’entreprise où ils ont fait leur stage de fin d’études. « Cela reste assez conséquent quand on sait que certains continuent ensuite leurs études », rappelle Sandra Israël-Nicolas. « La plupart des embauches dans mon entreprise se font parceque les stages se sont bien passés », complète Benoît Lapostolle, employé chez Eiffage à la suite de son stage.
5 Pour les entreprises, évaluer facilement l’étudiant : « Leur principal intérêt, c’est de pouvoir tester un élève sans engagement », remarque Romain Mège. « Cela leur offre une période d’essai supplémentaire de 6 mois. »
Conscientes de l’importance de ce stage de fin d’études, de nombreuses écoles ont mis en place un vrai travail de réflexion en collaboration avec les entreprises, qui débouche sur des stages répondant à un vrai besoin économique, inscrits parfois dans un processus durable de recherche et développement. C’est le cas aux Ponts Paristech où le stage de troisième année s’inscrit dans un Projet de Fin d’Etudes plus global, ou aux Mines Paristech qui offre aux élèves de dernière année la possibilité de suivre la méthode de co-orientation, enseignée par Isabelle Liotta et destinée à les aider dans leur recherche d’un premier emploi. Toutefois, si le stage de fin d’études est déterminant, les stages précédents, également, ne sont pas à négliger. « Je souligne que le stage de deuxième année est important lui aussi » alerte Sandra Israël- Nicolas qui rappelle que de nombreux étudiants gardent contact avec l’entreprise dans laquelle ils ont fait leur stage de deuxième année, et y sont embauchés à leur sortie d’école. De même, si Pierre Lamblin considère que le troisième stage est « fondamental », il ajoute instantanément : « Comme tous les stages d’ailleurs. Ce n’est pas propre austage de fin d’études. » Enfin, Solenne Couraye du Parc, responsable des relations entreprises des Mines Paristech, rassure les élèves : « Il ne faut pas non plus qu’ils voient ce stage comme quelque chose de capital. Il peut être constructif tout en ne répondant pas aux attentes. »
http://journaldesgrandesecoles.com/une-chance-sur-trois-detre-embauche-apres-son-stage-de-fin-detudes/
2 Préciser son projet professionnel : « Ce stage va être décisif dans le choix de l’entreprise, de la carrière et du métier pour la suite parce que c’est le stage le plus long », rappelle Sandra Israël- Nicolas, responsable des relations entreprises de l’ECE. Pour Isabelle Liotta, il représente « le terrain de la mise en oeuvre du questionnement », et permet de découvrir ce que l’on aime ou pas, de « se demander de ce qui était très bien et pourquoi cela a bien fonctionné ».
3 Compléter la formation scolaire, soit en renforçant une expertise, soit en acquérant des compétences complémentaires : « Dans les travaux publics, la formation théorique est très accès sur l’ingénierie, les études et pas du tout sur les travaux. Dans ce sens-là le stage est une vraie formation vu qu’il complète un manque du système académique. Et c’est ce qui permet pour moi d’être vraiment opérationnel », témoigne Benoît Lapostolle, diplômé en 2010 des Ponts Paristech. Une idée reprise par Clément Niessen, jeune diplômé des Mines Paristech : « Je pense que mon stage m’a mis un petit coup de fouet sur tout ce qui était gestion de projet et confrontation au réel. Quand on conçoit un produit, il faut aller le vendre, et les personnes que l’on a en face connaissent très bien leur problème, donc on a intérêt à être solide et à bien répondre à leurs attentes. »
4 Se faire embaucher : Aux Mines Paristech comme à l’ECE, environ 30 % des élèves sont embauchés dans l’entreprise où ils ont fait leur stage de fin d’études. « Cela reste assez conséquent quand on sait que certains continuent ensuite leurs études », rappelle Sandra Israël-Nicolas. « La plupart des embauches dans mon entreprise se font parceque les stages se sont bien passés », complète Benoît Lapostolle, employé chez Eiffage à la suite de son stage.
5 Pour les entreprises, évaluer facilement l’étudiant : « Leur principal intérêt, c’est de pouvoir tester un élève sans engagement », remarque Romain Mège. « Cela leur offre une période d’essai supplémentaire de 6 mois. »
Conscientes de l’importance de ce stage de fin d’études, de nombreuses écoles ont mis en place un vrai travail de réflexion en collaboration avec les entreprises, qui débouche sur des stages répondant à un vrai besoin économique, inscrits parfois dans un processus durable de recherche et développement. C’est le cas aux Ponts Paristech où le stage de troisième année s’inscrit dans un Projet de Fin d’Etudes plus global, ou aux Mines Paristech qui offre aux élèves de dernière année la possibilité de suivre la méthode de co-orientation, enseignée par Isabelle Liotta et destinée à les aider dans leur recherche d’un premier emploi. Toutefois, si le stage de fin d’études est déterminant, les stages précédents, également, ne sont pas à négliger. « Je souligne que le stage de deuxième année est important lui aussi » alerte Sandra Israël- Nicolas qui rappelle que de nombreux étudiants gardent contact avec l’entreprise dans laquelle ils ont fait leur stage de deuxième année, et y sont embauchés à leur sortie d’école. De même, si Pierre Lamblin considère que le troisième stage est « fondamental », il ajoute instantanément : « Comme tous les stages d’ailleurs. Ce n’est pas propre austage de fin d’études. » Enfin, Solenne Couraye du Parc, responsable des relations entreprises des Mines Paristech, rassure les élèves : « Il ne faut pas non plus qu’ils voient ce stage comme quelque chose de capital. Il peut être constructif tout en ne répondant pas aux attentes. »
http://journaldesgrandesecoles.com/une-chance-sur-trois-detre-embauche-apres-son-stage-de-fin-detudes/
France-Afrique : la révolution tunisienne a laissé des traces
21/05/2012 à 12h:31 Par Zyed Krichen, directeur de la rédaction du quotidien tunisien Le Maghreb
Ici, personne n'a oublié que le président sortant s'était adapté, tant bien que mal, à la révolution et avait dû même sacrifier un ministre d'État ; du jamais vu. Qui plus est, Nicolas Sarkozy s'est gardé de venir en Tunisie, et la première visite du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a été pour la place Al-Tahrir [en Égypte, NDLR] et non pour Sidi Bouzid. Cela a laissé des traces.
Qu'y a-t-il donc à attendre de l'arrivée d'une nouvelle majorité à Paris, sachant que les recadrages en matière de politique étrangère sont lents ? On pourrait penser que les socialistes seront plus conciliants ou plus offensifs. Mais nous n'en savons rien, puisque les dirigeants des deux pays n'ont jamais travaillé ensemble. On aurait également tendance à penser que les socialistes sont plus pro-Arabes, mais parfois Chirac l'a plus été que Mitterrand. Et même si des partis tunisiens, comme le Congrès pour la République, du président de la République Moncef Marzouki, et Ettakatol, du président de l'Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar, sont traditionnellement proches de la gauche, ces formations doivent composer avec l'autre partenaire de la troïka gouvernementale, Ennahdha.
Toutefois, des socialistes se sont mis en position d'écoute. Jack Lang a rencontré, avant et après les élections de la Constituante, les dirigeants tunisiens. Mais il faut être lucide et revenir à ce que disait de Gaulle : « La France a des intérêts plus que des amis. » Paris continuera donc à participer à l'effort de reconstruction de la Tunisie, interviendra sur la question sécuritaire, aura des rapports économiques étroits, mais cela relève plus de la loi du marché et de la stabilité géopolitique que de l'élection de François Hollande.
Lire l'article sur Jeuneafrique.com : France-Afrique : Hollande et nous | France-Afrique : la révolution tunisienne a laissé des traces | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique
Ici, personne n'a oublié que le président sortant s'était adapté, tant bien que mal, à la révolution et avait dû même sacrifier un ministre d'État ; du jamais vu. Qui plus est, Nicolas Sarkozy s'est gardé de venir en Tunisie, et la première visite du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a été pour la place Al-Tahrir [en Égypte, NDLR] et non pour Sidi Bouzid. Cela a laissé des traces.
Qu'y a-t-il donc à attendre de l'arrivée d'une nouvelle majorité à Paris, sachant que les recadrages en matière de politique étrangère sont lents ? On pourrait penser que les socialistes seront plus conciliants ou plus offensifs. Mais nous n'en savons rien, puisque les dirigeants des deux pays n'ont jamais travaillé ensemble. On aurait également tendance à penser que les socialistes sont plus pro-Arabes, mais parfois Chirac l'a plus été que Mitterrand. Et même si des partis tunisiens, comme le Congrès pour la République, du président de la République Moncef Marzouki, et Ettakatol, du président de l'Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar, sont traditionnellement proches de la gauche, ces formations doivent composer avec l'autre partenaire de la troïka gouvernementale, Ennahdha.
Toutefois, des socialistes se sont mis en position d'écoute. Jack Lang a rencontré, avant et après les élections de la Constituante, les dirigeants tunisiens. Mais il faut être lucide et revenir à ce que disait de Gaulle : « La France a des intérêts plus que des amis. » Paris continuera donc à participer à l'effort de reconstruction de la Tunisie, interviendra sur la question sécuritaire, aura des rapports économiques étroits, mais cela relève plus de la loi du marché et de la stabilité géopolitique que de l'élection de François Hollande.
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L'éclipse solaire qui a subjugué les Asiatiques et les Américains
© Reuters
L'éclipse était visible lundi matin en Chine, à Taiwan et au Japon, s'étendant à travers le Pacifique sur un arc de 13.600 kilomètres jusqu'au Texas où elle pouvait être observée dimanche à une heure tardive.
Une éclipse annulaire se produit lorsque la Lune passe devant le Soleil mais est trop loin de la Terre pour le masquer intégralement. Des nuages dans une grande partie du sud-est de la Chine ont empêché une vision claire du phénomène.
À Hong Kong, quelques milliers d'individus se sont rassemblés sur le front de mer Victoria Harbour en espérant profiter du spectacle, mais une épaisse couverture nuageuse ne leur a laissé qu'un aperçu de moins d'une minute.
Nombre des 35 millions d'habitants de la vaste région de Tokyo et plus de 80 millions dans l'ensemble du Japon ont en revanche pu observer ce spectacle, malgré un ciel un peu couvert.
À l'ouest des États-Unis, les passionnés misaient sur un ciel clair dimanche au coucher du soleil. Des milliers se sont rués dans la petite ville de Kanarraville (350 âmes), dans l'Utah, l'un des meilleurs points d'observation en Amérique du Nord.
Au milieu d'un ciel dégagé, la Lune devait couvrir 86% du diamètre solaire au point culminant de l'éclipse, laissant un mince filet du Soleil dans le ciel, une à deux heures avant son coucher.
Le Vif.be, avec Belga
http://www.levif.be/info/reportages-photo/l-eclipse-solaire-qui-a-subjugue-les-asiatiques-et-les-americains/album-4000099186117.htm
Numérique : ce qu’il va falloir casser pour que ça avance…
par An@é(son site) lundi 21 mai 2012
Publié par Michel GUILLOU sur son blog Neottia
Avertissement liminaire : ce billet est à l’usage de ceux d’entre les acteurs de l’école qui veulent délibérément s’engager dans le numérique. Il convient de ne passer aucune étape, l’ordre ayant peu d’importance. En revanche, un très grand soin doit être apporté à l’entreprise globale par la réussite complète de chacun des items.
Casser les murs et les meubles
J’avais, il y a un moment déjà, dans ce billet, suggéré qu’on pousse plus loin les murs de la classe. C’est insuffisant : pour bien faire, il faut tout casser.
Dans un groupe de travail matinal auquel je participais, il y a quelques jours, une ministre de l’ancien gouvernement, maire de sa ville en banlieue sud de Paris, s’interrogeait : faut-il construire une salle informatique dans les écoles de ma ville ?
La réponse, Mme la ministre, est simple : c’est non. Il faut casser intégralement tous les murs des classes des écoles de votre ville. Et, tant qu’à faire, casser aussi les murs des salles de classe des collèges et des lycées.
L’école numérique s’accommode mal d’espaces clos non modulables que sont nos salles de classe, rectangulaires, fermées. Sans doute convient-il de garder quelques espaces de ce type mais il faut aussi prévoir partout ailleurs la possibilité d’un cloisonnement modulaire et adaptable à des activités de groupe où le nomadisme est la règle. Et tant qu’à casser les murs, cassons aussi les mobiliers de classe, tables et chaises inadaptées, les tableaux verts pour la craie, les armoires de rangement pour les cartes de géographie, les estrades et les bureaux des maîtres !
C’est l’ensemble de l’architecture et du design scolaires qui doivent être repensés à l’heure du numérique. Et, compte tenu qu’on ne construit pas une école ou un collège pour en casser les murs deux ans après sa construction, c’est sans tarder que les collectivités, en relation avec les parents et l’Éducation nationale, doivent se mettre à ce chantier très urgent.
Casser les temps scolaires
Le sujet à la mode est d’évoquer les modifications des rythmes scolaires mais certes pas à l’aune du numérique. Pourtant, il s’agit là d’une préoccupation majeure de ceux qui s’y aventurent.
Soyons clair, l’heure de classe, dans son format de 55 minutes, en fait, le plus souvent, ne convient pas à l’enseignement par le numérique. Définir les objectifs d’une séquence, accéder aux terminaux numériques, quels qu’ils soient, chercher, collaborer, élaborer, produire, changer de lieu puis échanger, partager, rendre compte, évaluer parfois… et ranger va certainement prendre beaucoup plus que la petite heure traditionnelle. Ou beaucoup moins si l’on fragmente les activités.
Par ailleurs, compte tenu de l’augmentation prévisible et de la pertinence des enseignements en ligne et parfois à distance, le temps scolaire stricto sensu ne pourra se résoudre au seul temps passé en classe, face au professeur ou à ses côtés. Il faudra bien trouver une solution et revoir les missions des professeurs, je vous en reparle.
Là encore, la souplesse des emplois du temps sera une condition sine qua non de la réussite de l’école numérique. On conçoit l’énormité de la tâche, tant les contraintes actuelles sur les emplois du temps (enseignements obligatoires, options, spécialités) les rendent incompatibles avec la modularité et la souplesse exigées par le numérique.
