samedi 14 mai 2011

La rénovation de la licence au cœur des débats

La CPU (Conférence des présidents d’université) s’est réunie à Toulouse du 11 au 13 mai 2011 pour son colloque annuel. Sur le thème "Une ambition pour la licence", la première journée de débats a notamment abordé la question de l’innovation pédagogique en premier cycle.

"Les établissements n’utilisent pas encore à plein les potentialités du LMD" (JP Korolitski)
Jean-Pierre Korolitski, inspecteur général, tout en expliquant les bienfaits de la mise en place du LMD (licence-master-docotrat), a estimé qu’il fallait aller encore plus loin. "Les établissements n’utilisent pas encore à plein les potentialités du LMD pour diversifier encore plus les formations et s’adapter à des publics différents", a-t-il déclaré. ... Il considère qu’il faut associer et motiver les enseignants comme les établissements dans cet effort d’innovation. Une façon de responsabiliser les universités serait, selon l’inspecteur général, d’en finir avec les habilitations périodiques de la licence. "Peut-on imaginer réellement qu’une université ne soit pas habilitée à délivrer une licence ?", a-t-il interrogé. Passer d’un système d’habilitation a posteriori serait une façon de "leur faire confiance et de les responsabiliser pour leur permettre d’innover plus".

Éclairage international

Andrée Sursock, senior adviser à l’EUA (Association des universités européennes), a ... souligné l’importance du rôle des enseignants-chercheurs. "Les universités étrangères les plus innovantes sont celles qui disposent d’un service universitaire de pédagogie solide", offrant des ressources documentaires, expertise ou possibilités de formation aux professeurs.
Expliquant que le repérage des bons enseignants passait par l’évaluation, la représentante de l’EUA est revenue sur la réticence des universitaires françaises en la matière. "Plutôt que de parler d’évaluation des enseignants, on préfère parler chez vous d’évaluation des enseignements", a-t-elle pointé.

Des licences « à exigences renforcées »

Jean-Pierre Korolitski a défendu l’idée de "licences à exigences renforcées" destinées à attirer les "très bons bacheliers et à rehausser l’image de l’université".

Absence d’équipe pédagogique

"En France, la notion d’équipe pédagogique est inexistante à l’université", a relevé Gilles Raby, président du comité de suivi de la licence et de la licence professionnelle. Il a cité l’exemple de l’université de Lausanne qui a créé un fonds d’innovation pédagogique. "Et pourquoi ne pas imaginer un appel national à projets, piloté par une agence nationale de la pédagogie sur le modèle de l’ANR [Agence nationale de la recherche] ?".
Autre proposition de Gilles Raby : prendre en compte l’activité de formation dans l’avancée des carrières et dans le passage du statut de maître de conférences à celui de professeur. Pas sûr que cette proposition soit de nature à faire avancer les choses. Car, à entendre les remarques du public, il semble bien que la question de la pédagogie dans l’enseignement supérieur soit encore un gros mot. Comme l’a bien résumé une représentante du SGEN CFDT, "en France, le terme de pédagogie est réservé à l’enseignement primaire".

Mathieu Oui
13.05.11

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