samedi 24 septembre 2011

Belgique : Les facultés de médecine étouffent sous le poids des étudiants


Alors que l’on annonce des changements dans les système de garde des médecins, les auditoires eux ne désemplissent pas. A l'université les inscriptions se clôturent le 30 septembre et déjà dans la plupart des facultés de médecine, on compte plus d'inscriptions que l'année dernière à la même date. Cet engouement s'accentue depuis plusieurs années déjà et pose pas mal de problèmes pratiques. Entre l'idéal de la liberté d'accès aux études et les limites matérielles, que faire face au flot d'étudiants? Reportage.


En entrant dans l’auditoire du cour de chimie de la première année de médecine à l’UCL, le constat est clair : l’auditoire est plein et les étudiants ne sont pourtant pas tous dans la salle. Car pour faire face à cet afflux, le même cours doit être donné trois fois.

Consultés sur ce point, les étudiants sont unanimes : ils sont trop nombreux. Pour parer ce flot incessant, des professeurs retraités ont été appelés bénévolement à la rescousse. Par ailleurs, les autorités académiques savent déjà qu’elles ne disposent pas d'assez de locaux pour les prochains travaux pratiques. Conséquence, "c’est dommage, mais ils en feront moins. De plus nous ne disposons pas assez de personnes qualifiées pour les encadrer", explique le responsable de l’organisation des cours de première année.

Entre 2004 et 2010, le nombre d’inscriptions a plus que doublé dans les facultés de médecine. Ils étaient plus de 2500 inscrits en première année en 2010. Pratiquement, l'ULB il a déjà dû trouver un nouvel auditoire plus grand.

L'engouement dépasse largement les frontières de la Communauté française
Les candidats venus de l’étranger et particulièrement de France sont nombreux : "je suis parisienne et je suis venue en Belgique car ici, il n’y a pas de concours de médecine", nous dit une étudiante qui est loin d’être la seule dans le cas. Sur ce point, flamands et francophones sont également divisés : la Flandre impose elle aussi sa sélection et son examen d'entrée. En n’imposant aucune limite d'inscription, et en n’imposant pas d'épreuve de sélection, la communauté française fait figure d'exception.

Jean-Claude Marcourt reproche l’ultralibéralisme de l’Europe
Pour le ministre de l'enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt, on peut envisager un quota pour les étudiants qui ne résident pas en Belgique, mais il n’est pas question de faire passer un test de sélection. "L’Europe est ultralibérale et elle ne me plait pas en cela. La vision qu’elle a en matière d’éducation l’est également dans la mesure où la sélection par l’argent et par le concours est une forme de réponse aux étudiants. C’est une injustice sociale flagrante", conclut-il.

L’objectif du ministre : donner une chance à chacun. Il projette néanmoins de réformer les études de médecine en instaurant un test obligatoire non contraignant et donc non sélectif, mais aussi davantage de remédiation et une épreuve obligatoire en janvier suivie d'un entretien d'orientation en cas d'échec.

Réaction du doyen de la faculté de médecine de l’UCL, Francis Zech : "l’intention est merveilleuse, mais il s’agit ici d’une question de moyens".

Des cours filmés donnés en simultané
Même la quatrième année déborde à l’UCL ; l’auditoire n’est plus assez grand et pour la première fois, le cours est filmé et retransmis simultanément dans l’auditoire d’à côté. "Nous, on a eu la chance de commencer nos études l’année où ils ont supprimé le numérus clausus", nous dit une étudiante de quatrième.

Les doyens tirent la sonnette d’alarme
"Comment fera-t-on pour les futures générations ?", se demande Francis Zech, "il faut pouvoir leur montrer des patients et les accompagner durant les stages. Nous craignons que la qualité de l’enseignement diminue", conclut-il. Pour les universités, les trois millions d'aide du ministre ne résoudront pas tout.

Et la situation semble d'autant plus absurde qu'après 7 ans d'études, les jeunes seront confrontés à un numérus clausus qui lui n'a pas augmenté, malgré la pénurie de médecins constatée en Belgique. "Avec le nombre d’étudiants qui sont entrés l’année passée, nous allons en diplômer en Communauté française, deux fois plus en 2016 que le nombre d’attestations fédérales auxquelles nous avons droit", explique Yvon Englert, le doyen de la faculté de médecine de l’ULB. Pour lui, laisser tout le monde s’inscrire pour leur annoncer à la sortie qu’ils ne pourront pas pratiquer en Belgique est insensé.

L'année prochaine, les études seront raccourcies et passeront de sept à six ans. Les facultés de médecine craignent déjà une nouvel appel d'air.

I.L. avec Sylvia Falcinelli


vendredi 23 septembre 2011 à 12h48

http://www.rtbf.be/info/societe/detail_les-facultes-de-medecine-etouffent-sous-le-poids-des-etudiants?id=6800113

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