Les examens de passage ont-ils encore la cote? Peut-on imaginer, comme dans d’autres pays européens, de les supprimer purement et simplement? L’idée fait son chemin… doucement. Notons déjà que la « 2e sess » n’est pas obligatoire dans l’enseignement secondaire. Dans le réseau organisé par la Communauté française, une circulaire l’impose. Mais dans les autres réseaux, de nombreuses écoles ont fait le pari de s’en passer. Ce choix appartient soit au P.O. soit à l’école qui doit le préciser dans son règlement des études. Dans le libre, la seconde session perd chaque année du terrain…
Le débat continue cependant de diviser. Faut-il supprimer les examens de passage? Le journal Le Soir a interrogé un enseignant employé par la ville de Bruxelles – et qui souhaite garder l’anonymat, dans la mesure où son P.O. testera, l’an prochain, la suppression de la seconde sess’ dans deux de ses écoles. Pour lui, la réponse est « non ».
Êtes-vous pour ou contre les examens de passage ?
Je ne suis pas pour les examens de passage mais pour un système qui permette, in fine, de dire si un élève donne satisfaction. Peu m’importe le moyen.
Et on n’a jusqu’ici rien inventé de mieux que les examens de passage…
Malheureusement non. Comment savoir si un élève qui, au bout d’une année, ne donne pas satisfaction dans une matière, donnera satisfaction l’année suivante, sans nouvel examen ? L’examen de passage est en fait un examen de repêchage. Faire doubler ne se fait jamais de gaieté de cœur. Mais ne pas le faire, c’est refuser d’amputer la main d’un patient qui souffre de gangrène par peur de lui faire mal. Une semaine après, c’est le bras qu’on coupe.
« Jusqu’où on va diminuer le niveau d’exigence ? »
Supprimer les examens de passage équivaudrait à ne pas rendre service ?
J’en suis persuadé. Chaque fois qu’on a laissé passer un gosse qui ne devait pas, ça a été la bérézina. C’est comme les inscriptions. Cela fait deux ans qu’on laisse s’inscrire n’importe qui partout. Que voit-on ? Que le nombre d’échecs est en forte augmentation dans certaines écoles réputées exigeantes. Que va-t-on faire avec ces malheureux ? Les élèves ont les cours de base, parfois les sessions de rattrapages, des cours de rattrapage et des formations pendant les vacances. Malgré cela, ils arrivent misérablement à 47 %. Jusqu’où on va diminuer le niveau d’exigence ? Que fera un gosse qui aura eu l’habitude de réussir son année sans devoir donner satisfaction quand il arrivera à l’unif ou commencera à travailler ?
Beaucoup de pays ont abandonné le système d’examens de passage…
D’accord. Mais est-ce qu’on paie les profs belges comme les profs danois ? Bénéficie-t-on des mêmes conditions de travail ? On ne parle jamais non plus de l’homogénéité de la population scolaire qu’on y pratique. C’est tabou. Ni que le chef d’établissement, au Danemark, peut décider d’une orientation pour l’élève. Chez nous, les parents refusent d’entendre les conseils qu’on donne.
Il y aurait trop d’évaluations…
Quand on a 5 travaux, on a plus de chance de réussite que si on en a qu’un. Le plus simple, avec l’examen de passage, c’est de ne pas en avoir. Si on ne veut pas avoir de trou au contrôle technique, il faut entretenir sa voiture. Et quand on demande d’allumer les phares, il faut le faire. Aujourd’hui, de plus en plus de gosses arrivent les phares éteints et ça passe. Pourquoi un prof se fatiguerait à faire un cours, des questions d’examens et des corrections pertinents si on dit à la fin à l’élève : « Mon petit Loulou, tu n’as pas donné satisfaction mais on va te laisser passer. »1
Le Soir – 12.08.11
http://www.enseignons.be/actualites/2011/08/17/renoncer-examens-passage-2/
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