Il faut pourtant s’y préparer et le plus tôt sera le mieux.
Casser les disciplines et les modes d’enseignement
Vous l’avez compris, l’école numérique s’accommode mal de structures spatiales et temporelles rigides. Mais il en est de même des enseignements cloisonnés en séquences disciplinaires rigides.
Il s’agit là d’une tâche incommensurable, tant sont grandes les résistances et solides les archaïsmes. L’école républicaine est fondée sur l’enseignement disciplinaire et sa didactique propre. S’y attaquer, c’est s’attaquer aux fondements mêmes de l’école.
L’école numérique, en multipliant les temps d’autonomie, de travail en groupe, de coopération, tend à faire se croiser, à travers des objectifs qui les traversent, les références et les champs disciplinaires. Le co-enseignement devient la règle, comme on a déjà commencé à le pratiquer dans les itinéraires de découverte, les travaux personnels encadrés, les enseignements d’exploration, l’accompagnement personnalisé en lycée.
Ces séquences, qui devraient se dérouler dans des lieux différents, dans des moments différents, pourraient être prises en charge par un ou plusieurs professeurs, selon les modes d’organisations adoptés pour le groupe d’élèves, selon les objectifs disciplinaires ou transdisciplinaires, éventuellement transversaux assignés.
Casser l’évaluation et les examens
En effet, comment continuer comme avant ?
Dans l’école numérique, il n’y a pas de logique à utiliser en permanence les ressources en ligne disponibles si ces dernières doivent êtres mises hors d’atteinte des élèves dans les moments d’évaluation. On ne peut pas, pendant les temps d’apprentissage, ouvrir en grand ses yeux et ses oreilles sur le monde s’il faut se refermer sur soi-même comme une huître quand il s’agit de rendre compte de ce qu’on sait ou qu’on a appris.
Et qu’a-t-on appris au juste ? Les contenus, les savoirs encyclopédiques sont disponibles en permanence, partout, en tous lieux… Que vérifier ? Quelles compétences doivent être acquises ? La restitution mot à mot de ces savoirs ou l’appropriation qu’en fait l’élève, sa capacité à en comprendre les mécanismes et les contextes ? Les affaires récentes liées à l’utilisation faite de Wikipédia, par un professeur d’une part, par les élèves d’autre part, montrent bien qu’on ne peut tout simplement plus faire comme avant…
Que vérifier ? Qu’évaluer ? Le copier-coller est-il légitime s’il est adapté et compris ? Le plagiat doit-il être toujours montré du doigt ? On le sait bien, l’école numérique encourage au partage et à l’échange, à la collaboration aussi. Comment transformer les modes d’évaluation, portant pour l’essentiel sur les capacités et les compétences individuelles, pour permettre aussi l’acquisition de ces dernières par un groupe de travail ? De l’individu au collectif…
C’est tout un chantier qui doit être conduit pour modifier les référentiels et le socle commun des connaissances et des compétences.
Cette mise en perspective doit aussi ouvrir la réflexion sur la refonte des examens et des concours. Là encore, il convient — d’autres pays ont commencé la démarche avant nous — de permettre aux candidats ou aux examinés d’accéder, sur des moments précis, dans des circonstances particulières, aux (à des) ressources en ligne disponibles.
Casser les postures et les discours
Il découle naturellement des modifications précédentes que la posture même du maître ne peut plus être la même.
La prise de conscience par ce dernier qu’il ne peut plus être l’unique et intangible transmetteur de savoirs sera sans doute l’épreuve la plus difficile à vivre pour beaucoup. C’est une très profonde remise en question de la figure immémoriale du maître qui est mise à mal avec le numérique. Il va de soi que ces enjeux devront être d’abord compris de l’encadrement et des corps d’inspection pour l’accompagnement spécifique des collègues en difficulté.
C’est aussi la position du maître qui change ou changera. Habituellement placé face à la classe, sur une estrade parfois, il devra passer dans la classe aux côtés des élèves ou derrière ces derniers pour les accompagner dans leurs démarches d’apprentissage.
Par ailleurs, et ce n’est pas le plus simple, le maître sera aussi capable d’accompagner, selon des modalités à définir dans ses missions, l’élève à distance, au-delà du temps de la classe.
Note : certains hommes politiques, toujours en recherche d’économies à faire sur l’éducation, imaginent que le numérique sera l’occasion de diminuer les taux d’encadrement. Tous les exemples ci-dessus montrent le contraire : les modifications des formes d’enseignement et des postures des maîtres contraindront au co-enseignement et à l’encadrement multiple, en classe (ce mot n’a plus beaucoup de sens car ni l’espace ni le groupe ne pourront être conservés). Par ailleurs, l’apprentissage en ligne s’ajoutera aux missions existantes…
Casser les missions, les relations avec les élèves, les parents…
Bien entendu, comme déjà évoqué, les missions mêmes des enseignants ne pourront plus être les mêmes. Il y aura aussi à résoudre un paradoxe : comment concilier le suivi à distance de l’élève au-delà du temps scolaire et la nécessaire présence plus active et durable sur les lieux de scolarité ?
Les relations avec les acteurs, élèves et leurs parents, sont aussi à revoir, à l’heure de la co-éducation au numérique (apprentissage de la responsabilité, de l’autonomie).
Bon, on commence quand ?
PS : on pourra, pour compléter sa réflexion, écouter avec profit cette petite vidéo qui date déjà de 2010.
Michel Guillou @michelguillou
http://www.educavox.fr/actualite/debats/article/numerique-ce-qu-il-va-falloir
Avertissement liminaire : ce billet est à l’usage de ceux d’entre les acteurs de l’école qui veulent délibérément s’engager dans le numérique. Il convient de ne passer aucune étape, l’ordre ayant peu d’importance. En revanche, un très grand soin doit être apporté à l’entreprise globale par la réussite complète de chacun des items.
Casser les murs et les meubles
J’avais, il y a un moment déjà, dans ce billet, suggéré qu’on pousse plus loin les murs de la classe. C’est insuffisant : pour bien faire, il faut tout casser.
Dans un groupe de travail matinal auquel je participais, il y a quelques jours, une ministre de l’ancien gouvernement, maire de sa ville en banlieue sud de Paris, s’interrogeait : faut-il construire une salle informatique dans les écoles de ma ville ?
La réponse, Mme la ministre, est simple : c’est non. Il faut casser intégralement tous les murs des classes des écoles de votre ville. Et, tant qu’à faire, casser aussi les murs des salles de classe des collèges et des lycées.
L’école numérique s’accommode mal d’espaces clos non modulables que sont nos salles de classe, rectangulaires, fermées. Sans doute convient-il de garder quelques espaces de ce type mais il faut aussi prévoir partout ailleurs la possibilité d’un cloisonnement modulaire et adaptable à des activités de groupe où le nomadisme est la règle. Et tant qu’à casser les murs, cassons aussi les mobiliers de classe, tables et chaises inadaptées, les tableaux verts pour la craie, les armoires de rangement pour les cartes de géographie, les estrades et les bureaux des maîtres !
C’est l’ensemble de l’architecture et du design scolaires qui doivent être repensés à l’heure du numérique. Et, compte tenu qu’on ne construit pas une école ou un collège pour en casser les murs deux ans après sa construction, c’est sans tarder que les collectivités, en relation avec les parents et l’Éducation nationale, doivent se mettre à ce chantier très urgent.
Casser les temps scolaires
Soyons clair, l’heure de classe, dans son format de 55 minutes, en fait, le plus souvent, ne convient pas à l’enseignement par le numérique. Définir les objectifs d’une séquence, accéder aux terminaux numériques, quels qu’ils soient, chercher, collaborer, élaborer, produire, changer de lieu puis échanger, partager, rendre compte, évaluer parfois… et ranger va certainement prendre beaucoup plus que la petite heure traditionnelle. Ou beaucoup moins si l’on fragmente les activités.
Par ailleurs, compte tenu de l’augmentation prévisible et de la pertinence des enseignements en ligne et parfois à distance, le temps scolaire stricto sensu ne pourra se résoudre au seul temps passé en classe, face au professeur ou à ses côtés. Il faudra bien trouver une solution et revoir les missions des professeurs, je vous en reparle.
Là encore, la souplesse des emplois du temps sera une condition sine qua non de la réussite de l’école numérique. On conçoit l’énormité de la tâche, tant les contraintes actuelles sur les emplois du temps (enseignements obligatoires, options, spécialités) les rendent incompatibles avec la modularité et la souplesse exigées par le numérique.
Il faut pourtant s’y préparer et le plus tôt sera le mieux.
Casser les disciplines et les modes d’enseignement
Il s’agit là d’une tâche incommensurable, tant sont grandes les résistances et solides les archaïsmes. L’école républicaine est fondée sur l’enseignement disciplinaire et sa didactique propre. S’y attaquer, c’est s’attaquer aux fondements mêmes de l’école.
L’école numérique, en multipliant les temps d’autonomie, de travail en groupe, de coopération, tend à faire se croiser, à travers des objectifs qui les traversent, les références et les champs disciplinaires. Le co-enseignement devient la règle, comme on a déjà commencé à le pratiquer dans les itinéraires de découverte, les travaux personnels encadrés, les enseignements d’exploration, l’accompagnement personnalisé en lycée.
Ces séquences, qui devraient se dérouler dans des lieux différents, dans des moments différents, pourraient être prises en charge par un ou plusieurs professeurs, selon les modes d’organisations adoptés pour le groupe d’élèves, selon les objectifs disciplinaires ou transdisciplinaires, éventuellement transversaux assignés.
Casser l’évaluation et les examens
Dans l’école numérique, il n’y a pas de logique à utiliser en permanence les ressources en ligne disponibles si ces dernières doivent êtres mises hors d’atteinte des élèves dans les moments d’évaluation. On ne peut pas, pendant les temps d’apprentissage, ouvrir en grand ses yeux et ses oreilles sur le monde s’il faut se refermer sur soi-même comme une huître quand il s’agit de rendre compte de ce qu’on sait ou qu’on a appris.
Et qu’a-t-on appris au juste ? Les contenus, les savoirs encyclopédiques sont disponibles en permanence, partout, en tous lieux… Que vérifier ? Quelles compétences doivent être acquises ? La restitution mot à mot de ces savoirs ou l’appropriation qu’en fait l’élève, sa capacité à en comprendre les mécanismes et les contextes ? Les affaires récentes liées à l’utilisation faite de Wikipédia, par un professeur d’une part, par les élèves d’autre part, montrent bien qu’on ne peut tout simplement plus faire comme avant…
Que vérifier ? Qu’évaluer ? Le copier-coller est-il légitime s’il est adapté et compris ? Le plagiat doit-il être toujours montré du doigt ? On le sait bien, l’école numérique encourage au partage et à l’échange, à la collaboration aussi. Comment transformer les modes d’évaluation, portant pour l’essentiel sur les capacités et les compétences individuelles, pour permettre aussi l’acquisition de ces dernières par un groupe de travail ? De l’individu au collectif…
C’est tout un chantier qui doit être conduit pour modifier les référentiels et le socle commun des connaissances et des compétences.
Cette mise en perspective doit aussi ouvrir la réflexion sur la refonte des examens et des concours. Là encore, il convient — d’autres pays ont commencé la démarche avant nous — de permettre aux candidats ou aux examinés d’accéder, sur des moments précis, dans des circonstances particulières, aux (à des) ressources en ligne disponibles.
Casser les postures et les discours
La prise de conscience par ce dernier qu’il ne peut plus être l’unique et intangible transmetteur de savoirs sera sans doute l’épreuve la plus difficile à vivre pour beaucoup. C’est une très profonde remise en question de la figure immémoriale du maître qui est mise à mal avec le numérique. Il va de soi que ces enjeux devront être d’abord compris de l’encadrement et des corps d’inspection pour l’accompagnement spécifique des collègues en difficulté.
C’est aussi la position du maître qui change ou changera. Habituellement placé face à la classe, sur une estrade parfois, il devra passer dans la classe aux côtés des élèves ou derrière ces derniers pour les accompagner dans leurs démarches d’apprentissage.
Par ailleurs, et ce n’est pas le plus simple, le maître sera aussi capable d’accompagner, selon des modalités à définir dans ses missions, l’élève à distance, au-delà du temps de la classe.
Note : certains hommes politiques, toujours en recherche d’économies à faire sur l’éducation, imaginent que le numérique sera l’occasion de diminuer les taux d’encadrement. Tous les exemples ci-dessus montrent le contraire : les modifications des formes d’enseignement et des postures des maîtres contraindront au co-enseignement et à l’encadrement multiple, en classe (ce mot n’a plus beaucoup de sens car ni l’espace ni le groupe ne pourront être conservés). Par ailleurs, l’apprentissage en ligne s’ajoutera aux missions existantes…
Casser les missions, les relations avec les élèves, les parents…
Bien entendu, comme déjà évoqué, les missions mêmes des enseignants ne pourront plus être les mêmes. Il y aura aussi à résoudre un paradoxe : comment concilier le suivi à distance de l’élève au-delà du temps scolaire et la nécessaire présence plus active et durable sur les lieux de scolarité ?
Les relations avec les acteurs, élèves et leurs parents, sont aussi à revoir, à l’heure de la co-éducation au numérique (apprentissage de la responsabilité, de l’autonomie).
Bon, on commence quand ?
PS : on pourra, pour compléter sa réflexion, écouter avec profit cette petite vidéo qui date déjà de 2010.
Michel Guillou @michelguillou
http://www.educavox.fr/actualite/debats/article/numerique-ce-qu-il-va-falloir
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ONU : assurer l’accès universel à l’Internet
Par Irin | 21 mai 2012
L’experte indépendante des Nations Unies dans le domaine des droits culturels, Farida Shaheed, a réclamé vendredi une approche basée sur les droits de l’homme concernant la régulation de l’Internet alors que ce média devient de plus en plus puissant dans le monde.
