lundi 16 mai 2011

L’urgence d’une réflexion collective sur le développement et l’aménagement du territoire tunisien

Cet article d'opinion part des événements qui ont été à l'orginie de la révolution du 14 janvier 2011 en Tunisie. Il en explique les causes profondes sur la base d'un "diagnostic territorial". On y lit notamment :

" ... la reconfiguration du territoire national opérée dans le contexte d’ouverture à l’économie mondiale a produit une contraction de l’espace économique dynamique. De ce fait, une dualisation prononcée du territoire opposant un secteur limité du littoral au reste du pays s’est substituée progressivement au déséquilibre littoral-intérieur. En effet, l’espace économique ouvert et dynamique obtenu se réduit désormais à un triangle à l’intérieur duquel Tunis a pu satelliser les petites et moyennes villes de la région du Nord-Est organisées en bassins d’emploi.  ..."

L'article pose par la suite la "question territoriale" comme matière à réflexion.

" ... les différents acteurs qui se réclament de la transition démocratique sont appelés à s’inscrire dans des logiques économiques adaptées au contexte et à engager le débat qui convient d’abord pour un redressement immédiat de l’économie et ensuite pour asseoir et affiner, patiemment, leur programme électoral et préparer d’éventuelles alliances politiques.
... Dans cette logique, le territoire ne devrait plus être seulement considéré comme un support à l’ouverture mais aussi l’objet d’une action volontaire de développement endogène équitable. ..."
Il apporte enfin quelques suggestions fort pertinentes :
"1- Définir, au plus tôt, les modalités d’une représentation régionale efficiente au sein des instances nationales élues :
2- Passer d’une politique compensatoire en faveur des régions et zones déprimées à la définition d’un contenu régional approprié au sein d’unités territoriales pertinentes d’intervention qu’on aura délimitées de manière consensuelle en vue d’améliorer la compétitivité et le vécu quotidien de toutes les régions (2).
3. Créer des outils (d’expert) pour aider les régions à l’anticipation et à la prospective régionales.
4. Fixer des objectifs de résultat pour les régions et élaborer des indicateurs significatifs pour mesurer les niveaux de réalisation et les bénéfices associés aux objectifs de résultat.
5. Procéder à un nouveau découpage du territoire en vue de créer des régions-programmes ou régions-plans à structure intergouvernorale dirigées par des conseils élus et mobiliser et coordonner les outils financiers qui leur seront dédiés.
6. Définir localement les zones d’action prioritaires et arrêter les mesures d’urgence dont elles doivent bénéficier.
7. Instaurer une authentique gouvernance collective négociée au niveau local et régional et prévoir des formes contractuelles («contrat de région»), engageant, aux côtés de l’Etat, tous les acteurs publics et privés locaux, régionaux et nationaux impliqués dans les grands projets collaboratifs de développement, d’équipement et d’aménagement du territoire et créer des synergies entre PME régionales susceptibles d’avoir des retombées significatives sur l’emploi régional.
8. Elaborer une loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire définis comme une politique d’intérêt général fondée sur les objectifs suivants :
- La consolidation de l’unité nationale et le développement de chaînes de solidarité sociospatiales.
- La préparation des régions et des positions les plus dynamiques à capter les flux internationaux et à participer à la compétition mondiale.
- La lutte contre les inégalités générées par la localisation géographique en respectant le principe de l’égalité des chances et d’accès aux services publics collectifs.
- L’incitation du secteur soumis au droit privé à concourir au développement du territoire et à atténuer l’effet des handicaps territoriaux.
- La préservation des ressources naturelles et du patrimoine historique par la lutte contre le gaspillage, par la protection de l’environnement et par la sauvegarde et l’animation des sites archéologiques.
... "

Auteur : Habib DALA, Professeur de géographie à l’Université de Tunis
La Presse 11.04.2011

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