lundi 27 juin 2011

Israël: le service militaire prépare les futurs ingénieurs

Passage obligé pour les jeunes Israéliens, le service militaire leur permet aussi d'accéder à des technologies très en pointe, une formation dont raffolent universités et recruteurs pour leurs applications civiles et qui propulse la carrière des jeunes ingénieurs.

«Le service militaire est un facteur clé du miracle économique israélien. Les jeunes apprennent beaucoup à l'armée en termes de leadership et d'improvisation, ils savent comment arriver à leurs fins, par n'importe quel moyen», affirme Saül Singer, ex-éditorialiste du quotidien anglophone Jerusalem Post et auteur du best-seller A Start-up nation consacré à Israël.

«L'armée a un véritable impact culturel. Elle apporte certaines valeurs et c'est une étape dans la vie au même titre que l'école ou le travail», souligne M. Singer.

«Tout cela est lié à l'histoire de ce pays», résume Nicole Guedj, la présidente de la Fondation France-Israël, qui cherche à développer les partenariats entre les deux pays, notamment entre jeunes chercheurs.
Selon l'ancienne ministre, «Israël n'a pas d'autre choix que l'excellence. Il est entouré de pays plus ou moins hostiles et il doit se surpasser pour exister économiquement et pour être dissuasif militairement».

Pendant leur service militaire obligatoire --trois ans pour les garçons, deux pour les filles, le plus souvent avant l'université--, les Israéliens sont en contact avec des systèmes extrêmement sophistiqués en matière de sécurité et de technologie.

Mais ces systèmes «ont aussi des débouchés civils: l'armée forme ainsi une main-d'oeuvre très compétente», remarque David Kadouch, chef de produit pour Google Israël.

«L'armée apporte beaucoup de maturité et les jeunes sont ensuite vraiment motivés pour étudier et réussir: ils en ont tellement bavé dans l'armée! C'est un peu le secret», renchérit Yoëlle Maarek, présidente de Yahoo! Research Israël.

Sur le campus du Technion à Haïfa (nord du pays) --la plus ancienne université d'Israël ainsi que le centre de recherche le plus réputé du pays en sciences et technologies--, il existe même un département entièrement voué aux relations avec Tsahal (l'armée israélienne).

«Nous avons des rapports constants et très forts avec l'armée», confirme le professeur Ilan Marek, de la faculté de chimie de l'institut Technion.

«Il y a deux mois, des responsables de l'armée sont venus exposer leurs besoins, que ce soit en chimie, en biologie ou encore en physique, aux professeurs du Technion. Ce sont des problèmes très pointus et ils cherchent notre aide pour des collaborations», témoigne l'universitaire.

«On ne dit pas qu'on est meilleur que les autres. C'est simplement qu'un échec n'est jamais négatif et que nous avons une persévérance et une attitude particulière face à l'échec», explique Ilan Marek.

«Je suis arrivé de France après mon bac il y a onze ans. Au début, je voulais seulement passer une année en Israël, mais j'ai fini par faire mes trois ans de service militaire, dans une unité combattante, et cela a joué un rôle déterminant pour la suite», raconte Alex Lellouche, un étudiant de 29 ans.

«Dans les moments de doute ou de crise pendant mes études, je me disais que si j'avais pu marcher 60 kilomètres en une nuit, je pouvais triompher de tout et de n'importe quoi. Je n'ai pas attrapé le côté "guerrier" de l'armée, mais plutôt cette volonté qui fait que quand tu as envie de quelque chose, tu peux l'avoir», assure cet étudiant en nanotechnologies.

L'État d'Israël «est aussi un pays d'immigrants. Ceux qui montent en Israël souhaitent faire partie d'Israël. Et, en retour, Israël veut les intégrer. L'immigration est cruciale pour un pays s'il sait l'absorber», plaide Saül Singer, pour qui Israël «est lui-même une start-up».

Katia DOLMADJIAN
Agence France-Presse

Publié le 26 juin 2011 à 10h37 dans cyberpresse.ca



 

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