« Puisque l’Internet est une ressource mondiale, il est primordial qu’une gouvernance appropriée de l’Internet soutienne le droit d’accès pour tous et la liberté d’information de façon à ce que tous puissent déterminer son utilisation de façon individuelle et autonome », a déclaré Mme Shaheed avant la réunion de la Commission de l’ONU sur la science et la technologie pour le développement qui a eu lieu vendredi à Genève.
L’Internet est devenu un élément clé pour la défense et la promotion des droits de l’homme
« L’Internet est devenu un élément clé pour la défense et la promotion des droits de l’homme, et notamment la liberté d’opinion et d’expression », a-t-elle ajouté.
Selon Mme Shaheed, l’Internet peut jouer un rôle important pour promouvoir la participation démocratique, le développement, la responsabilisation et la transparence. Cela rend d’autant plus nécessaire l’accès de tous à l’Internet. L’Internet ne doit pas être divisé en sphères nationales et doit être protégé contre toute appropriation et nul ne doit en avoir le monopole, a-t-elle estimé.
Neutralité de l’Internet
« Le principe de la neutralité de l’Internet, qui permet que tout contenu soit traité de façon égale est fondamental et doit être protégé », a souligné l’Experte indépendante.
http://www.surlefeu.fr/14080/2012/05/onu-assurer-lacces-universel-a-linternet.html
L’experte indépendante des Nations Unies dans le domaine des droits culturels, Farida Shaheed, a réclamé vendredi une approche basée sur les droits de l’homme concernant la régulation de l’Internet alors que ce média devient de plus en plus puissant dans le monde.
« Puisque l’Internet est une ressource mondiale, il est primordial qu’une gouvernance appropriée de l’Internet soutienne le droit d’accès pour tous et la liberté d’information de façon à ce que tous puissent déterminer son utilisation de façon individuelle et autonome », a déclaré Mme Shaheed avant la réunion de la Commission de l’ONU sur la science et la technologie pour le développement qui a eu lieu vendredi à Genève.
L’Internet est devenu un élément clé pour la défense et la promotion des droits de l’homme
« L’Internet est devenu un élément clé pour la défense et la promotion des droits de l’homme, et notamment la liberté d’opinion et d’expression », a-t-elle ajouté.
Selon Mme Shaheed, l’Internet peut jouer un rôle important pour promouvoir la participation démocratique, le développement, la responsabilisation et la transparence. Cela rend d’autant plus nécessaire l’accès de tous à l’Internet. L’Internet ne doit pas être divisé en sphères nationales et doit être protégé contre toute appropriation et nul ne doit en avoir le monopole, a-t-elle estimé.
Neutralité de l’Internet
« Le principe de la neutralité de l’Internet, qui permet que tout contenu soit traité de façon égale est fondamental et doit être protégé », a souligné l’Experte indépendante.
http://www.surlefeu.fr/14080/2012/05/onu-assurer-lacces-universel-a-linternet.html
Le retour en force de l'alternance
L’alternance retrouve le sourire dans l’Hexagone, après deux années à l’arrêt.
L’alternance retrouve le sourire dans l’Hexagone, après deux années à l’arrêt. Du certificat d’aptitude professionnelle (CAP) au bac+ 5, 627 000 contrats d’apprentissage et de professionnalisation ont été signés en France en 2011 selon le ministère de Travail, de l’Emploi et de la Santé.
Un chiffre en hausse de 8,3% par rapport à 2010. En relevant le quota d’alternants dans les entreprises de plus de 250 salariés à 5%, contre 4% actuellement, l’objectif est de porter à 800 000 le nombre de contrats à l’horizon 2015, dont 600 000 en apprentissage.
Un soutien de 500 millions d’euros
Levier d’une meilleure insertion des jeunes dans l’emploi, l’alternance est au cœur des politiques publiques depuis vingt-cinq ans. Dernière impulsion en date : le grand emprunt et les investissements d’avenir, qui ont consacré un volet spécial à l’alternance. L’enveloppe ? 500 millions d’euros destinés à financer des projets améliorant l’offre de formation en France. « On peut tabler sur 15 000 à 20 000 alternants en plus, commente Jean-Pierre Boisivon, président du comité d’évaluation de cet appel à projets. Donc pas de quoi changer radicalement la donne. Mais ces projets ciblent des métiers en émergence et des publics différents, comme les bacheliers professionnels, et disposent en outre d’un volet hébergement. Avec des recrutements régionaux, voire au-delà pour les formations du supérieur, c’est important. »
Depuis septembre 2010, 32 projets ont d’ores et déjà été retenus et plus de 150 millions d’euros ont été engagés. S’il y a encore du chemin à parcourir, le pouvoir d’attraction de l’alternance est aujourd’hui tel, pour Jean-Jacques Arrighi, chargé d’études au Cereq (centre d’études et de recherches sur les qualifications), que « c’est devenu un produit d’appels pour les écoles et l’université… ».
Les grandes entreprises en ordre de marche
Si les très petites entreprises (TPE) sont toujours les premières à s’y engager, les grandes s’y mettent également. Pour preuve, les 5100 alternants accueillis au sein d’Orange en 2011. « On considère que l’on a un rôle sociétal à jouer, explique Brigitte Dumont, directrice de la politique des ressources humaines du groupe. Et, avec 30 000 départs en retraite d’ici à 2020, on doit anticiper les recrutements de demain et d’après-demain. » Résultat : 1800 contrats d’apprenti en 2011. Même bilan chez ERDF, leader dans la distribution de l’électricité, où les alternants représentent 5% des effectifs : « Les départs en retraite des baby-boomers nous impactent, note Patricia Marseille, en charge des ressources humaines. L’apprentissage est l’une des voies privilégiées pour faire face au renouvellement du quart de nos salariés d’ici cinq à dix ans. »
Moins familiarisé avec ce mode de formation que l’industrie, le secteur bancaire l’a adopté depuis moins de vingt ans et semble vouloir tirer parti des atouts du système. Ainsi, pour ses 1450 places en 2012, le réseau BNP Paribas poursuit sa politique de diversité en continuant notamment à s’ouvrir à des profils atypiques, non commerciaux. Et Isabelle Sachot-Moirez, responsable recrutement du groupe, de souligner : « Les écoles savent qu’elles doivent développer des cursus en alternance pour répondre aux besoins des entreprises, et nous les y sensibilisons très régulièrement. »
Un chiffre en hausse de 8,3% par rapport à 2010. En relevant le quota d’alternants dans les entreprises de plus de 250 salariés à 5%, contre 4% actuellement, l’objectif est de porter à 800 000 le nombre de contrats à l’horizon 2015, dont 600 000 en apprentissage.
Un soutien de 500 millions d’euros
Levier d’une meilleure insertion des jeunes dans l’emploi, l’alternance est au cœur des politiques publiques depuis vingt-cinq ans. Dernière impulsion en date : le grand emprunt et les investissements d’avenir, qui ont consacré un volet spécial à l’alternance. L’enveloppe ? 500 millions d’euros destinés à financer des projets améliorant l’offre de formation en France. « On peut tabler sur 15 000 à 20 000 alternants en plus, commente Jean-Pierre Boisivon, président du comité d’évaluation de cet appel à projets. Donc pas de quoi changer radicalement la donne. Mais ces projets ciblent des métiers en émergence et des publics différents, comme les bacheliers professionnels, et disposent en outre d’un volet hébergement. Avec des recrutements régionaux, voire au-delà pour les formations du supérieur, c’est important. »
Depuis septembre 2010, 32 projets ont d’ores et déjà été retenus et plus de 150 millions d’euros ont été engagés. S’il y a encore du chemin à parcourir, le pouvoir d’attraction de l’alternance est aujourd’hui tel, pour Jean-Jacques Arrighi, chargé d’études au Cereq (centre d’études et de recherches sur les qualifications), que « c’est devenu un produit d’appels pour les écoles et l’université… ».
Les grandes entreprises en ordre de marche
Si les très petites entreprises (TPE) sont toujours les premières à s’y engager, les grandes s’y mettent également. Pour preuve, les 5100 alternants accueillis au sein d’Orange en 2011. « On considère que l’on a un rôle sociétal à jouer, explique Brigitte Dumont, directrice de la politique des ressources humaines du groupe. Et, avec 30 000 départs en retraite d’ici à 2020, on doit anticiper les recrutements de demain et d’après-demain. » Résultat : 1800 contrats d’apprenti en 2011. Même bilan chez ERDF, leader dans la distribution de l’électricité, où les alternants représentent 5% des effectifs : « Les départs en retraite des baby-boomers nous impactent, note Patricia Marseille, en charge des ressources humaines. L’apprentissage est l’une des voies privilégiées pour faire face au renouvellement du quart de nos salariés d’ici cinq à dix ans. »
Moins familiarisé avec ce mode de formation que l’industrie, le secteur bancaire l’a adopté depuis moins de vingt ans et semble vouloir tirer parti des atouts du système. Ainsi, pour ses 1450 places en 2012, le réseau BNP Paribas poursuit sa politique de diversité en continuant notamment à s’ouvrir à des profils atypiques, non commerciaux. Et Isabelle Sachot-Moirez, responsable recrutement du groupe, de souligner : « Les écoles savent qu’elles doivent développer des cursus en alternance pour répondre aux besoins des entreprises, et nous les y sensibilisons très régulièrement. »
Les CFA (Centre de Formation d'Apprentis) spécialiste de l'Alternance
Les centres de formation d’apprentis sont spécialisés dans la formation par Alternance
Les centres de formation d’apprentis (CFA) s’imposent comme un rouage essentiel de l’alternance. Au nombre de 1100, dont 660 en Ile-de-France, ils dispensent des formations en apprentissage combinant cours théoriques et travail en entreprise et mènent à des diplômes allant du CAP au bac + 5. En janvier 2010, les CFA accueillaient quelque 424700 apprentis, selon le ministère de l’Education nationale.
Producteurs de contenus pédagogiques ?
En dépit de leur rôle central, les CFA n’ont toutefois qu’une marge de manœuvre limitée sur le contenu des cursus qu’ils proposent. Les diplômes du ministère de l’Education nationale, CAP ou brevet de technicien supérieur (BTS), obligent en effet les établissements à suivre des programmes pédagogiques très cadrés, ne pouvant être enrichis que de cours complémentaires.
Les possibilités sont en revanche plus vastes en cas de création de titre professionnel, qui implique la reconnaissance officielle d’une qualification sur le marché du travail. « Pour les cursus de notre réseau Négoventis, nous avons bâti notre propre programme, qui doit correspondre à un besoin non pourvu par ailleurs », explique Rachid Hanifi, chef du département formation et compétences de l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie (ACFCI), dont le réseau compte aujourd’hui 150 CFA.
A la faculté des métiers de l’Essonne, une nouvelle licence pro en efficacité énergétique verra le jour en septembre 2012. « Un travail de dix-huit mois qui porte sur les matières, mais aussi sur la synchronisation des séquences entre l’entreprise et la formation, explique Alain Bao, directeur de l’établissement et président de l’Association des directeurs de centres de formation d’apprentis d’Ile-de-France. Mais ce n’est pas notre cœur de métier. La demande sociale porte sur les diplômes d’Etat, pas sur les cursus maison, surtout pour les niveaux inférieurs au bac. »
La concurrence des universités et grandes écoles
Les CFA doivent par ailleurs faire face à une concurrence accrue de la part des universités et des écoles, qui, elles aussi, développent leurs propres formations en alternance. « Si l’immense majorité des CFA forment en leur sein leurs apprentis, le développement de l’alternance dans le supérieur a modifié la donne, explique Rachid Hanifi, de l’ACFCI. On voit émerger des CFA hors les murs qui sous-traitent l’activité de formation à des acteurs que sont les universités ou les grandes écoles, par exemple. »
C’est le cas du CFA Sup 2000, le pionnier de l’apprentissage universitaire basé à Saint-Maurice dans le Val-de-Marne, avec ses huit universités partenaires, parmi lesquelles l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et l’université Paris Ouest Nanterre La Défense. Une manière de répondre aux évolutions de l’alternance et de se positionner à l’avant-garde en matière de formations.
Producteurs de contenus pédagogiques ?
En dépit de leur rôle central, les CFA n’ont toutefois qu’une marge de manœuvre limitée sur le contenu des cursus qu’ils proposent. Les diplômes du ministère de l’Education nationale, CAP ou brevet de technicien supérieur (BTS), obligent en effet les établissements à suivre des programmes pédagogiques très cadrés, ne pouvant être enrichis que de cours complémentaires.
Les possibilités sont en revanche plus vastes en cas de création de titre professionnel, qui implique la reconnaissance officielle d’une qualification sur le marché du travail. « Pour les cursus de notre réseau Négoventis, nous avons bâti notre propre programme, qui doit correspondre à un besoin non pourvu par ailleurs », explique Rachid Hanifi, chef du département formation et compétences de l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie (ACFCI), dont le réseau compte aujourd’hui 150 CFA.
A la faculté des métiers de l’Essonne, une nouvelle licence pro en efficacité énergétique verra le jour en septembre 2012. « Un travail de dix-huit mois qui porte sur les matières, mais aussi sur la synchronisation des séquences entre l’entreprise et la formation, explique Alain Bao, directeur de l’établissement et président de l’Association des directeurs de centres de formation d’apprentis d’Ile-de-France. Mais ce n’est pas notre cœur de métier. La demande sociale porte sur les diplômes d’Etat, pas sur les cursus maison, surtout pour les niveaux inférieurs au bac. »
La concurrence des universités et grandes écoles
Les CFA doivent par ailleurs faire face à une concurrence accrue de la part des universités et des écoles, qui, elles aussi, développent leurs propres formations en alternance. « Si l’immense majorité des CFA forment en leur sein leurs apprentis, le développement de l’alternance dans le supérieur a modifié la donne, explique Rachid Hanifi, de l’ACFCI. On voit émerger des CFA hors les murs qui sous-traitent l’activité de formation à des acteurs que sont les universités ou les grandes écoles, par exemple. »
C’est le cas du CFA Sup 2000, le pionnier de l’apprentissage universitaire basé à Saint-Maurice dans le Val-de-Marne, avec ses huit universités partenaires, parmi lesquelles l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et l’université Paris Ouest Nanterre La Défense. Une manière de répondre aux évolutions de l’alternance et de se positionner à l’avant-garde en matière de formations.
dimanche 20 mai 2012
Les médias maghrébins, entre « lignes rouges » et liberté « effrénée »
Derrière l’aspiration à la liberté de la presse, se cachent des réalités très diverses |
Les médias ont un comportement et un rôle différents dans chaque pays du Maghreb. Mais comment définir ce rôle ? Un colloque international organisé, dimanche à Alger, par l’Ecole nationale supérieure des statistiques et de l’économie appliquée, a tenté de cerner les différentes situations, qui vont d’une « anarchie médiatique » au handicap des « lignes rouges ».
