samedi 24 septembre 2011

Comment lutter contre "l'entreprisophobie"

Le monde du travail est devenu une source d'angoisse, notamment pour la nouvelle génération de jeunes qui peinent aujourd'hui à s'insérer dans la vie active. Quelques pistes pour changer la donne...


Derrière le mot « entreprise », surgit le mot « travail ». Se pencher un instant sur son origine sémantique et historique permet de comprendre et apporte un éclairage sur sa perception négative, celle du labeur associé à l’expérience de la contrainte et de la domination.

Apparu vers 1130, le mot « travail » vient du verbe « travailler », du latin populaire « tripaliare », qui signifie « tourmenter, torturer avec le tripalium », le tripalium étant un instrument de supplice ! Dans la culture occidentale judéo-chrétienne, où la souffrance et le châtiment ont toute leur place, le travail est rarement associé à la notion de plaisir, d’où le proverbe originel « toute peine mérite salaire ».

A cette perception historique et collective, s’ajoute le contexte actuel de la crise économique qui, en matière d’emploi, s’avère finalement structurelle. Le plein emploi et sa facilité d’accès ne sont, pour la jeunesse née dans les années 1980 et 90, que des concepts révolus appartenant au passé. Chômage et précarité sont tout à la fois le ferment de leur crainte tout autant que leur expérience. L’entreprise est aussi associée à des termes qui ne rassurent pas vraiment - restructuration, délocalisation, stress et performance, souffrance au travail - et finalement à un univers destructeur et anxiogène.

Alors, comment améliorer l’image de l’entreprise auprès des jeunes ? Montrer que, loin du pensum négatif entourant le monde du travail, l’entreprise apporte une reconnaissance (matérielle, statutaire…), une promotion sociale et qu’elle a à cœur d’intégrer les jeunes en son sein ? Parallèlement, comment les entreprises peuvent et doivent-elles mettre en place des dispositifs d’accueil, d’insertion et d’intégration des jeunes dans l’entreprise ?

De multiples solutions émergent aujourd’hui, portées par des collectifs ou des associations. Outre leur fonction de proposition et de contributeurs d’idées, ils jouent le rôle essentiel de passerelle entre les pouvoirs publics, le Pôle Emploi et ses missions locales, l’Éducation nationale et les directions des ressources humaines des entreprises.

Une meilleure connaissance de l’entreprise, ses métiers et ses codes, passe tout d’abord par une éducation pratique dès l’enseignement secondaire. Afin d’avoir une meilleure appréhension du marché de l’emploi, nous proposons que des professionnels – issus des chambre de commerce et d’industrie ou bien des services des ressources humaines des sociétés – interviennent en lycées généraux et professionnels pour délivrer des cours sur le marché de l’emploi, les métiers et compétences par filières et correspondant aux besoins réels des entreprises. Autre proposition : la création au niveau de l’enseignement supérieur d’un service public de l’orientation et de l’insertion professionnelle par l’affectation hebdomadaire de conseillers de l’APEC au sein des BAIP, (les Bureaux d’Aide à l’Insertion Professionnelle). Détachés lors d’une à plusieurs permanence par semaine au sein des facultés, ces conseillers effectueraient un suivi personnalisé ainsi qu’un conseil en orientation et en emploi des étudiants volontaires.

Quant à l’intégration progressive et personnalisée et évaluée des jeunes dans l’entreprise, le mentorat constitue une piste intéressante à développer. Il permet à des jeunes d’être coachés et suivis par des seniors et/ou des salariés expérimentés. La généralisation de l’apprentissage dans les formations professionnelles de l’enseignement secondaire, notamment professionnel, et la valorisation de la licence comme véritable formation permettant l’accès à l’emploi via la généralisation de l’alternance (actions conjointes : Ministère de l’enseignement supérieur, Chambres de commerce, Medef/CGPME) constitue une autre voie à explorer.

Chérif Sy

Publié le 23 septembre 2011

http://www.atlantico.fr/decryptage/jeunes-monde-entreprise-travail-souffrance-188431.html

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