Le journaliste s'est exprimé sur les révolutions dans le monde arabe, accompagné de Jean-Yves Autexier, ancien sénateur.
Antoine Sfeir était invité, samedi, à l'Université d'été de la section régionale du
Mouvement Républicain et Citoyen, le parti de Jean-Pierre Chevènement, à Wimille. Le directeur des « Cahiers de l'Orient » fut convié à s'exprimer sur le thème du « Printemps arabe ». L'occasion pour lui de s'attarder sur le rôle des médias à l'égard des révolutions tunisienne, égyptienne, libyenne et syrienne.
- Maintenant que Ben Ali a quitté le pouvoir (le 14 janvier), quel est votre point de vue sur ce qui s'est déroulé en Tunisie ?
« Aujourd'hui, je reconnais que je me suis trompé sur le sort de la Tunisie. Avant le début de ce qu'on a appelé "la révolte du Jasmin", je n'avais pas compris la grossièreté de la corruption qui s'y déroulait. J'ai soutenu les progrès que Ben Ali avait, à mon sens, permis en termes d'enseignement supérieur ou d'égalité hommes-femmes. Comparativement aux autres pays du monde arabe, j'attendais la révolution ailleurs. »
- Maintenant que les dictatures tombent, que doit-on attendre de l'après ?
« Si le processus démocratique avance ainsi que le pluralisme politique, le taux de popularité des islamistes va automatiquement baisser. À mon sens il ne faut pas craindre l'arrivée au pouvoir d'islamistes, qui ont fait leur beurre blanc avec les dictatures. »
- Alors que le printemps arabe n'est pas terminé, pourquoi est-il important d'organiser des conférences à ce sujet ?
« Cette expression englobante me dérange car elle ne recoupe pas la diversité des situations en Tunisie, Libye, Égypte ou Syrie. Mais j'ai accepté l'invitation du MRC pour transmettre des explications sur ces sujets d'actualité, autant que des doutes. En général, nous ne sommes pas informés parce que surinformés ou mal informés. Ici notamment, je prends le temps d'être plus pédagogue. Ce qui est le rôle des médias, face à l'afflux des blogs sur Internet.
Ces outils d'expression ont leur raison d'être mais se résument à des opinions. On ne peut pas s'autoproclamer journaliste ! »
- Que manque-t-il aux journalistes justement pour couvrir ce genre d'événements ?
« Ceux qui le sont doivent, eux, prendre davantage de recul. Aux journalistes de ma revue, je leur dis d'écrire ce qu'ils veulent, à condition d'étayer leurs propos, de ne pas être uniquement polémique et d'apporter quelque chose au débat. Malheureusement, dans un pays où 80 % de la presse quotidienne appartient à deux marchands d'armes, une information en chasse l'autre pour des questions de rendement. » •
PROPOS RECUEILLIS PAR CLARA BAILLOT
mardi 30.08.2011, 05:06- La Voix du Nord
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Boulogne_sur_Mer/actualite/Secteur_Boulogne_sur_Mer/2011/08/30/article_antoine-sfeir-je-cherche-a-transmettre.shtml
- Maintenant que Ben Ali a quitté le pouvoir (le 14 janvier), quel est votre point de vue sur ce qui s'est déroulé en Tunisie ?
« Aujourd'hui, je reconnais que je me suis trompé sur le sort de la Tunisie. Avant le début de ce qu'on a appelé "la révolte du Jasmin", je n'avais pas compris la grossièreté de la corruption qui s'y déroulait. J'ai soutenu les progrès que Ben Ali avait, à mon sens, permis en termes d'enseignement supérieur ou d'égalité hommes-femmes. Comparativement aux autres pays du monde arabe, j'attendais la révolution ailleurs. »
- Maintenant que les dictatures tombent, que doit-on attendre de l'après ?
« Si le processus démocratique avance ainsi que le pluralisme politique, le taux de popularité des islamistes va automatiquement baisser. À mon sens il ne faut pas craindre l'arrivée au pouvoir d'islamistes, qui ont fait leur beurre blanc avec les dictatures. »
- Alors que le printemps arabe n'est pas terminé, pourquoi est-il important d'organiser des conférences à ce sujet ?
« Cette expression englobante me dérange car elle ne recoupe pas la diversité des situations en Tunisie, Libye, Égypte ou Syrie. Mais j'ai accepté l'invitation du MRC pour transmettre des explications sur ces sujets d'actualité, autant que des doutes. En général, nous ne sommes pas informés parce que surinformés ou mal informés. Ici notamment, je prends le temps d'être plus pédagogue. Ce qui est le rôle des médias, face à l'afflux des blogs sur Internet.
Ces outils d'expression ont leur raison d'être mais se résument à des opinions. On ne peut pas s'autoproclamer journaliste ! »
- Que manque-t-il aux journalistes justement pour couvrir ce genre d'événements ?
« Ceux qui le sont doivent, eux, prendre davantage de recul. Aux journalistes de ma revue, je leur dis d'écrire ce qu'ils veulent, à condition d'étayer leurs propos, de ne pas être uniquement polémique et d'apporter quelque chose au débat. Malheureusement, dans un pays où 80 % de la presse quotidienne appartient à deux marchands d'armes, une information en chasse l'autre pour des questions de rendement. » •
PROPOS RECUEILLIS PAR CLARA BAILLOT
mardi 30.08.2011, 05:06- La Voix du Nord
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Boulogne_sur_Mer/actualite/Secteur_Boulogne_sur_Mer/2011/08/30/article_antoine-sfeir-je-cherche-a-transmettre.shtml
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