Les participants se sont efforcés à donner des réponses souvent théoriques à des problèmes concrets. Ce qui a fait dire à Jamil Haidar, représentant de la fondation allemande Hans Seidel au Maghreb, que, finalement, l’objet du colloque est de poser la problématique des rapports entre les médias et le pouvoir dans les pays du Maghreb. Donner des réponses en cette conjoncture de mutations n’est pas aisé, a-t-il dit, soulignant que la situation dans les pays de la région est loin d’être identique.
Il estime que la presse de son pays d’origine, la Tunisie, connaît depuis la chute du régime de Ben Ali, une liberté « effrénée », qui s’est transformée carrément en une « anarchie médiatique », au détriment des règles de responsabilité et de professionnalisme. La presse tunisienne est devenue « un moyen de règlement de comptes personnels et politiques », a déclaré Jamil Haidar à Maghreb Emergent, en marge du colloque.
Au Maroc, la presse est « assez mature » mais elle est malheureusement contrariée par des « lignes rouges » qu’elle ne peut pas dépasser. « Les journaux ne peuvent pas parler en toute liberté du Roi ». D’ailleurs plusieurs journalistes ont été emprisonnées pour avoir critiqué Mohamed VI, rappelle-t-il. ...
Lire la suite
http://www.maghrebemergent.com/actualite/maghrebine/12369-les-medias-maghrebins-entre-l-lignes-rouges-r-et-liberte-l-effrenee-r.html
Printemps arabe: le G8 crée un fonds de 250 M USD
Sommet G8 à Camp David© REUTERS/ Jason Reed |
16:35 20/05/2012
WASHINGTON, 20 mai - RIA Novosti
Réunis en sommet à Camp David (Etats-Unis), les leaders du G8 ont décidé la création d'un fonds de 250 millions de dollars afin de soutenir les pays arabes touchés par des révolutions.
"Nous avons décidé de créer un nouveau fonds en addition à de nombreuses initiatives bilatérales et multilatérales, visant l'octroi de bourses, d'aide technique, ainsi que l'échange d'expérience qui favoriseront le renforcement des institutions nécessaires pour effectuer le développement économique et les réformes. Les pays du G8 participant à la création du fonds travailleront avec les partenaires régionaux, la Banque mondiale et les institutions régionales comme la Banque islamique de développement", indique un communiqué de la Maison Blanche, qui précise que la capitalisation initiale se chiffrera à 250 millions de dollars.
Les leaders du G8 ont également salué l'élargissement du mandat de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et sont tombés d'accord pour favoriser la création d'un fonds chargé d'investir dans les pays arabes. Les actionnaires de la Banque avaient approuvé l'octroi d'un milliard d'euros pour ces buts.
http://fr.rian.ru/world/20120520/194774117.html
Les profs d’universités suisses sont les mieux payés au monde
letemps.ch
Selon une comparaison internationale realisée pour la NZZ am Sonntag, les universités suisses rétribuent leurs enseignants quasiment deux fois plus que les allemandes
Selon une comparaison internationale realisée pour la NZZ am Sonntag, les universités suisses rétribuent leurs enseignants quasiment deux fois plus que les allemandes
En ce qui concerne en tout cas les salaires de ses professeurs universitaires, la Suisse jouit d’un avantage certain dans le marché international de la formation supérieure, toujours plus concurrentiel. C’est ce que souligne la NZZ am Sonntag, en publiant dimanche une étude comparative: les professeurs des universités suisses sont de loin les mieux payés au monde.
Selon cette étude, un professeur ordinaire d’université suisse gagne en moyenne 17 000 francs par mois, ce salaire brut étant calculé en douze mensualités. Ce qui représente 3000 francs de plus qu’au Canada, le pays qui figure au 2e rang parmi les 28 inclus dans cette comparaison.
Avec un salaire mensuel moyen de 9575 francs, les professeurs allemands se situent à un plutôt médiocre 12e rang - derrière l’Italie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, ce qui suffirait à expliquer leur intérêt croissant à briguer des postes en Suisse.
Ce classement ne laisse pourtant pas de surprendre: il place des pays comme la Malaysia ou le Nigéria devant les pincipales nations industrualisées.
A l’intérieur meme de la Suisse, les differences sont notables, ainsi que les rappellent par ailleurs les chiffres de la Conférence universitaire suisse. Pour un professeur ordinaire, le maximum va de 186 000 francs par an à Lucerne à 271 000 francs pour les Ecoles polytechniques fédérales de Zurich et de Lausanne.
Les salaires haut de gamme ne disent encore pas tout sur la qualité de la formation supérieure d’un pays. «Si les universités suisses se placent si bien dans la concurrence international, c’est aussi qu’elles sont très productives dans la recherche, estime Philip Altbach, du Centre international pour la formation supérieure de Boston. La Suisse dispose de plusieurs hautes écoles de qualité supérieure, ce qui est inhabituel pour un petit pays.”
Le statut économique et social d’un professeur depend du salaire, mais aussi de diverses bonifications, en particulier dans les pays où les salaires sont bas. Les différences à ce sujet sont considerable et difficiles à chiffrer. Par exemple, les professeur au Japon et en Ethopie reçoivent une aide au logement; en Inde, ils peuvent subir une vasectomie gratuitement, contribution de l’Etat au contrôle des naissances; au Mexique, ils reçoivent tous une dinde pour Noël.
Les données suisses de cette étude ont été extraites par la NZZ am Sonntag et confiées pour leur exploitation à Gregory Androushchak, de la Haute école d’économie de Moscou. La comparaison prend en compte le pouvoir d’achat du franc Suisse et estime donc ce que vaudrait en Suisse le salaire d’un professeur étranger.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/de148c40-a288-11e1-b46c-1169b052ad18
Selon une comparaison internationale realisée pour la NZZ am Sonntag, les universités suisses rétribuent leurs enseignants quasiment deux fois plus que les allemandes
En ce qui concerne en tout cas les salaires de ses professeurs universitaires, la Suisse jouit d’un avantage certain dans le marché international de la formation supérieure, toujours plus concurrentiel. C’est ce que souligne la NZZ am Sonntag, en publiant dimanche une étude comparative: les professeurs des universités suisses sont de loin les mieux payés au monde.
Selon cette étude, un professeur ordinaire d’université suisse gagne en moyenne 17 000 francs par mois, ce salaire brut étant calculé en douze mensualités. Ce qui représente 3000 francs de plus qu’au Canada, le pays qui figure au 2e rang parmi les 28 inclus dans cette comparaison.
Avec un salaire mensuel moyen de 9575 francs, les professeurs allemands se situent à un plutôt médiocre 12e rang - derrière l’Italie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, ce qui suffirait à expliquer leur intérêt croissant à briguer des postes en Suisse.
Ce classement ne laisse pourtant pas de surprendre: il place des pays comme la Malaysia ou le Nigéria devant les pincipales nations industrualisées.
A l’intérieur meme de la Suisse, les differences sont notables, ainsi que les rappellent par ailleurs les chiffres de la Conférence universitaire suisse. Pour un professeur ordinaire, le maximum va de 186 000 francs par an à Lucerne à 271 000 francs pour les Ecoles polytechniques fédérales de Zurich et de Lausanne.
Les salaires haut de gamme ne disent encore pas tout sur la qualité de la formation supérieure d’un pays. «Si les universités suisses se placent si bien dans la concurrence international, c’est aussi qu’elles sont très productives dans la recherche, estime Philip Altbach, du Centre international pour la formation supérieure de Boston. La Suisse dispose de plusieurs hautes écoles de qualité supérieure, ce qui est inhabituel pour un petit pays.”
Le statut économique et social d’un professeur depend du salaire, mais aussi de diverses bonifications, en particulier dans les pays où les salaires sont bas. Les différences à ce sujet sont considerable et difficiles à chiffrer. Par exemple, les professeur au Japon et en Ethopie reçoivent une aide au logement; en Inde, ils peuvent subir une vasectomie gratuitement, contribution de l’Etat au contrôle des naissances; au Mexique, ils reçoivent tous une dinde pour Noël.
Les données suisses de cette étude ont été extraites par la NZZ am Sonntag et confiées pour leur exploitation à Gregory Androushchak, de la Haute école d’économie de Moscou. La comparaison prend en compte le pouvoir d’achat du franc Suisse et estime donc ce que vaudrait en Suisse le salaire d’un professeur étranger.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/de148c40-a288-11e1-b46c-1169b052ad18
La difficile ascension vers la résolution d'un problème mathématique
Le Monde.fr | 20.05.2012 à 20h06 • Mis à jour le 20.05.2012 à 20h06
Par David Larousserie
Pour un mathématicien, avancer à petits pas ne signifie pas forcément serapprocher du but. Ainsi l'un des plus brillants chercheurs de cette discipline, Terence Tao (université de Californie), vient d'apporter sa pierre à la résolution d'un problème mythique de sa discipline, la conjecture de Goldbach. Mais sanspourvoir affirmer l'avoir totalement résolue.
Ce problème remonte au 18e siècle, lorsque le mathématicien Christian Goldbachdéfie son collègue Leonhardt Euler en estimant peu ou prou que tout nombre entier pair peut s'écrire comme la somme de deux nombres premiers. Par exemple, 30=13+17 ou 90=17+73. Ou encore, que tout nombre entier impair peut s'écrire comme la somme de trois nombres premiers. Ainsi, 179=19+71+89. Les nombres premiers ne sont divisibles que par un et eux-même et constituent en quelques sortes les briques élémentaires de la théorie des nombres.
"Cette conjecture est très importante. Elle est simple à énoncer et pourtant touche à un problème fondamental : comment se combinent, pour les nombres, les deux opérations de base, la somme et la multiplication (qui est liée aux nombres premiers,)", explique Gerald Tenenbaum, de l'institut Elie Cartan de Nancy, spécialiste de la théorie des nombres.
Ce problème n'est pourtant pas l'un des sept mis à prix un million de dollars par la fondation Clay en 2000. Il a néanmoins un rapport avec l'un deux, l'hypothèse de Riemann, qui donne la clé de la répartition de ces atomes des mathématiques, que sont les nombres premiers. Si cette autre conjecture est vraie alors l'énoncé de Goldbach pour les nombres impairs s'en déduirait par exemple.
"PAS LA DÉMONSTRATION AVANT 1000 ANS !"
C'est dans ce contexte que Terence Tao, médaillé Fields en 2006, la récompense suprême en maths, a démontré que tout entier impair peut se décomposer en cinq nombres premiers. Ce qui est donc un petit peu mieux que le précédent "record"d'Olivier Ramaré, de l'université de Lille et du CNRS, qui il y a presque vingt ans avait établi que tout nombre pair se décompose en six nombres premiers.
L'américain a soumis cet article en février à une revue spécialisée pour expertise et publication mais le magazine Scientific American l'a sorti de la confidentialité le 11 mai dernier, repris par le site web de la revue Nature. Le prestige de l'auteur et la méthode utilisée ne fait guère de doute sur la solidité du travail qui devrait donc être prochainement validé. Ce dernier reste modeste, "c'est un progrès incrémental dans la recherche sur la conjecture de Goldbach, mais pas une révolution", nous a-t-il écrit.
Le problème avec cette conjecture est que s'il semble possible d'atteindre les étapes suivantes, quatre nombres premiers, puis trois, la dernière restera inaccessible. "Avec la méthode que j'avais utilisée et que Terence Tao poursuit, nous savons que nous ne pourrons pas aller jusqu'à la démonstration finale. Il y a un obstacle théorique", constate Olivier Ramaré. "On a même du mal à s'approcher d'une méthode différente permettant d'aborder cette ultime question. Peut être qu'on ne verra pas la démonstration avant 1000 ans !", ajoute-t-il.
"Ces travaux sont cependant intéressants car pour aborder la démonstration finale, nous avons besoin de comprendre les entiers et les nombres premiers. Les outils et méthodes développées dans des cas plus "simples" pourront donc être utiles. On ne sait jamais", poursuit le chercheur.
David Larousserie
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/05/20/la-difficile-ascension-vers-la-resolution-d-un-probleme-mathematique_1704410_1650684.html#xtor=RSS-3208
Par David Larousserie
Pour un mathématicien, avancer à petits pas ne signifie pas forcément serapprocher du but. Ainsi l'un des plus brillants chercheurs de cette discipline, Terence Tao (université de Californie), vient d'apporter sa pierre à la résolution d'un problème mythique de sa discipline, la conjecture de Goldbach. Mais sanspourvoir affirmer l'avoir totalement résolue.
Ce problème remonte au 18e siècle, lorsque le mathématicien Christian Goldbachdéfie son collègue Leonhardt Euler en estimant peu ou prou que tout nombre entier pair peut s'écrire comme la somme de deux nombres premiers. Par exemple, 30=13+17 ou 90=17+73. Ou encore, que tout nombre entier impair peut s'écrire comme la somme de trois nombres premiers. Ainsi, 179=19+71+89. Les nombres premiers ne sont divisibles que par un et eux-même et constituent en quelques sortes les briques élémentaires de la théorie des nombres.
"Cette conjecture est très importante. Elle est simple à énoncer et pourtant touche à un problème fondamental : comment se combinent, pour les nombres, les deux opérations de base, la somme et la multiplication (qui est liée aux nombres premiers,)", explique Gerald Tenenbaum, de l'institut Elie Cartan de Nancy, spécialiste de la théorie des nombres.
Ce problème n'est pourtant pas l'un des sept mis à prix un million de dollars par la fondation Clay en 2000. Il a néanmoins un rapport avec l'un deux, l'hypothèse de Riemann, qui donne la clé de la répartition de ces atomes des mathématiques, que sont les nombres premiers. Si cette autre conjecture est vraie alors l'énoncé de Goldbach pour les nombres impairs s'en déduirait par exemple.
"PAS LA DÉMONSTRATION AVANT 1000 ANS !"
C'est dans ce contexte que Terence Tao, médaillé Fields en 2006, la récompense suprême en maths, a démontré que tout entier impair peut se décomposer en cinq nombres premiers. Ce qui est donc un petit peu mieux que le précédent "record"d'Olivier Ramaré, de l'université de Lille et du CNRS, qui il y a presque vingt ans avait établi que tout nombre pair se décompose en six nombres premiers.
L'américain a soumis cet article en février à une revue spécialisée pour expertise et publication mais le magazine Scientific American l'a sorti de la confidentialité le 11 mai dernier, repris par le site web de la revue Nature. Le prestige de l'auteur et la méthode utilisée ne fait guère de doute sur la solidité du travail qui devrait donc être prochainement validé. Ce dernier reste modeste, "c'est un progrès incrémental dans la recherche sur la conjecture de Goldbach, mais pas une révolution", nous a-t-il écrit.
Le problème avec cette conjecture est que s'il semble possible d'atteindre les étapes suivantes, quatre nombres premiers, puis trois, la dernière restera inaccessible. "Avec la méthode que j'avais utilisée et que Terence Tao poursuit, nous savons que nous ne pourrons pas aller jusqu'à la démonstration finale. Il y a un obstacle théorique", constate Olivier Ramaré. "On a même du mal à s'approcher d'une méthode différente permettant d'aborder cette ultime question. Peut être qu'on ne verra pas la démonstration avant 1000 ans !", ajoute-t-il.
"Ces travaux sont cependant intéressants car pour aborder la démonstration finale, nous avons besoin de comprendre les entiers et les nombres premiers. Les outils et méthodes développées dans des cas plus "simples" pourront donc être utiles. On ne sait jamais", poursuit le chercheur.
David Larousserie
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/05/20/la-difficile-ascension-vers-la-resolution-d-un-probleme-mathematique_1704410_1650684.html#xtor=RSS-3208
Analyser les besoins d’aide des apprenants à distance
Ingénierie tutorale #2
parjrodet(son site)dimanche 20 mai 2012
Comme pour toute ingénierie, l’ingénierie tutorale débute par la réalisation d’un certain nombre d’études, de recueil d’informations destinées à définir le périmètre d’intervention des concepteurs, de mettre en exergue les contraintes propres au projet. Dans le cas de l’ingénierie tutorale qui s’intéresse à la définition, la conception et la mise en œuvre des services tutoraux offerts à des apprenants à distance, l’analyse de leurs besoins d’aide est indispensable.
Pour ce faire, les méthodes classiques d’analyse sont mobilisables. Il s’agit donc de définir les objectifs de l’analyse de manière générale et opérationnelle, de sélectionner les ressources à analyser, de les convoquer ou de les provoquer par la conception d’outils de recueil de données, de concevoir une grille d’analyse comportant des critères et des indicateurs, de procéder au recueil des données puis de les analyser, de présenter les résultats qui peuvent en être tirés et enfin d’en tirer des conclusions qui se présentent sous la forme d’une liste de besoins d’aide.
Définir les objectifs de l’analyse
Une analyse des besoins d’aide des apprenants à distance a pour objectif principal la réalisation d’une liste de besoins. Toutefois, il est nécessaire de distinguer le besoin de l’attente. Un service peut être souhaité, attendu, sans qu’il ne soit réellement l’expression d’un besoin. Le besoin est relatif à ce qui sera nécessaire à l’apprenant, sans pour autant que celui-ci en aie conscience, alors que l’attente renvoie à une espérance traduisant davantage un niveau de confort autre ou supérieur qui serait accessible par la dispense de tel ou tel service. Dans le prochain billet, nous traiterons précisément de la manière dont cette distinction peut être opérationnalisée par la réalisation d’une étude de criticité.
Croiser les représentations des différents acteurs
Pour identifier les besoins d’aide des apprenants à distance, il est important que le concepteur ne se fie pas à ses seules connaissances ou idées personnelles. De nombreuses études ont montré que les concepteurs, les tuteurs et les apprenants n’avaient pas les mêmes représentations des rôles des tuteurs. Lorsque les institutions accordent une grande importance au soutien cognitif à apporter par les tuteurs aux apprenants, ces derniers mettent en avant comme première attente la disponibilité des tuteurs. Les tuteurs indiquent que de nombreuses interventions qu’ils réalisent ne sont pas identifiées par les institutions ou les apprenants, en particulier sur le plan socio-affectif et métacognitif. Dès lors il est important de croiser les représentations de ces différents acteurs sur les besoins d’aide des apprenants à distance. Aussi, c’est auprès de ces trois catégories d’acteurs que des données doivent être recueillies.
Certaines données peuvent exister et il s’agit alors simplement de les convoquer. Des études de public, des bilans d’activité des tuteurs, les évaluations des formations par les apprenants sont autant de sources qui sont susceptibles de contenir des informations utiles pour l’inventaire des besoins d’aide. Toutefois, et ce d’autant plus lorsque l’on souhaite croiser les représentations des acteurs, un certain nombre d’autres données sont à convoquer. Il est alors nécessaire de concevoir les outils de leur recueil.
Les outils de recueil de données
De manière classique, les données provoquées peuvent l’être par l’intermédiaire d’entretiens et de questionnaires. Dans la mesure où il s’agit de recueillir des informations permettant de repérer les besoins d’aide, le choix des entretiens est tout à fait pertinent. Les entretiens ouverts sont utilisables bien que le traitement des données puisse être assez long. Il est donc souvent préférable d’opter pour des entretiens semi-directifs réalisés à partir d’un guide d’entretien permettant de mieux cibler les données recueillies et d’en faciliter l’analyse. L’entretien basé sur des questions fermées est à délaisser au profit d’un questionnaire. Lorsque l’on privilégie une analyse quantitative, les questionnaires sont plus adaptés que les entretiens qui eux permettent l’obtention de données davantage qualitatives. Un questionnaire peut rejoindre un large public dès lors qu’il est mis à disposition sur Internet alors que les entretiens nécessitent de sélectionner un échantillon des personnes interrogées.
La grille d’analyse
Soit en parallèle de la constitution des outils de recueil de données soit après, il est nécessaire de constituer une grille d’analyse pour exploiter les données. Celle-ci peut être créée ex nihilo ou s’appuyer sur des grilles existantes. Il est également possible de se baser sur la littérature scientifique relative au tutorat à distance pour la produire comme je l’ai présenté dans l’article « Propositions pour l’ingénierie tutorale » http://jacques.rodet.free.fr/tutoral7.pdf. Récemment, Dominique Agosta a proposé une grille d’analyse intéressante dans la mesure où elle combine les apports de Maslow sur les besoins, d’Herzberg sur la satisfaction des besoins et des miens sur les plans de support à l’apprentissage. Elle est présentée dans un billet du Blog de t@d : « Proposition d’une grille d’analyse des besoins d’aide des apprenants à distance » (http://blogdetad.blogspot.fr/2012/02/proposition-dune-grille-danalyse-des.html). Enfin, la grille d’analyse peut être tirée des données mêmes qui ont été obtenues. On procède à leur classement de manière itérative, ce qui peut demander plus de temps.
Quelle que soit la méthode utilisée pour concevoir la grille d’analyse, son intérêt réside dans le fait qu’elle autorise un classement et une exploitation plus aisée des données recueillies. Elle permet aussi certains traitements quantitatifs lorsqu’elle est informatisée. Dans le cas d’entretiens ouverts, il est souvent nécessaire de recourir à des outils d’analyse sémantique permettant de ressortir les propositions remarquables avant de les reporter sur la grille d’analyse.
L’analyse des données, la discussion des résultats et la présentation des conclusions
L’analyse des données consiste à dépouiller les données en utilisant la grille créée et à présenter les résultats de l’enquête. Il s’agit souvent d’une tâche un peu fastidieuse mais qui se révèle riche d’informations pour celui qui la réalise. C’est pourquoi, il me semble utile qu’elle soit effectuée par les personnes qui procèdent ensuite à la discussion des résultats. Cette discussion a pour objectif de questionner les résultats, d’en relever les convergence ou divergences, de procéder à une première priorisation et de tirer des conclusions. Dans le cas de l’analyse des besoins d’aide des apprenants à distance, les conclusions doivent aboutir à l’inventaire de l’ensemble des besoins qui reflète les représentations croisées des acteurs sollicités.
L’analyse des besoins d’aide, comme malheureusement souvent les analyses en ingénierie, peut être jugée superfétatoire. L’expérience montre qu’il n’en est rien et que bien des services tutoraux se révèlent peu performants du fait que les besoins d’aide des apprenants n’ont pas été suffisamment identifiés et que cela a entrainé un mauvais dimensionnement des interventions tutorales. C’est à mon sens une étape indispensable.
Les besoins étant identifiés, il s’agit de les qualifier afin de déterminer si des réponses tutorales leurs seront apportées. C’est ce que nous verrons dans le prochain billet.
http://www.educavox.fr/formation/analyses-27/article/analyser-les-besoins-d-aide-des
Pour ce faire, les méthodes classiques d’analyse sont mobilisables. Il s’agit donc de définir les objectifs de l’analyse de manière générale et opérationnelle, de sélectionner les ressources à analyser, de les convoquer ou de les provoquer par la conception d’outils de recueil de données, de concevoir une grille d’analyse comportant des critères et des indicateurs, de procéder au recueil des données puis de les analyser, de présenter les résultats qui peuvent en être tirés et enfin d’en tirer des conclusions qui se présentent sous la forme d’une liste de besoins d’aide.
Définir les objectifs de l’analyse
Une analyse des besoins d’aide des apprenants à distance a pour objectif principal la réalisation d’une liste de besoins. Toutefois, il est nécessaire de distinguer le besoin de l’attente. Un service peut être souhaité, attendu, sans qu’il ne soit réellement l’expression d’un besoin. Le besoin est relatif à ce qui sera nécessaire à l’apprenant, sans pour autant que celui-ci en aie conscience, alors que l’attente renvoie à une espérance traduisant davantage un niveau de confort autre ou supérieur qui serait accessible par la dispense de tel ou tel service. Dans le prochain billet, nous traiterons précisément de la manière dont cette distinction peut être opérationnalisée par la réalisation d’une étude de criticité.
Croiser les représentations des différents acteurs
Pour identifier les besoins d’aide des apprenants à distance, il est important que le concepteur ne se fie pas à ses seules connaissances ou idées personnelles. De nombreuses études ont montré que les concepteurs, les tuteurs et les apprenants n’avaient pas les mêmes représentations des rôles des tuteurs. Lorsque les institutions accordent une grande importance au soutien cognitif à apporter par les tuteurs aux apprenants, ces derniers mettent en avant comme première attente la disponibilité des tuteurs. Les tuteurs indiquent que de nombreuses interventions qu’ils réalisent ne sont pas identifiées par les institutions ou les apprenants, en particulier sur le plan socio-affectif et métacognitif. Dès lors il est important de croiser les représentations de ces différents acteurs sur les besoins d’aide des apprenants à distance. Aussi, c’est auprès de ces trois catégories d’acteurs que des données doivent être recueillies.
Certaines données peuvent exister et il s’agit alors simplement de les convoquer. Des études de public, des bilans d’activité des tuteurs, les évaluations des formations par les apprenants sont autant de sources qui sont susceptibles de contenir des informations utiles pour l’inventaire des besoins d’aide. Toutefois, et ce d’autant plus lorsque l’on souhaite croiser les représentations des acteurs, un certain nombre d’autres données sont à convoquer. Il est alors nécessaire de concevoir les outils de leur recueil.
Les outils de recueil de données
De manière classique, les données provoquées peuvent l’être par l’intermédiaire d’entretiens et de questionnaires. Dans la mesure où il s’agit de recueillir des informations permettant de repérer les besoins d’aide, le choix des entretiens est tout à fait pertinent. Les entretiens ouverts sont utilisables bien que le traitement des données puisse être assez long. Il est donc souvent préférable d’opter pour des entretiens semi-directifs réalisés à partir d’un guide d’entretien permettant de mieux cibler les données recueillies et d’en faciliter l’analyse. L’entretien basé sur des questions fermées est à délaisser au profit d’un questionnaire. Lorsque l’on privilégie une analyse quantitative, les questionnaires sont plus adaptés que les entretiens qui eux permettent l’obtention de données davantage qualitatives. Un questionnaire peut rejoindre un large public dès lors qu’il est mis à disposition sur Internet alors que les entretiens nécessitent de sélectionner un échantillon des personnes interrogées.
La grille d’analyse
Soit en parallèle de la constitution des outils de recueil de données soit après, il est nécessaire de constituer une grille d’analyse pour exploiter les données. Celle-ci peut être créée ex nihilo ou s’appuyer sur des grilles existantes. Il est également possible de se baser sur la littérature scientifique relative au tutorat à distance pour la produire comme je l’ai présenté dans l’article « Propositions pour l’ingénierie tutorale » http://jacques.rodet.free.fr/tutoral7.pdf. Récemment, Dominique Agosta a proposé une grille d’analyse intéressante dans la mesure où elle combine les apports de Maslow sur les besoins, d’Herzberg sur la satisfaction des besoins et des miens sur les plans de support à l’apprentissage. Elle est présentée dans un billet du Blog de t@d : « Proposition d’une grille d’analyse des besoins d’aide des apprenants à distance » (http://blogdetad.blogspot.fr/2012/02/proposition-dune-grille-danalyse-des.html). Enfin, la grille d’analyse peut être tirée des données mêmes qui ont été obtenues. On procède à leur classement de manière itérative, ce qui peut demander plus de temps.
Quelle que soit la méthode utilisée pour concevoir la grille d’analyse, son intérêt réside dans le fait qu’elle autorise un classement et une exploitation plus aisée des données recueillies. Elle permet aussi certains traitements quantitatifs lorsqu’elle est informatisée. Dans le cas d’entretiens ouverts, il est souvent nécessaire de recourir à des outils d’analyse sémantique permettant de ressortir les propositions remarquables avant de les reporter sur la grille d’analyse.
L’analyse des données, la discussion des résultats et la présentation des conclusions
L’analyse des données consiste à dépouiller les données en utilisant la grille créée et à présenter les résultats de l’enquête. Il s’agit souvent d’une tâche un peu fastidieuse mais qui se révèle riche d’informations pour celui qui la réalise. C’est pourquoi, il me semble utile qu’elle soit effectuée par les personnes qui procèdent ensuite à la discussion des résultats. Cette discussion a pour objectif de questionner les résultats, d’en relever les convergence ou divergences, de procéder à une première priorisation et de tirer des conclusions. Dans le cas de l’analyse des besoins d’aide des apprenants à distance, les conclusions doivent aboutir à l’inventaire de l’ensemble des besoins qui reflète les représentations croisées des acteurs sollicités.
L’analyse des besoins d’aide, comme malheureusement souvent les analyses en ingénierie, peut être jugée superfétatoire. L’expérience montre qu’il n’en est rien et que bien des services tutoraux se révèlent peu performants du fait que les besoins d’aide des apprenants n’ont pas été suffisamment identifiés et que cela a entrainé un mauvais dimensionnement des interventions tutorales. C’est à mon sens une étape indispensable.
Les besoins étant identifiés, il s’agit de les qualifier afin de déterminer si des réponses tutorales leurs seront apportées. C’est ce que nous verrons dans le prochain billet.
http://www.educavox.fr/formation/analyses-27/article/analyser-les-besoins-d-aide-des
Interview du Pr. William Miller de l'Université de Stanford : quels ingrédients pour un pôle entrepreneurial dynamique ?
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/70056.htm
Comment une région peut-elle devenir un pôle entrepreneurial influent ? Voilà une question que de nombreux pays, désireux de dynamiser leur économie et de mettre en valeur leur savoir-faire technique, se posent. Si plus d'un économiste s'intéresse à ce sujet, certains acteurs de l'innovation et de la création d'entreprises apportent un point de vue éclairé, grâce à leur expérience du phénomène.
Le Professeur William Miller est l'un de ceux-là. Après des études en physique à Purdue University (Indiana), il quitte l'Argonne National Laboratory en 1965 pour rejoindre Stanford, où il devient le dernier professeur recruté par Frederick Terman, considéré par beaucoup comme le père de la Silicon Valley. Il y mène des recherches en physique et informatique, puis sera tour à tour professeur d'informatique, directeur du département, vice-président pour la recherche et doyen de l'université.
Mais sa carrière ne s'est pas limitée au milieu académique. En 1968, il se consacre aussi au capital-risque en participant, en tant que conseiller, à la création du Mayfield Fund [1], aujourd'hui l'un des fonds les plus influents de la Silicon Valley (il a donné lieu à une centaine d'entrées en bourse et autant d'acquisitions), qui investit aux Etats-Unis mais aussi en Inde et en Chine. Entre 1979 et 1990, il préside le SRI Internation al [2] (anciennement Stanford Research Institute), un organisme de recherche devenu indépendant de l'université de Stanford en 1970, qui réalise du développement et de la recherche techniques à la demande d'entités gouvernementales, d'organisations ou d'entreprises privées. Il a également siégé au conseil d'administration de grandes entreprises comme Signetics, Firemans Fund Insurance, la First Interstate Bank, la Wells Fargo Bank, la Pacific Gas and Electric Company, Varian Associates, WhoWhere? et Borland Software Corp. Lui-même créateur d'entreprises, William Miller a fondé ou participé à la fondation d'autres entreprises comme SmartValley, CommerceNet, le Center for Excellence in Non-profits ou encore Nanostellar.
Comment une région peut-elle devenir un pôle entrepreneurial influent ? Voilà une question que de nombreux pays, désireux de dynamiser leur économie et de mettre en valeur leur savoir-faire technique, se posent. Si plus d'un économiste s'intéresse à ce sujet, certains acteurs de l'innovation et de la création d'entreprises apportent un point de vue éclairé, grâce à leur expérience du phénomène.
Le Professeur William Miller est l'un de ceux-là. Après des études en physique à Purdue University (Indiana), il quitte l'Argonne National Laboratory en 1965 pour rejoindre Stanford, où il devient le dernier professeur recruté par Frederick Terman, considéré par beaucoup comme le père de la Silicon Valley. Il y mène des recherches en physique et informatique, puis sera tour à tour professeur d'informatique, directeur du département, vice-président pour la recherche et doyen de l'université.
Mais sa carrière ne s'est pas limitée au milieu académique. En 1968, il se consacre aussi au capital-risque en participant, en tant que conseiller, à la création du Mayfield Fund [1], aujourd'hui l'un des fonds les plus influents de la Silicon Valley (il a donné lieu à une centaine d'entrées en bourse et autant d'acquisitions), qui investit aux Etats-Unis mais aussi en Inde et en Chine. Entre 1979 et 1990, il préside le SRI Internation al [2] (anciennement Stanford Research Institute), un organisme de recherche devenu indépendant de l'université de Stanford en 1970, qui réalise du développement et de la recherche techniques à la demande d'entités gouvernementales, d'organisations ou d'entreprises privées. Il a également siégé au conseil d'administration de grandes entreprises comme Signetics, Firemans Fund Insurance, la First Interstate Bank, la Wells Fargo Bank, la Pacific Gas and Electric Company, Varian Associates, WhoWhere? et Borland Software Corp. Lui-même créateur d'entreprises, William Miller a fondé ou participé à la fondation d'autres entreprises comme SmartValley, CommerceNet, le Center for Excellence in Non-profits ou encore Nanostellar.
Aujourd'hui, outre ses nombreuses distinctions dans plusieurs grandes universités des Etats-Unis et d'Asie, William Miller est rattaché à la Graduate School of Business de Stanford, plus précisément au sein du Stanford Program on Regions of Innovation and Entrepreneurship [3] (SPRIE), où il apporte l'expérience de toutes ces années passées dans le coeur réactif de la Silicon Valley. Ses travaux portent essentiellement sur la région Asie. La collaboration entre le SPRIE et des experts internationaux de l'innovation a donné lieu en 2006 à la parution du livre Making IT: The Rise of Asia in High-Tech [4], qui décrit la percée successive du Japon (qui a su prendre très tôt des mesures destinées à encourager la création de start-up), de Taiwan, Singapour, de la Corée du Sud et plus récemment de l'Inde et de la Chine, dans le domaine des technologies de l'information.
Aujourd'hui, une autre région se distingue en matière d'entrepreneuriat : Israël, qui dispose d'une formation de grande qualité, et où de très nombreuses entreprises sont créées, malgré la situation politique très instable du pays. Devant la taille réduite du marché intérieur et l'hostilité des pays voisins, nombre de ces start-up se tournent très tôt vers l'international et partent aux Etats-Unis pour finir leur maturation et prendre de l'importance (sur ce thème, voir l'ouvrage Start-up Nation: The Story of Israel's Economic Miracle par Dan Senor et Saul Singer).
Son immense connaissance du fonctionnement de la Silicon Valley lui confère un regard acéré sur d'autres régions du monde qui ont une vocation entrepreneuriale. Pour lui, il n'est jamais trop ambitieux d'établir des comparaisons avec la réussite californienne, puisque "comme en sport, on ne peut devenir un champion du monde sans se mesurer à d'autres champions du monde". Pour devenir un pôle compétitif, deux éléments sont nécessaires : "les graines" (des chercheurs, des ingénieurs de qualité) et "le sol" (l'environnement, les structures et l'état d'esprit), qui permettra aux graines de germer.
De nombreuses régions disposent déjà des bonnes graines, mais peinent à rendre leur sol fertile. Un point primordial pour William Miller est de permettre une grande mobilité du capital et de la main d'oeuvre, afin de fluidifier les processus et d'encourager le "collective learning". En effet, les entrepreneurs immigrés ont une importance capitale, puisqu'ils tireront profit de ce que chaque région visitée offre de meilleur, tout en gardant une attache permanente à leur pays d'origine.
Son travail au SPRIE lui permet de mieux comprendre les tendances de la Silicon Valley, ce qui perdure et ce qui a changé au cours de sa récente histoire. La particularité des entrepreneurs y est avant tout d'entretenir un désir de créer de grandes entreprises, qui ont pour vocation rien de moins que de changer le monde. Par ailleurs, toute la subtilité de la réussite d'une start-up réside dans le passage entre les aspects techniques et "business".
Mais le professeur Miller ne perçoit pas cette motivation économique comme une fin purement lucrative. Il ne s'agit pas uniquement de faire de l'argent, mais avant tout de valoriser au mieux la recherche et l'excellence technologique. Dans le cadre de l'université de Stanford, c'est le rôle de l'Office of Technology Licensing, qui encadre le dépôt de brevets issus de la recherche de ses laboratoires. Les revenus engendrés, qui reviennent directement aux inventeurs et à leur département, ne représentent finalement qu'une faible partie (65 millions de dollars) du budget de Stanford voué à la recherche et au développement (un milliard) [5].
Une université qui produit des entrepreneurs
Près d'un demi-siècle après son arrivée à Stanford, William Miller commence à bien connaitre l'université. L'esprit tout particulièrement tourné vers l'entrepreneuriat qu'il y règne date de sa création en 1885 (la première promotion d'ingénieur y a été accueillie en 1891, après quelques années de planification et de travaux). La Californie avait alors encore des allures de "Wild West", et les premiers acteurs de l'université étaient de véritables pionniers, désireux d'enseigner des compétences très pratiques, dans le but de développer la région encore dénuée d'industrie. C'est grâce à cet état d'esprit qu'a été fondée la Federal Telegraph Corporation en 1909 à Palo Alto par Cyril Elwell, un ancien élève de Stanford, et dont l'investissement initial avait été fourni par David Starr , le premier président de l'université, qui deviendra ainsi le premier Angel Investor de la Silicon Valley. La technologie de base - l'émetteur à arc - avait été inventée par un ingénieur danois mais restait inutilisée en Europe. En rachetant les droits américains sur cet instrument, Elwell a pu développer la radiotélégraphie aux Etats-Unis, qui sera ensuite adoptée par l'US Navy. Dès la première génération de "pionniers", les bases de la création d'entreprise étaient donc déjà en place dans ce qui allait devenir la Silicon Valley : l'ingénieur aux compétences très pratiques, et l'investisseur doté d'une vision commerciale globale.
Aujourd'hui, d'après William Miller, Stanford ne pousse pas directement ses étudiants vers la voie de l'entrepreneuriat, mais serait uniquement vouée à fournir les outils pratiques et les qualités nécessaires à la réussite de ses étudiants, quelle que soit la voie qu'ils désirent emprunter. La fièvre entrepreneuriale qui règne dans la Silicon Valley et à Stanford serait simplement due à l'environnement local, caractérisé par une communauté active et liée par d'étroits réseaux, une grande communication entre industrie et recherche académique, et enfin d'importants moyens de facilitation sur le plan administratif. A cela s'ajoute évidemment un état d'esprit très créatif, ainsi qu'un rapport particulier et flegmatique à la prise de risque.
Tous ces éléments sont nécessaires, et leur association fait toute la particularité de Stanford et de la Silicon Valley, qui a vu le jour grâce à l'université elle-même. C'est cette différence culturelle qui d'après William Miller explique les difficultés que Stanford éprouve parfois dans sa collaboration avec d'autres régions : citons par exemple le retrait du projet "Stanford NYC" [6] de campus à New York en décembre 2011. Projet avorté sur lequel il ne s'agit pas de s'apitoyer car à 86 ans, William Miller est plus que jamais tourné vers l'avenir.
Eléments présents dans la Silicon Valley, nécessaires à l'entrepreneuriat
Crédits : MST
Aujourd'hui, une autre région se distingue en matière d'entrepreneuriat : Israël, qui dispose d'une formation de grande qualité, et où de très nombreuses entreprises sont créées, malgré la situation politique très instable du pays. Devant la taille réduite du marché intérieur et l'hostilité des pays voisins, nombre de ces start-up se tournent très tôt vers l'international et partent aux Etats-Unis pour finir leur maturation et prendre de l'importance (sur ce thème, voir l'ouvrage Start-up Nation: The Story of Israel's Economic Miracle par Dan Senor et Saul Singer).
Son immense connaissance du fonctionnement de la Silicon Valley lui confère un regard acéré sur d'autres régions du monde qui ont une vocation entrepreneuriale. Pour lui, il n'est jamais trop ambitieux d'établir des comparaisons avec la réussite californienne, puisque "comme en sport, on ne peut devenir un champion du monde sans se mesurer à d'autres champions du monde". Pour devenir un pôle compétitif, deux éléments sont nécessaires : "les graines" (des chercheurs, des ingénieurs de qualité) et "le sol" (l'environnement, les structures et l'état d'esprit), qui permettra aux graines de germer.
De nombreuses régions disposent déjà des bonnes graines, mais peinent à rendre leur sol fertile. Un point primordial pour William Miller est de permettre une grande mobilité du capital et de la main d'oeuvre, afin de fluidifier les processus et d'encourager le "collective learning". En effet, les entrepreneurs immigrés ont une importance capitale, puisqu'ils tireront profit de ce que chaque région visitée offre de meilleur, tout en gardant une attache permanente à leur pays d'origine.
Son travail au SPRIE lui permet de mieux comprendre les tendances de la Silicon Valley, ce qui perdure et ce qui a changé au cours de sa récente histoire. La particularité des entrepreneurs y est avant tout d'entretenir un désir de créer de grandes entreprises, qui ont pour vocation rien de moins que de changer le monde. Par ailleurs, toute la subtilité de la réussite d'une start-up réside dans le passage entre les aspects techniques et "business".
Mais le professeur Miller ne perçoit pas cette motivation économique comme une fin purement lucrative. Il ne s'agit pas uniquement de faire de l'argent, mais avant tout de valoriser au mieux la recherche et l'excellence technologique. Dans le cadre de l'université de Stanford, c'est le rôle de l'Office of Technology Licensing, qui encadre le dépôt de brevets issus de la recherche de ses laboratoires. Les revenus engendrés, qui reviennent directement aux inventeurs et à leur département, ne représentent finalement qu'une faible partie (65 millions de dollars) du budget de Stanford voué à la recherche et au développement (un milliard) [5].
Une université qui produit des entrepreneurs
Près d'un demi-siècle après son arrivée à Stanford, William Miller commence à bien connaitre l'université. L'esprit tout particulièrement tourné vers l'entrepreneuriat qu'il y règne date de sa création en 1885 (la première promotion d'ingénieur y a été accueillie en 1891, après quelques années de planification et de travaux). La Californie avait alors encore des allures de "Wild West", et les premiers acteurs de l'université étaient de véritables pionniers, désireux d'enseigner des compétences très pratiques, dans le but de développer la région encore dénuée d'industrie. C'est grâce à cet état d'esprit qu'a été fondée la Federal Telegraph Corporation en 1909 à Palo Alto par Cyril Elwell, un ancien élève de Stanford, et dont l'investissement initial avait été fourni par David Starr , le premier président de l'université, qui deviendra ainsi le premier Angel Investor de la Silicon Valley. La technologie de base - l'émetteur à arc - avait été inventée par un ingénieur danois mais restait inutilisée en Europe. En rachetant les droits américains sur cet instrument, Elwell a pu développer la radiotélégraphie aux Etats-Unis, qui sera ensuite adoptée par l'US Navy. Dès la première génération de "pionniers", les bases de la création d'entreprise étaient donc déjà en place dans ce qui allait devenir la Silicon Valley : l'ingénieur aux compétences très pratiques, et l'investisseur doté d'une vision commerciale globale.
Aujourd'hui, d'après William Miller, Stanford ne pousse pas directement ses étudiants vers la voie de l'entrepreneuriat, mais serait uniquement vouée à fournir les outils pratiques et les qualités nécessaires à la réussite de ses étudiants, quelle que soit la voie qu'ils désirent emprunter. La fièvre entrepreneuriale qui règne dans la Silicon Valley et à Stanford serait simplement due à l'environnement local, caractérisé par une communauté active et liée par d'étroits réseaux, une grande communication entre industrie et recherche académique, et enfin d'importants moyens de facilitation sur le plan administratif. A cela s'ajoute évidemment un état d'esprit très créatif, ainsi qu'un rapport particulier et flegmatique à la prise de risque.
Tous ces éléments sont nécessaires, et leur association fait toute la particularité de Stanford et de la Silicon Valley, qui a vu le jour grâce à l'université elle-même. C'est cette différence culturelle qui d'après William Miller explique les difficultés que Stanford éprouve parfois dans sa collaboration avec d'autres régions : citons par exemple le retrait du projet "Stanford NYC" [6] de campus à New York en décembre 2011. Projet avorté sur lequel il ne s'agit pas de s'apitoyer car à 86 ans, William Miller est plus que jamais tourné vers l'avenir.
Eléments présents dans la Silicon Valley, nécessaires à l'entrepreneuriat
Crédits : MST
Vivre l'entrepreneuriat en Silicon Valley
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/70055.htm
Les différents ingrédients nécessaire à la création un écosystème propice à l'innovation et surtout à l'entrepreneuriat.ont été abordés plusieurs fois dans nos productions précédentes. Le modèle de la Silicon Valley, que certaines régions tentent de dupliquer (voir BE N°287), s'appuie sur plusieurs composantes fortes : universités et centres de recherche d'excellence, fonds d'investissements prêts à prendre des risques , structures d'accompagnement ou encore cabinets d'avocats [1]. Mais d'où vient ce nombre impressionnant de startup et qui sont leurs créateurs ?
Pour évoluer vers le succès, la qualité de l'équipe qui dirige une startup est aussi importante que l'idée originelle. Afin de faciliter l'émergence de concepts et la rencontre de professionnels de talents, la Silicon Valley se donne les moyens de ses ambitions. Ainsi, toute une série d'évènements sont organisés de manière hebdomadaire, voire quotidienne, pour favoriser les interactions, les échanges et les essais. De nouvelles combinaisons plus originales voient également le jour.
Différents types d'évènements
On peut classer les principaux évènements qui se tiennent en quatre catégories ayant chacune des particularités et objectifs propres :
1) Comprendre et s'inspirer
Les conférences suivent le format habituel de regroupements d'industriels, durant lesquels pendant une à plusieurs journées les acteurs influents d'une industrie donnée (startups montante ou industriel en place) présentent leurs nouveaux projets ou donnent leur opinion sur les sujets polémiques. C'est l'occasion de récolter des informations. Les pauses permettent de poursuivre les débats mais sont surtout utiles pour créer de nouvelles relations et étendre son réseau. La spécificité de la Silicon Valley, que l'on retrouve dans d'autres écosystèmes entrepreneuriaux dynamiques, est la fréquence et le nombre de conférences qui y sont organisées. [2]
Certaines conférences sont réduites à quelques heures en matinée ou en soirée, autour d'une interview, une table ronde ou une présentation de produit. Les effectifs sont alors plus restreints et il est plus facile d'aborder les intervenants et d'échanger avec eux sur leur projet de startup. Les plus grands investisseurs et entrepreneurs n'hésitent pas à prendre la parole devant une centaine de personnes, comme l'a fait début avril Vinod Khosla, "star" locale de l'investissement [3]. C'est l'occasion pour les entrepreneurs de l'audience de s'inspirer des réussites et d'apprendre du retour d'expérience de leurs prédécesseurs.
2) Créer une communauté
Les "Meetups" regroupent des communautés locales ayant un même centre d'intérêt et permettent aux personnes de se retrouver et d'interagir dans le monde "réel" après avoir commencé des échanges en ligne autour de leur sujet favori. La panoplie de thèmes abordés est très large et peut être aussi bien professionnels que personnels. Les passionnés d'entrepreneuriat ont su saisir l'opportunité de ces réseaux dans les domaines de la technologie ou de l'innovation, et les utiliser afin de faciliter leurs échanges, partager de nouvelles idées et accélérer leurs projets. Cela en fait donc un format très différent de celui des conférences, plus orientées sur la diffusion de l'information d'un intervenant vers une audience. [4]
3) Etendre son réseau
Les "networking events" sont une composante fondamentale de la construction des réseaux professionnels. Dans ces évènements, le but ouvertement affiché par les participants est de développer leur réseau, rencontrer des professionnels qui permettraient d'accélérer le développement de leurs projets, approfondir une certaine expertise ou tout simplement s'ouvrir à de nouveaux domaines d'intérêt. La thématique est souvent moins ciblée et les discussion très ouvertes. C'est également l'occasion pour les entrepreneurs de tester leurs idées auprès de leurs pairs et sentir leur potentiel. C'est lors de ce genre d'évènements que l'on réalise tout le potentiel qui réside dans "l'effet réseau" introduit dans la Silicon Valley. Les dirigeants d'Instagram, vendu il ya quelques semaines pour 1 milliard à Facebook, aiment à rappeler que c'est grâce à ce type d'évènement qu'ils ont pu rencontrer de formidable conseillers qui leur ont permis d'accélérer le développement de leur projet.
4) Réaliser
Il existe également des évènements beaucoup plus intenses et dont l'esprit réside dans la réalisation, comme les Hackaton. Il s'agit d'élaborer à partir d'une idée ou d'une problématique donnée par les organisateurs un prototype (souvent logiciel) en un minimum de temps (souvent un week end). l'objectif est de faire émerger de nouvelles idées qui pourrront être utilisée pour démontrer la faisabilité d'un concept. Selon l'idée du "échouer vite" (fail fast), les projets qui ne portent pas leurs fruits après quelques heures, une nuit ou un week-end de réalisation ne valent pas la peine d'être poursuivis. En guise de récompense, les démonstrateurs les plus convaincants se voient parfois offrir les services d'un investisseur ou d'un mentor, généralement sponsor de l'évènement. Les sujets peuvent être variés, mais il faut souvent utiliser des données ou des services fournis par ces sponsors: API, DataSet ... [5]
Des écosystèmes de l'innovation
Divers projets, à but lucratif ou non, associent en fonction de leurs besoins ces différents types d'évènements. Néanmoins ils ont tous en commun un objectif : faciliter et encourager le développement de nouvelles entreprises innovantes en créant un écosystème dynamique, en procurant divers types de services. Si certaines structures existent depuis longtemps, de nouveaux projets originaux ou extravagants voient le jour régulièrement : :
=> L'incubateur
Le concept de l'incubateur a été repris et a évolué depuis sa création en 1959. Au-delà d'être un espace de travail partagé entre plusieurs jeunes entreprises, l'incubateur fournit des contacts et des services associés à la création d'entreprise : comptabilité, cabinets de recrutement, assurance, santé... La sélection à l'entrée se fait selon des critères jugeant de l'opportunité commerciale et selon le secteur du projet lorsque l'incubateur est spécialisé. Pour créer un écosystème dynamique autour de l'incubateur des évènements sont régulièrement organisés, habituellement sous forme de conférences (en Calfornie : SuperSonic Speaker Series de RocketSpace) ou de formation (ParisSOMA). Cela permet également de récolter des fonds supplémentaires, l'activité principale d'incubateur n'étant pas toujours très rentable (différentes stratégies de rémunération existent : facturation au mois, prise de participation au capital de la startup...)
=> La startup mansion : l'entrepreneuriat 24H/24
Entreprendre est un véritable mode de vie pour certains, qui doit se vivre 24H/24. Quoi de plus naturel donc que de regrouper des entrepreneurs dans une grande maison et les faire vivre er travailler sur place. Les moyens sont ensuite mis à disposition pour libérer la créativité et simplifier le quotidien.
Une grande maison, sur le fameux parc d'Alamo Square de San Francisco, a ainsi été transformée. Le salon et la salle à manger servent actuellement de salles de travail dont les murs sont des tableaux blancs ou noirs sur lesquels on peut écrire. Un petit studio de musique est installé au sous sol pour faire une pause et se détendre pendant la journée. Deux projets y sont en ce moment en construction (dolivelove.com et giftiki.com), et les dirigeants habitent sur place.
Salon de travail
Crédits : Sébastien Rouif
Les différents ingrédients nécessaire à la création un écosystème propice à l'innovation et surtout à l'entrepreneuriat.ont été abordés plusieurs fois dans nos productions précédentes. Le modèle de la Silicon Valley, que certaines régions tentent de dupliquer (voir BE N°287), s'appuie sur plusieurs composantes fortes : universités et centres de recherche d'excellence, fonds d'investissements prêts à prendre des risques , structures d'accompagnement ou encore cabinets d'avocats [1]. Mais d'où vient ce nombre impressionnant de startup et qui sont leurs créateurs ?
Pour évoluer vers le succès, la qualité de l'équipe qui dirige une startup est aussi importante que l'idée originelle. Afin de faciliter l'émergence de concepts et la rencontre de professionnels de talents, la Silicon Valley se donne les moyens de ses ambitions. Ainsi, toute une série d'évènements sont organisés de manière hebdomadaire, voire quotidienne, pour favoriser les interactions, les échanges et les essais. De nouvelles combinaisons plus originales voient également le jour.
Différents types d'évènements
On peut classer les principaux évènements qui se tiennent en quatre catégories ayant chacune des particularités et objectifs propres :
1) Comprendre et s'inspirer
Les conférences suivent le format habituel de regroupements d'industriels, durant lesquels pendant une à plusieurs journées les acteurs influents d'une industrie donnée (startups montante ou industriel en place) présentent leurs nouveaux projets ou donnent leur opinion sur les sujets polémiques. C'est l'occasion de récolter des informations. Les pauses permettent de poursuivre les débats mais sont surtout utiles pour créer de nouvelles relations et étendre son réseau. La spécificité de la Silicon Valley, que l'on retrouve dans d'autres écosystèmes entrepreneuriaux dynamiques, est la fréquence et le nombre de conférences qui y sont organisées. [2]
Certaines conférences sont réduites à quelques heures en matinée ou en soirée, autour d'une interview, une table ronde ou une présentation de produit. Les effectifs sont alors plus restreints et il est plus facile d'aborder les intervenants et d'échanger avec eux sur leur projet de startup. Les plus grands investisseurs et entrepreneurs n'hésitent pas à prendre la parole devant une centaine de personnes, comme l'a fait début avril Vinod Khosla, "star" locale de l'investissement [3]. C'est l'occasion pour les entrepreneurs de l'audience de s'inspirer des réussites et d'apprendre du retour d'expérience de leurs prédécesseurs.
2) Créer une communauté
Les "Meetups" regroupent des communautés locales ayant un même centre d'intérêt et permettent aux personnes de se retrouver et d'interagir dans le monde "réel" après avoir commencé des échanges en ligne autour de leur sujet favori. La panoplie de thèmes abordés est très large et peut être aussi bien professionnels que personnels. Les passionnés d'entrepreneuriat ont su saisir l'opportunité de ces réseaux dans les domaines de la technologie ou de l'innovation, et les utiliser afin de faciliter leurs échanges, partager de nouvelles idées et accélérer leurs projets. Cela en fait donc un format très différent de celui des conférences, plus orientées sur la diffusion de l'information d'un intervenant vers une audience. [4]
3) Etendre son réseau
Les "networking events" sont une composante fondamentale de la construction des réseaux professionnels. Dans ces évènements, le but ouvertement affiché par les participants est de développer leur réseau, rencontrer des professionnels qui permettraient d'accélérer le développement de leurs projets, approfondir une certaine expertise ou tout simplement s'ouvrir à de nouveaux domaines d'intérêt. La thématique est souvent moins ciblée et les discussion très ouvertes. C'est également l'occasion pour les entrepreneurs de tester leurs idées auprès de leurs pairs et sentir leur potentiel. C'est lors de ce genre d'évènements que l'on réalise tout le potentiel qui réside dans "l'effet réseau" introduit dans la Silicon Valley. Les dirigeants d'Instagram, vendu il ya quelques semaines pour 1 milliard à Facebook, aiment à rappeler que c'est grâce à ce type d'évènement qu'ils ont pu rencontrer de formidable conseillers qui leur ont permis d'accélérer le développement de leur projet.
4) Réaliser
Il existe également des évènements beaucoup plus intenses et dont l'esprit réside dans la réalisation, comme les Hackaton. Il s'agit d'élaborer à partir d'une idée ou d'une problématique donnée par les organisateurs un prototype (souvent logiciel) en un minimum de temps (souvent un week end). l'objectif est de faire émerger de nouvelles idées qui pourrront être utilisée pour démontrer la faisabilité d'un concept. Selon l'idée du "échouer vite" (fail fast), les projets qui ne portent pas leurs fruits après quelques heures, une nuit ou un week-end de réalisation ne valent pas la peine d'être poursuivis. En guise de récompense, les démonstrateurs les plus convaincants se voient parfois offrir les services d'un investisseur ou d'un mentor, généralement sponsor de l'évènement. Les sujets peuvent être variés, mais il faut souvent utiliser des données ou des services fournis par ces sponsors: API, DataSet ... [5]
Des écosystèmes de l'innovation
Divers projets, à but lucratif ou non, associent en fonction de leurs besoins ces différents types d'évènements. Néanmoins ils ont tous en commun un objectif : faciliter et encourager le développement de nouvelles entreprises innovantes en créant un écosystème dynamique, en procurant divers types de services. Si certaines structures existent depuis longtemps, de nouveaux projets originaux ou extravagants voient le jour régulièrement : :
=> L'incubateur
Le concept de l'incubateur a été repris et a évolué depuis sa création en 1959. Au-delà d'être un espace de travail partagé entre plusieurs jeunes entreprises, l'incubateur fournit des contacts et des services associés à la création d'entreprise : comptabilité, cabinets de recrutement, assurance, santé... La sélection à l'entrée se fait selon des critères jugeant de l'opportunité commerciale et selon le secteur du projet lorsque l'incubateur est spécialisé. Pour créer un écosystème dynamique autour de l'incubateur des évènements sont régulièrement organisés, habituellement sous forme de conférences (en Calfornie : SuperSonic Speaker Series de RocketSpace) ou de formation (ParisSOMA). Cela permet également de récolter des fonds supplémentaires, l'activité principale d'incubateur n'étant pas toujours très rentable (différentes stratégies de rémunération existent : facturation au mois, prise de participation au capital de la startup...)
=> La startup mansion : l'entrepreneuriat 24H/24
Entreprendre est un véritable mode de vie pour certains, qui doit se vivre 24H/24. Quoi de plus naturel donc que de regrouper des entrepreneurs dans une grande maison et les faire vivre er travailler sur place. Les moyens sont ensuite mis à disposition pour libérer la créativité et simplifier le quotidien.
Une grande maison, sur le fameux parc d'Alamo Square de San Francisco, a ainsi été transformée. Le salon et la salle à manger servent actuellement de salles de travail dont les murs sont des tableaux blancs ou noirs sur lesquels on peut écrire. Un petit studio de musique est installé au sous sol pour faire une pause et se détendre pendant la journée. Deux projets y sont en ce moment en construction (dolivelove.com et giftiki.com), et les dirigeants habitent sur place.
Salon de travail
Crédits : Sébastien Rouif
BlackBox est un proje se situant entre l'accélérateur et la "mansion". Une petite équipe de cinq personnes propose un accompagnement comme un incubateur pourrait le faire, à la différence près que leur lieu travail est en fait une grande maison : la "Blackbox Mansion". Située à Atherton, à dix minutes de Stanford, Palo Alto et Sandhill Road (la route où sont regroupés de nombreux investisseurs), la maison permet d'accueillir jusqu'à six personnes. [6] Tous les espaces peuvent être utilisés pour travailler, et une piscine et un jacuzzi sont à disposition pour se détendre. Pendant l'été, du 30 juillet au 11 août, la maison est utilisée pour un programme de formation intense pour apprendre à construire et présenter son projet de startup selon les standards de la Silicon Valley. Le reste de l'année, les chambres peuvent être louées vi un système de location d'appartement en ligne airbnb.com (startup en vogue) pour venir y habiter dans et travailler dans cet atmosphère motivante. Pour rassembler un véritable écosystème autour de la "Blackbox Mansion", des évènements publics et privés, en lien avec l'entrepreneuriat, sont organisés régulièrement.
=> L'internat de l'innovation
Le projet "Startup Dream Team" a pour but de regrouper 30 stagiaires internationaux en visite dans la baie de San Francisco et de leur faire vivre une expérience d'entrepreneuriat unique, à mi-chemin entre la startup mansion et l'incubateur. D'un point de vue pratique, chacun effectuera son stage la journée et le soir tous les participants se retrouveront à la StartupHouse où ils seront logés. Cela permet aux participants de disposer d'un logement sans avoir à parcourir les annonces et donc de leur faire gagner du temps. L'idée est surtout de regrouper tous les participants du programme Startup Dream Team au même endroit pour que les échanges soient permanents.
Ensuite tous les bons concepts pour trouver des idées originales et créer une équipe ont été repris, en mettant les participants dans une position d'acteurs et d'organisateurs :
§ Des "talks" (conférences) seront organisés presque toutes les semaines. Une équipe d'étudiants sera en charge de la préparation et de l'organisation de l'évènement. L'objectif est de motiver les jeunes de StartupDream Team et de leur montrer que certains entrepreneurs à succès étaient à leur place il y a 3 ans. Robert Scoble, Aaron Levie et Hiten Shah, entrepreneurs fameux de la région, sont au programme des premières semaines.
§ Les "Hackathons" seront organisés au même rythme, pour inciter les participants à passer à l'acte et proposer leurs propres projets. C'est aussi l'occasion de faire travailler ensemble des profils différents (ingénieurs, commerciaux, designers...) et créer des équipes efficaces. Les organisateurs espèrent un parrainage par des sociétés fournissant des API(interfaces de programmation communes facilitant la création de services informatiques) pour rendre les choses plus concrètes. Et pourquoi pas le dernier jour faire "pitcher" les équipes (présentation brève du projet) devant des investisseurs privés tels que professionnels du capital risque ou anges.
La première édition de Startup Dream Team, imaginé par Pierre-Simon Ntiruhungwa, aura lieu du 18 juin au 12 août à San Francisco [7].
Startup Dream Team
Crédits : Silicon Students
=> Blueseed
Cette idée, dans doute la plus extravagante, est née d'un constat : il est difficile de venir aux Etats-Unis pour entreprendre car la politique d'immigration du gouvernement américain est peu favorable aux entrepreneurs, tout du moins ceux en phase de démarrage. L'endroit le plus proche de la Silicon Valley qui échappe à cette législation est à 12 miles au large de la côte californienne, au sein des eaux internationales, pour lesquelles aucun visa n'est nécessaire. La solution est donc simple : aménager un paquebot en incubateur et l'installer exactement après ces 12 miles. [8]
Une solution de bateau pour le projet Blueseed
Crédits : Blueseed
=> L'internat de l'innovation
Le projet "Startup Dream Team" a pour but de regrouper 30 stagiaires internationaux en visite dans la baie de San Francisco et de leur faire vivre une expérience d'entrepreneuriat unique, à mi-chemin entre la startup mansion et l'incubateur. D'un point de vue pratique, chacun effectuera son stage la journée et le soir tous les participants se retrouveront à la StartupHouse où ils seront logés. Cela permet aux participants de disposer d'un logement sans avoir à parcourir les annonces et donc de leur faire gagner du temps. L'idée est surtout de regrouper tous les participants du programme Startup Dream Team au même endroit pour que les échanges soient permanents.
Ensuite tous les bons concepts pour trouver des idées originales et créer une équipe ont été repris, en mettant les participants dans une position d'acteurs et d'organisateurs :
§ Des "talks" (conférences) seront organisés presque toutes les semaines. Une équipe d'étudiants sera en charge de la préparation et de l'organisation de l'évènement. L'objectif est de motiver les jeunes de StartupDream Team et de leur montrer que certains entrepreneurs à succès étaient à leur place il y a 3 ans. Robert Scoble, Aaron Levie et Hiten Shah, entrepreneurs fameux de la région, sont au programme des premières semaines.
§ Les "Hackathons" seront organisés au même rythme, pour inciter les participants à passer à l'acte et proposer leurs propres projets. C'est aussi l'occasion de faire travailler ensemble des profils différents (ingénieurs, commerciaux, designers...) et créer des équipes efficaces. Les organisateurs espèrent un parrainage par des sociétés fournissant des API(interfaces de programmation communes facilitant la création de services informatiques) pour rendre les choses plus concrètes. Et pourquoi pas le dernier jour faire "pitcher" les équipes (présentation brève du projet) devant des investisseurs privés tels que professionnels du capital risque ou anges.
La première édition de Startup Dream Team, imaginé par Pierre-Simon Ntiruhungwa, aura lieu du 18 juin au 12 août à San Francisco [7].
Startup Dream Team
Crédits : Silicon Students
=> Blueseed
Cette idée, dans doute la plus extravagante, est née d'un constat : il est difficile de venir aux Etats-Unis pour entreprendre car la politique d'immigration du gouvernement américain est peu favorable aux entrepreneurs, tout du moins ceux en phase de démarrage. L'endroit le plus proche de la Silicon Valley qui échappe à cette législation est à 12 miles au large de la côte californienne, au sein des eaux internationales, pour lesquelles aucun visa n'est nécessaire. La solution est donc simple : aménager un paquebot en incubateur et l'installer exactement après ces 12 miles. [8]
Une solution de bateau pour le projet Blueseed
Crédits : Blueseed
Il serait alors possible pour les entrepreneurs de travailler sur le bateau (au pavillon des Bahamas) et de venir sous visa touristique (au maximum 180 jours par an) pour participer à des réunions sans recevoir de revenus.
Le projet n'était pas pris très au sérieux jusqu'à ce que Peter Thiel, co fondateur de PayPal et investisseur dans Facebook, Linkedin et Yelp, parraine le projet et décide d'organiser le premier tour de table d'investisseurs. L'objectif est de lever 500.000 dollars d'ici le second semestre de 2012 et ensuite de lever des fonds pour la construction ou l'aménagement du bateau (entre 10 et 30 millions de dollars) [9]. Le lancement est prévu pour fin 2013 ou début 2014.
Du point de vue des résidents, la solution sera pratique puisqu'elle résout le problème de visa mais est également économique. L'ensemble bureau et logement sont estimés à 1200 dollars par personne ; à titre comparatif un studio à San Francisco coûte au minimum 1500 dollars par mois et un bureau dans un incubateur 400 dollars par bureau et par mois. On retrouve en plus tous les ingrédients des incubateurs, qui feront de ce lieu un centre d'innovation, et toutes les infrastructures nécessaires pour avoir une qualité de vie agréable. Reste cependant à voir la réaction des autorités américaines, tout particulièrement de la police des frontières, à ce nouveau système.
Conclusion
Ces derniers exemples montrent bien que les entrepreneurs sont trèscréatifs sur les manières de travailler et que la Silicon Valley est en perpétuel mouvement. Au-delà des évènements fondateurs qui permettent les échanges et les rencontres, c'est un véritable écosystème dans lequel certains entrepreneurs peuvent s'immerger. Un écosystème vertueux, où ils peuvent rencontrer d'autres entrepreneurs passionnés par leurs projets et où ils puisent leur énergie pour continuer à entreprendre.
Il ne faut pas oublier que l'évaluation se fait sur des résultats tangibles. S'inspirer de ses pairs est une chose mais il faut aussi passer à la réalisation, ce qui peut prendre beaucoup de temps.. Avoir à portée de main et connaître des personnes qui peuvent donner des conseils est un plus non négligeable, qu'il faut savoir utiliser sans s'y perdre !. C'est à ce moment que l'écosystème prend tout son importance.
Le projet n'était pas pris très au sérieux jusqu'à ce que Peter Thiel, co fondateur de PayPal et investisseur dans Facebook, Linkedin et Yelp, parraine le projet et décide d'organiser le premier tour de table d'investisseurs. L'objectif est de lever 500.000 dollars d'ici le second semestre de 2012 et ensuite de lever des fonds pour la construction ou l'aménagement du bateau (entre 10 et 30 millions de dollars) [9]. Le lancement est prévu pour fin 2013 ou début 2014.
Du point de vue des résidents, la solution sera pratique puisqu'elle résout le problème de visa mais est également économique. L'ensemble bureau et logement sont estimés à 1200 dollars par personne ; à titre comparatif un studio à San Francisco coûte au minimum 1500 dollars par mois et un bureau dans un incubateur 400 dollars par bureau et par mois. On retrouve en plus tous les ingrédients des incubateurs, qui feront de ce lieu un centre d'innovation, et toutes les infrastructures nécessaires pour avoir une qualité de vie agréable. Reste cependant à voir la réaction des autorités américaines, tout particulièrement de la police des frontières, à ce nouveau système.
Conclusion
Ces derniers exemples montrent bien que les entrepreneurs sont trèscréatifs sur les manières de travailler et que la Silicon Valley est en perpétuel mouvement. Au-delà des évènements fondateurs qui permettent les échanges et les rencontres, c'est un véritable écosystème dans lequel certains entrepreneurs peuvent s'immerger. Un écosystème vertueux, où ils peuvent rencontrer d'autres entrepreneurs passionnés par leurs projets et où ils puisent leur énergie pour continuer à entreprendre.
Il ne faut pas oublier que l'évaluation se fait sur des résultats tangibles. S'inspirer de ses pairs est une chose mais il faut aussi passer à la réalisation, ce qui peut prendre beaucoup de temps.. Avoir à portée de main et connaître des personnes qui peuvent donner des conseils est un plus non négligeable, qu'il faut savoir utiliser sans s'y perdre !. C'est à ce moment que l'écosystème prend tout son importance.
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